Quatre réfugiés parmi les dix familles qui occupent toujours le centre communautaire de Saint-Malo, Baie-du-Tombeau, ont entamé une grève de la faim depuis lundi. Ils réclament le droit au logement. Ils disent avoir fait une demande pour une maison de la NHDC depuis 10 à 20 ans. Ils réclament également que le paiement du dépôt soit étalé en plusieurs tranches.
Hier, un des grévistes, Douglas Baya, a été conduit d’urgence à l’hôpital par le Samu. Contre l’avis du médecin, celui-ci a quitté l’hôpital pour reprendre sa grève de la faim. Il se dit déterminé à aller jusqu’au bout dans cette action. « Nous sommes au bout du rouleau. Nous avons tellement attendu pour avoir une maison. Personne ne se soucie de notre situation », dit-il.
Cela fait 15 jours que dix autres familles et lui vivent au centre communautaire de Saint-Malo, à Baie-du-Tombeau. Ils ne peuvent rentrer chez eux car ils habitaient dans la région dite « bord canal », où l’eau est montée plusieurs fois. « Les murs sont en train de craquer. D’autres ont été priés de ne pas revenir par le propriétaire. Une femme a failli se noyer en deux occasions et a dû être secourue par la SMF. » Ce dernier, qui dit être un sinistré du cyclone Hollanda, qui a frappé l’île en 1995, attend depuis une maison de la NHDC. « Cela fait 22 ans que j’ai fait une “application” et j’attends toujours. Où est la méritocratie ? » Il lance aussi un appel pour que le gouvernement étende le dépôt pour les maisons NHDC en plusieurs tranches pour ceux qui sont dans des situations d’urgence. « Nous sommes déjà dans une situation de détresse, où allons-nous trouver Rs 60 000 ou Rs 80 000 pour verser à la NHDC ? En revanche, nous sommes disposés à payer une mensualité. Nous ne demandons rien en cadeau et encore moins de l’argent au gouvernement. Nous voulons des facilités de paiement, étant donné que nous sommes dans une situation d’urgence. »
Rajespedee Cundasamy, mère de famille, est dans la même situation. Elle aussi est une sinistrée d’Hollanda. Elle affirme avoir déjà reçu des offres de la NHDC, mais comme elle est seule à élever ses enfants, elle est dans l’incapacité de trouver la somme demandée. « Après Hollanda, les inspecteurs sont passés. J’avais alors un bébé de cinq mois. On m’a dit d’aller habiter chez un parent en attendant d’avoir une maison, mais à ce jour j’attends encore. »
Les sinistrés disent se sentir abandonnés. « À part le ministre Soodesh Callichurn » qui, disent-ils, « a fait de son mieux » pour les aider, personne n’est venu les voir. « Mais comme le logement ne tombe pas sous ses responsabilités, il ne peut en faire plus. Par ailleurs, nous avons lancé un avis de recherche pour nos deux autres députés, Sanjeev Teeluckdharry et Sharvanand Ramkaun, que nous n’avons pas vu dans la circonscription depuis les élections. »
Anne-Joyce Casimir Pasnin dit elle aussi attendre une maison de la NHDC depuis 16 ans. Elle affirme avoir déjà reçu une offre de la NHDC, mais étant mère célibataire, il lui est impossible de trouver la somme demandée. « J’essaie d’économiser, mais je n’arrive pas à atteindre cette somme. La plupart du temps, je travaille le matin pour manger le soir. »
Ces sinistrés de Saint-Malo, Baie-du-Tombeau, sont encadrés par Jean Maurice Jean-Pierre, du mouvement Habitat Concern. Il rappelle que logement est un droit inscrit dans la charte des droits humains. « La NHDC existe avec l’argent des contribuables. Les maisons doivent revenir à ceux qui le méritent. La priorité devrait être le logement social. »
Les trois autres personnes en grève en compagnie de Douglas Baya sont Rajespedee Cundasamy, Jean-Marie Baptiste et Tony Armance. Une grande mobilisation, regroupant d’autres personnes en attente d’une maison depuis longtemps, est prévue vendredi au centre communautaire de Saint-Malo.