La conférence de presse du PM n’a laissé personne indifférente et surtout la classe politique qui donne son avis sur cette affaire qui oppose le PM, Pravind Jugnauth et la Présidente , Ameenah Gurib Fakim. Certains d’entre eux ont bien voulu faire une déclaration.
Barlen Vyapoory : « Je m’abstiens de tout commentaire »
Il ne veut pas commenter l’affaire opposant la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, et le gouvernement. « Personnellement, je n’ai rien à dire. Je suis les événements mais je m’abstiens de tout commentaire », a déclaré brièvement le vice-président de la République à l’issue de la remise des prix du concours Ramanujan à l’Université de Maurice jeudi après-midi.
XLD : « La présidente a choisi la voie de l’honneur… »
Pour le leader de l’opposition et du PMSD, Xavier-Luc Duval, en acceptant de se présenter devant un tribunal, la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, a choisi la voie de l’honneur. « Il est clair qu’elle a changé d’avis. Ce qui est compréhensible puisque sa première réaction d’envisager de soumettre sa démission risquait d’être suicidaire. Elle passerait pour un paria aux yeux de la communauté internationale même si elle devait garder son salaire. En acceptant d’aller devant un tribunal pour se défendre, elle a choisi la voie de l’honneur, même si elle risque de perdre son salaire. Elle peut toutefois aller plus loin dans cette voie de l’honneur en instituant une commission d’enquête sur toute l’affaire Sobrinho. Ce sera d’autant plus honorable de connaître toutes les ramifications et les vrais coupables dans cette affaire. Ce sera un service rendu au pays en général. »
Ajay Guness : « Le PM ajoute à la confusion »
Pour le secrétaire général du MMM, Ajay Guness, le MMM souhaite le départ d’Ameenah Gurib-Fakim, mais estime que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a « ajouté à la confusion ». Il explique : « Alors que nous sommes dans une situation d’urgence et qu’on s’attendait à ce que Pravind Jugnauth indique “the way forward” pour sortir le pays de la crise, il est venu dire qu’il dispose d’autres informations graves à l’encontre de la présidente. Pourquoi ne l’a-t-il pas révélé auparavant ? A-t-il voulu “soutirer” la présidente ? Tout cela pour dire que le Premier ministre est venu renforcer notre opinion qu’Ivan Collendavelloo et lui doivent partir. »
Satish Faugoo : « Le gouvernement est acculé »
Pour Satish Faugoo, du Parti travailliste, la déclaration hier du Premier ministre, Pravind Jugnauth, a créé « l’impression que le gouvernement est acculé » devant la position d’Ameenah Gurib-Fakim de refuser de quitter ses fonctions. « Le Premier ministre avait affirmé sans équivoque vendredi dernier que la présidente lui aurait annoncé qu’elle démissionnerait le 15 mars alors que la présidente, dans un communiqué, a affirmé n’avoir jamais envisagé de partir. C’est la parole du Premier ministre contre celle de la présidente », constate-t-il.
Il a souligné qu’au niveau du PTr, le sentiment est que la présidente doit partir car « elle a perdu la confiance de la population ». Et de poursuivre : « Mais puisqu’elle refuse de le faire, le Premier ministre n’a pas d’autres choix que de présenter une motion de destitution et d’instituer un tribunal, conformément à l’article 30 de la Constitution. Il n’y a pas lieu pour lui de consulter à nouveau le cabinet, qui a déjà pris une décision dans ce sens. Ce qu’il doit faire, c’est d’appeler le parlement au plus vite, lundi matin s’il le faut, pour présenter sa motion de destitution. »
Le Parti travailliste, a précisé Satish Faugoo, demande au Premier ministre d’aller plus loin, réclamant l’institution d’une commission d’enquête “full fledge” afin que la population puisse savoir qui est Sobrinho et quelles sont ses activités à Maurice et ailleurs. Par ailleurs, Satish Faugoo constate que la présidente a déjà commis plusieurs faux pas. « Elle avait sollicité l’authenticité des documents publiés puis l’a acceptée. Elle a accepté d’avoir obtenu une “corporate card” émise par une compagnie orientée vers le projet alors que le PEI et une “non profitable organisation”. On se demande si la carte n’a pas été émise par une institution profitable parallèle. Elle affirme ensuite avoir tout remboursé. La date du remboursement n’est pas claire. Elle dit qu’elle a utilisé la carte PEI “par inadvertance”. Comment expliquer qu’elle l’ait fait une vingtaine de fois. Autant de questions qui devront être répondues. »
Alan Ganoo : « Le PM aurait déjà dû appeler le parlement »
Pour Alan Ganoo, le président du Mouvement Patriotique, qui réclame lui aussi le départ de la présidente de la République, le Premier ministre aurait déjà dû appeler le parlement « pour faire adopter une motion de destitution, pour prévoir l’institution d’un tribunal et ainsi obliger la présidente à “step-down” ».
« Eu égard de la position adoptée par la présidente et de la déclaration du Premier ministre selon laquelle il disposerait d’informations accablantes, il n’y a pas d’autres choix que l’institution d’un tribunal pour destituer la présidente de la République. En fait, la seule instance capable d’éclaircir la situation est le tribunal. La présidente pourra expliquer son cas et laver son honneur. Nous pensons que l’exécutif peaufinera sa stratégie avant de venir avec la motion du Premier ministre. Au niveau du MP, nous sommes contre l’amendement de la Constitution pour faire partir la présidente. Un tel amendement risque d’être contesté et d’aller jusqu’au Privy Council. Il faut savoir que la Constitution de Maurice est une des rares dans le monde à prévoir la suspension de la présidente. Il faut savoir aussi que la motion du Premier ministre doit être adoptée par une majorité de deux tiers alors que la décision du tribunal doit être adoptée par une majorité simple », dit-il.
Lindsey Collen (Lalit) : « La présidente a commis des entorses à la Constitution »
« Nous avons déjà dit dans le passé que la présidente doit partir. Après les événements de ces derniers jours, on constate qu’il y a deux problèmes majeurs l’impliquant. D’abord, de part sa responsabilité constitutionnelle, elle est supposée agir sur les conseils du Cabinet. Or, elle refuse d’accepter la décision du Cabinet, qui lui demande de démissionner. C’est une entorse à la Constitution. Sur quels conseils agit-elle donc en ce moment ? Ensuite, il y a une deuxième entorse quand, après avoir convoqué une réunion entre deux personnes occupant un poste constitutionnel, elle fait marche arrière. Ce qui se discute entre deux personnes occupant un poste constitutionnel a une valeur certaine. Devant un tribunal, la présidente aurait donc à répondre d’entorses à la Constitution ou de “serious misconduct”. Il y a aussi toute l’affaire autour de l’implication de la fondation Bill and Melinda Gates dans le Planet Earth Institute et l’utilisation des armoiries de Maurice sur le site internet du Planet Earth Institute à clarifier. Pour nous, la présidente en est là de part sa méconnaissance de la politique et sa grande ambition. Elle doit partir. S’il y a d’autres personnes impliquées, c’est une autre affaire. »