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(Syndicat des sucres) Assemblée générale : L’alignement du prix de la bagasse sur celui de l’huile lourde réclamé

La résilience de l’industrie sucrière et son importance pour l’autosuffisance soulignées

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Keeshore Gungah élu à la présidence du Syndicat des Sucres

Le président sortant du Syndicat des Sucres, Nicolas Maigrot, a réclamé hier que le prix de la bagasse soit aligné sur celui de l’huile lourde utilisée par le CEB. C’était hier à l’assemblée générale du Syndicat des sucres, qui a élu Keeshore Gungah à la présidence pour la prochaine année.

Nicolas Maigrot a déclaré que la pandémie de COVID-19, marquée par la fermeture des frontières à Maurice et dans plusieurs pays, ainsi que le confinement ont mis en exergue la résilience de l’industrie sucrière et son importance pour l’autosuffisance du pays, non seulement alimentaire, mais aussi pour la production énergétique. « It is far from being a sunset industry as some people might have perceived », a-t-il lancé, en soulignant l’importance de soutenir ce secteur, dont le transport, le fret maritime, l’engrais, etc.
Pour le président sortant, la contribution de la canne à la protection de l’environnement doit être soulignée avec force. « En plus d’être le convertisseur le plus efficace de biomasse en énergie, la canne à sucre empêche l’érosion des sols, protégeant ainsi nos cours d’eau et lagunes. De plus, elle possède d’excellentes propriétés de capture du carbone », a-t-il dit, avant de souligner l’urgence de restaurer la valeur économique appropriée de la bagasse pour toutes les catégories de producteurs afin d’assurer leur viabilité face à un marché du sucre volatile.

« Nous pensons qu’en promouvant cette source d’énergie verte, sa valeur ne peut être comparée au charbon, comme Nodalis l’a proposé dans sa récente étude sur la stratégie de bioélectricité pour Maurice, mais devrait plutôt être comparée à l’huile lourde utilisée par le CEB dans ses centrales thermiques. Nous espérons que ces réformes tant attendues seront abordées par les consultants de la Banque mondiale et nous comptons sur un soutien pour la mise en œuvre rapide des recommandations pertinentes », dit-il. Et de poursuivre : « Après avoir souffert pendant plus de 10 ans d’une baisse des revenus, qui a abouti à un abandon massif de la plantation de canne à sucre, nous avons actuellement une toute dernière chance de prendre les décisions nécessaires pour offrir un nouveau départ à l’industrie sucrière. »

Pour les quatre prochaines années, l’objectif déclaré est de produire 180 000 tonnes de sucres spéciaux annuellement. Ce qui a amené la fermeture de deux raffineries d’Alteo et de Terra. Pour des raisons économiques, toutes les cargaisons de sucre à être raffinés seront ainsi canalisées vers Omnicane.

Dans son discours, lu par le secrétaire permanent du ministère de l’Agro-industrie, Maneesh Gobin dit reconnaître que le sucre, au cours de ces deux dernières décennies, a été à son niveau le plus bas, alors que les coûts de production pendant cette même période n’ont cessé d’augmenter année après année, avec pour conséquence un impact direct sur la profitabilité et la viabilité de l’industrie cannière dans son ensemble. Les petits et moyens planteurs ainsi que les métayers constituent le groupe le plus vulnérable.

Il a aussi souligné les difficultés rencontrées par l’industrie sucrière durant la pandémie de même que les autres obstacles à être surmontés. C’est pourquoi, en dépit des difficultés économiques actuelles, le gouvernement a décidé de maintenir le prix garanti du sucre à Rs 25 000 la tonne pour les premières 60 tonnes de sucre produites par les planteurs. De plus, les planteurs produisant moins de 60 tonnes de sucre sont exemptés du paiement de la prime d’assurance du SIFB. Le gouvernement a en outre alloué Rs 15 M à la MCIA pour l’achat d’une moissonneuse destinée aux petits planteurs sur une base pilote.
Une Centralised Digital Land Bank, soit une banque des terres agricoles de l’État et des propriétaires individuels, sera en outre créée et rendue accessible au public. Le gouvernement attend le rapport final de la Banque mondiale, qui sera soumis d’ici novembre prochain.

Pour le gouvernement, l’industrie cannière « n’est pas concernée uniquement par la production de sucre, et son apport au pays et à l’économie est considérable du point de vue énergétique et environnemental ». Et d’expliquer que l’objectif est que l’industrie puisse produire la masse critique de canne annuellement pour pouvoir permettre l’activité industrielle au niveau des usines, centrales électriques et raffineries. Pour atteindre cet objectif, il est impératif de garder quelque 50 000 hectares ou plus de terres sous culture de canne.

Sur le volet énergétique, le ministère de l’Agro-Industrie se dit conscient de l’attente des planteurs sur la revalorisation du prix de la bagasse en prenant en compte sa valeur énergétique à celle du charbon. Le ministère et la MCIA sont en attente des recommandations par rapport aux tarifs qui seront appliqués pour les différentes biomasses.
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Chute de 40% des prix en huit semaines

Pour le CEO du Syndicat des sucres, Devesh Dhukira, la pandémie de COVID-19 et le confinement, qui a duré des mois dans certains pays, ont affecté sérieusement non seulement l’offre, mais également la demande globale. La baisse du prix des produits pétroliers a eu un effet sur le commerce de l’éthanol au Brésil, forçant les producteurs à revenir à la production sucrière.

Ajouter à cela, dit-il, l’augmentation de la récolte sucrière en Inde, aux États-Unis et au Mexique. Avec pour résultat que le déficit de la production sucrière dans le monde a été « bien en deçà » des prévisions et a été négligeable cette année. Le résultat est que le prix du sucre a chuté de 40% en huit semaines.

Les sucres spéciaux de Maurice sont par ailleurs appréciés pour leurs normes de qualité dans plus de 50 pays, où ils sont actuellement vendus. Depuis 2008, le syndicat a ainsi fourni quelque 220 000 tonnes de sucres certifiées Fairtrade.
Après l’UE, les États-Unis ont été le marché le plus cohérent pour les sucres spéciaux. Le Syndicat des Sucres a fourni une moyenne annuelle de 13 000 tonnes ces cinq dernières années, respectant ainsi le contingent tarifaire en franchise de droits alloués à Maurice au titre des engagements des États-Unis dans le cadre de l’OMC. Le syndicat vend par ailleurs 15 000 à 20 000 tonnes de sucres spéciaux en Europe de l’Est, au Moyen-Orient, en Asie du Sud-Est et en Extrême-Orient.

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