Les bouches d’égout ont rejeté hier un torrent de détritus dans des avenues de Rose-Hill. La crainte des habitants : que ce calvaire se réitère à chaque averse, et que perdure la puanteur.
Dans l’impasse qui mène au domicile des Caunhye, à Rose-Hill, une odeur pestilentielle émane des flaques d’eau boueuse jonchant l’allée. Un supplice olfactif pour quiconque s’y aventure en cette matinée ensoleillée. Hier, des résidus putrides se sont échappés des bouches d’égout après une importante averse.
Une puanteur nauséeuse a depuis envahi certaines rues. « Ti ena delo malprop partou! Nou ti pe mars dan malpropte », relate Sakinah Caunhye, une mère de famille, en empruntant péniblement cette allée.
Des débordements similaires avaient eu lieu le 28 octobre. Un tuyau de tout-à-l’égout à La Place Margéot avait été endommagé, et les eaux usées avaient affecté quelques commerces et maisons. « Nous pensions que c’était un accident, que ça n’arriverait plus ». Mais hier, pour les habitants de la localité, c’était le « choc », comme l’indique Sakinah Caunhye. « Premye fwa mo trouv enn plak menol sote devan mwa ».
Psychose.
Vers 10h, quelques habitants désemparés se concertent dans la rue Sir Virgil Naz pour déterminer comment faire face à ce nouveau problème qui se pose à eux. A l’ atmosphère pesante et lourde s’ajoute un sentiment de révolte. Le visage de leur ville a été totalement défiguré en quelques mois. La raison principale : des inconvénients engendrés par les travaux de métro express de Larsen and Toubro.
Entre problème de distribution d’eau récurrent, pollution sonore et embouteillages, les habitants se sentent délaissés. « Nous ne remettons pas en cause les travaux du métro express. Mais cette situation est devenue récurrente. Nous vivons dans une psychose », confie un jeune homme de la localité.
« Psychose ». Le mot revient en leitmotiv dans les récits des habitants. « Cette situation nous hante! ».
Invivable.
Les eaux usées ont envahi en quelques minutes hier la cour d’Atchia Mohamed Ally, un quinquagénaire. Ce dernier est resté coincé en son domicile durant quatre heures, attendant que le niveau de l’eau baisse. « La situation est invivable », dénonce-t-il. « Cela fait 15 jours que nous subissons une odeur insupportable. Personne n’est en mesure de nous expliquer ce qui arrive réellement ».
Un autre couple de personnes âgées, ayant sous leur responsabilité une tante malade, a cru au pire. « Si la pluie ne s’était pas arrêtée, l’eau aurait inondé notre maison. Nous sommes restés bloqués à l’intérieur. Nanye pa finn kapav fer », relate Rehanna, l’époux.
En raison de tous ces désagréments, les habitants rencontrés souhaitent à l’unanimité être « relogés », disent-ils, le temps que les autorités compétentes « trouvent une solution à (notre) problème ».
Car une question les tourmente sans relâche en cette saison de cyclones et de pluies : « Que se passera-t-il quand il recommencera à pleuvoir des cordes? »