Dans les décombres de leurs maisons, des milliers de familles indiennes étaient sur le qui-vive vendredi face au risque de nouvelles tempêtes, après que des cieux déchaînés ont fait près de 150 morts cette semaine dans cette nation d’Asie du Sud.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, une tempête de sable d’une rare intensité a balayé le nord du pays et coûté la vie à 121 personnes. Principalement concentrée sur l’Uttar Pradesh et le Rajasthan, elle a provoqué une vague de destructions.
Les services météorologiques indiens ont prévenu vendredi que de nouvelles tempêtes pourraient frapper cette même zone au cours des prochains jours, poussant les sinistrés à s’abriter.
Dans un épisode climatique distinct dans le sud, la foudre de violents orages a par ailleurs fait 21 victimes en Andhra Pradesh et au Telangana.
Au nord, des vents soufflant jusqu’à 130 km/h ont déraciné des arbres, abattu des pans de maisons de piètre bâti et renversé des pylônes électriques.
Dans le village de Mahuakhera près de la ville d’Agra, à 170 kilomètres au sud de la capitale New Delhi, Ram Bhorosi est en deuil. Ce père de famille a perdu son fils et un proche dans la destruction de leur habitation.
« Nous avions des invités à la maison et mon fils est allé à l’intérieur pour prendre une couchette lorsque la tempête a frappé. Une grosse pierre lui a fracassé la tête lorsque le toit s’est effondré », raconte-t-il à un journaliste de l’AFP.
« Une demi-douzaine d’hommes nous ont aidé à déblayer les décombres. (Les autorités) n’ont pas eu le temps de donner l’alarme, c’était si soudain. »
Rien que pour le district d’Agra, où se situe le célèbre Taj Mahal de marbre blanc, au moins 43 personnes ont péri dans ces tempêtes de sable d’une violence rarement vue. Vingt-quatre villageois ont été tués pour la seule localité de Kheragarh, a rapporté la presse indienne.
Sur place, des maisons endommagées bordent les routes poussiéreuses. Là où se dressaient des dizaines d’habitations ne restent plus que des tas de briques démolis par les vents.
Piétinant au milieu des décombres, des villageois essayaient de sauver quelques biens.
Furie de la nature
Dans la commune de Burera, Anil Kumar est encore sous le choc de n’avoir dû la vie qu’à un cheveu.
« Nous étions assis dehors lorsque les vents ont brusquement soufflé. Des débris ont enseveli quatre d’entre nous lorsque le mur est tombé. Mon grand-père est mort et les trois autres ont survécu avec des blessures », relate cet habitant à l’AFP.
Cette tempête résulte de la conjonction d’une dépression, de températures inhabituellement élevées et d’humidité apportée par les vents. Ce type d’événement violent pourrait devenir de plus en plus fréquent avec le changement climatique, d’après la presse indienne.
Les habitants de la région restent sur leurs gardes alors que les prévisions météos annoncent d’éventuelles nouvelles tempêtes jusqu’à mardi.
« Nous n’avons pas pu dormir, nous étions inquiets que la tempête frappe à nouveau. Nous avons pris des précautions et tout placé en sécurité mais rien ne peut résister à la furie de la nature », confie à l’AFP Munna Lal Jha, un résident d’Agra.
Tempêtes et orages font tous les ans des victimes en Inde mais ceux de cette semaine figurent parmi les plus meurtriers de ces dernières décennies.
Les autorités ont ainsi recensé 76 décès dans le grand État pauvre d’Uttar Pradesh, et 39 dans la région touristique voisine du Rajasthan.
La chute de 13.000 poteaux électriques a entraîné des coupures de courant dans de nombreuses zones, un retour à la normale pourrait nécessiter plusieurs jours.
Dans l’État méridional d’Andra Pradesh, où de féroces orages ont tué 14 personnes, 41.000 impacts de foudre ont été recensés pour la seule soirée de mardi.
© AFP