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Statut de Jérusalem : Trump menace les pays tentés par un vote

Les 193 membres de l’Onu ont voté, jeudi 21 décembre, une résolution contre Washington, qui a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël. Mais Donald Trump leur a adressé une sérieuse mise en garde.

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Le président des États-Unis Donald Trump a lancé mercredi une sévère mise en garde aux pays tentés de voter jeudi à l’Onu une résolution condamnant la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d’Israël, menaçant de couper des financements américains. « Nous prenons note de ces votes », a-t-il lancé à la Maison Blanche, dénonçant « tous ces pays qui prennent notre argent et ensuite votent contre nous au Conseil de sécurité ».

Dans cette dernière enceinte, Washington avait mis lundi son veto à la condamnation de la décision de Donald Trump du 6 décembre qui a provoqué colère et manifestations dans le monde musulman. Ce qui n’avait pas empêché les États-Unis de subir un échec diplomatique retentissant avec l’approbation du texte par ses 14 partenaires, dont ses alliés européens.

Un nouveau vote est prévu jeudi à partir de 15h GMT à l’Assemblée générale, qui compte 193 pays membres. Les résolutions n’y ont cependant pas de valeur contraignante et il n’y a pas de droit de veto.

Plusieurs ambassadeurs interrogés par l’AFP tablent sur un score oscillant entre 165 et 190 votes pour. « Si c’est 130, ce serait mauvais », précise l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Lundi, l’ambassadrice américaine Nikki Haley qui n’avait guère fait de lobbying auprès de ses partenaires pour qu’ils s’abstiennent avait montré un visage menaçant. Ce vote « est une insulte que nous n’oublierons pas », avait lancé le regard noir celle qui a rang de ministre dans l’administration américaine.

Mardi, elle a été encore plus loin à propos du vote attendu à l’Assemblée générale des Nations unies : tweet, email, lettre… « Le président (Donald Trump) observera attentivement ce vote et il a demandé que je lui signale les pays qui auront voté contre nous », a écrit la diplomate par lettre ou email aux membres de l’Onu. Et « nous prendrons note de chacun des votes sur cette question ».

Un tweet rageur de Nikky Haley était posté dans le même temps. « A l’Onu, on nous demande toujours d’en faire plus et de donner plus » et « nous ne nous attendons pas à ce que ceux que nous avons aidés nous ciblent ». Jeudi, « les Etats-Unis noteront les noms ».

Sidération

Ces saillies, reprises mercredi par Donald Trump, ont sidéré nombre de diplomates onusiens. « Ce n’est pas comme ça que ça marche, on vote sur des principes », confie à l’AFP un ambassadeur asiatique sous couvert d’anonymat. « On ne peut pas voter A pendant des années et voter soudainement B », renchérit  un homologue d’Amérique latine.

Avec ces pressions, « les Etats-Unis peuvent avoir une dizaine d’abstentions de pays qui pourraient aussi choisir de ne pas aller voter », estime un troisième ambassadeur, cette fois d’Europe. Mercredi, le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki, qui sera présent à l’Onu pour le vote, a vivement dénoncé les « menaces » et « intimidations » de Washing- ton. Son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu, s’est aussi insurgé. « Le monde a changé. La logique du “Je suis fort, donc j’ai raison” a changé. Désormais, le monde se sou- lève contre l’injustice. Désormais, aucune nation qui a de l’honneur, aucun Etat qui se respecte ne courbe l’échine face à ce genre de pressions », a déclaré le ministre turc dont le pays est allié des Etats-Unis à l’Otan.

La résolution à l’Assemblée générale, proposée par le Yémen et la Turquie, souligne que toute décision sur le statut de Jérusalem « n’a pas de force légale, est nulle et non avenue et doit être révoquée ». Le texte rappelle toutes les résolutions adoptées par l’Onu ayant trait à la colonisation de territoires palesti- niens et soulignant que Jérusalem doit faire partie d’un accord de paix final entre Israéliens et Palestiniens.

Avec deux votes successifs au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale, les Palestiniens tentent de peser dans un futur plan de paix même si le crédit des États-Unis comme médiateur est sérieusement écorné, indique un diplomate. Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem, dont elle a pris le contrôle pendant la guerre de 1967, puis voté une loi faisant de la Ville sainte sa capitale « indivisible ». Cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale et les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur Etat.

 

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