Sandra Mayotte, présidente du National Women Entrepreneur Council, est avant tout connue pour son parcours artistique. La chanteuse, ex-directrice de la Senn Kreol de la Mauritius Broadcasting Corporation, renouera bientôt avec le petit écran dans la version locale de l’émission de jeu télévisé “Qui veut gagner des millions?” Son profil a conquis le gouvernement qui l’a placée à la tête du National Women Entrepreneur Council. Est-ce pour la chanteuse de Kayambo un tremplin en politique? Elle en parle.
Votre nomination comme présidente du National Women Entrepreneur Council insinue-t-elle que votre carrière prend une nouvelle tournure, notamment politique?
– Je ne sais pas si ma carrière prend une nouvelle tournure! Pour l’instant, je bouillonne d’idées pour apporter un nouveau souffle dans le secteur de l’entrepreneuriat féminin. On va dire qu’avec cette nomination, j’apporte encore une corde à mon arc et on verra bien si j’arrive à jouer de cet instrument (rires). Je ne laisse pas tomber le monde artistique. Si j’ai aussi dit oui à la proposition qui m’a été faite, c’est parce que la créativité est le point commun entre l’entrepreneuriat et l’univers artistique. Je ne fais pas pour autant mon entrée dans le monde politique. En tout cas, pas pour le moment. Ma nomination n’a rien à voir avec mon appartenance politique. Mon objectif est d’encadrer les femmes entrepreneures, et non de faire de la politique.
Vous dites: “ pas pour le moment.” Avez-vous des ambitions politiques?
– J’ai des ambitions sociales! J’aime donner des conseils, d’autant que j’ai eu l’expérience de l’entrepreneuriat par le biais de mon restaurant que j’ai dû abandonner après mes problèmes cardiaques. Je peux aussi dire que je suis encore une femme entrepreneure. Ma carrière artistique, je dois la gérer! Je n’ai pas encore appris à faire de la politique. D’ailleurs, je me suis toujours demandé comment font les politiques pour faire face aux critiques et foules en délire. Je suis aussi confrontée à la foule, mais dans un autre contexte.
Est-il nécessaire d’apprendre à faire de la politique quand on voit qu’à la veille des élections générales, il y a toujours des néophytes ou des figures populaires qui sont récupérés comme candidats par des partis?
– Je crois qu’on peut servir son pays autrement que de passer par la politique. Je ne crois pas, non plus, que je serai un instrument politique.
Vous serez quand même associée à une couleur politique
– Comme c’est le gouvernement sous Pravind Jugnauth qui a validé ma nomination, c’est quasiment certain que l’opinion publique va m’associer à une couleur politique. Je voudrais qu’on me laisse travailler sans qu’on me considère comme une nominée politique.
Une de vos tâches consistera à dépoussiérer la mentalité qui croit encore que l’artisanat se limite à des pots d’achards, des paniers en rotin et des poupées kitsch. Comment allez-vous vous y prendre?
– Je veux justement démontrer que les femmes entrepreneures peuvent faire plus que cela. Il faut aller vers des concepts novateurs. Je viens d’être nominée et le Conseil n’a pas encore siégé. J’ai pris connaissance des paramètres qui régissent le Conseil qui, d’ailleurs, est resté inactif pendant près d’un an et demi. Je voudrais travailler sur de nouvelles bases. Il y a des dossiers restés en suspens et avec les membres du board, nous allons voir auxquels nous accorderons la priorité. J’ai eu l’occasion de visiter le local du National Women Entrepreneur Council de Phœnix. Spacieux, le bâtiment offre des possibilités qui devront être exploitées. Actuellement, je travaille sur un plan stratégique que je dois présenter à la ministre de l’Égalité des Genres, dans quelques jours.
Vous n’aurez qu’environ un an et demi pour faire vos preuves. Ce délai est un peu court, non?
– Je ne vais pas être prétentieuse pour dire que je pourrai faire tout le travail qui m’attend en un an et demi. Mais je ferai de mon mieux car je souhaite laisser mes marques après cette période.