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Premier vol historique de la plus puissante fusée du monde

La fusée la plus puissante du monde, la Falcon Heavy de SpaceX, a entamé sa première mission historique mardi, lançant en direction de Mars une voiture de sport rouge cerise avec comme conducteur un mannequin au nom tiré d’un morceau de David Bowie.

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Un clin d’oeil « rock » d’Elon Musk, le génie fantasque fondateur de SpaceX, qui avait lancé ce projet en 2011 et dont le rêve ultime est de coloniser la planète Mars. « Décollage! », a tweeté à 20H46 GMT SpaceX dans un message accompagné d’une image de la fusée, qui est composée de trois fusées Falcon9 de front sur lesquelles SpaceX a juché un deuxième étage et une coiffe pour la charge utile.

De cette coiffe est sortie la décapotable rouge de Tesla –l’autre entreprise phase d’Elon Musk– où était joué « Space Oddity » de David Bowie. Ses aventures étaient diffusées en direct par SpaceX sur les réseaux sociaux, où elles étaient suivies par des millions de personne, subjuguées par ce véhicule flottant dans l’espace.

Starman, le mannequin qui l’habite, était ainsi vu au volant de la voiture, le bras gauche nonchalamment posé sur sa portière. Sur son tableau de bord se trouve le message « Don’t Panic! », référence au « Guide du voyageur galactique », célèbre roman de science-fiction.

« La mission s’est déroulée aussi bien que l’on pouvait l’espérer », s’est réjoui Elon Musk lors d’une conférence de presse.

« J’avais cette image d’une explosion géante sur le pas de tir (…) Heureusement cela ne s’est pas produit », a déclaré l’entrepreneur dont la fusée n’avait, jusqu’à ce lancement réussi, effectué que des tests statiques, consistant à allumer ses moteurs alors qu’elle reste ancrée au sol.

Après deux minutes de vol mardi, deux des lanceurs de la Falcon Heavy se sont détachés comme prévu de la fusée centrale qui a poursuivi sa route dans l’espace.

Huit minutes et 20 secondes plus tard, les deux boosters se sont posés quasiment simultanément sur deux zones d’atterrissage de Cap Canaveral à quelques dizaines de mètres seulement l’un de l’autre.

Le troisième, en revanche, a sombré dans l’Atlantique, plongeant à une centaine de mètres de la barge où il devait se poser, a expliqué Elon Musk, indiquant que l’engin avait « apparemment pénétré dans l’eau à une vitesse de 480 km/h ».

De nouvelles planétes en vue

A présent, Starman se trouve en orbite autour de la Terre et si l’expédition résiste pendant cinq heures aux rudes conditions de la ceinture de radiations de Van Allen, le vaisseau mettra ensuite le cap vers Mars pour entrer in fine en orbite autour du Soleil.

Son épopée pourrait alors durer un milliard d’années et l’amener à 400 millions de kilomètres de la Terre, soit l’équivalent de 10.000 fois le tour de notre planète.

« Peut-être qu’il sera découvert par une future race extraterrestre », a imaginé M. Musk. « Que faisaient ces gens? Ils vénéraient cette voiture? », s’est amusé le milliardaire sud-africain.

Le décollage mardi à Cap Canaveral était initialement prévu à 13H30 locales, avant d’être retardé à 14H20 puis 15H45 en raison du vent à haute altitude.

A l’allumage, les 27 moteurs Merlin de la super-fusée ont généré une poussée de plus de 2.500 tonnes, l’équivalent de 18 Boeing 747 à la verticale.

Elon Musk a donc pour l’heure réussi son pari. Il avait déjà sensiblement réduit les coûts et révolutionné l’écosystème des lancements spatiaux en faisant revenir ses lanceurs sur terre, et même sur mer. Il veut désormais faire entrer la conquête de l’espace dans une nouvelle ère.

Immense accomplissement

SpaceX affirme que Falcon Heavy peut lancer deux fois plus de charge utile que la plus puissante fusée en opération existante, la Delta IV Heavy, « à un tiers du prix ». Selon United Launch Alliance, qui opère les Delta IV, le coût d’un lancement est de 350 millions de dollars.

A cela s’ajoute une dimension géostratégique non négligeable. Si SpaceX gagne son pari, la Nasa pourra se passer de l’aide des Russes et de leur vaisseau Soyouz pour envoyer des hommes dans l’espace.

L’administrateur de la Nasa, Robert Lightfoot a d’ailleurs réagi avec enthousiasme au lancement.

« Tous ceux qui travaillent dans ce secteur connaissent les efforts nécessaires pour arriver au premier vol de n’importe quel véhicule et nous reconnaissons l’immense accomplissement dont nous avons été témoins aujourd’hui », a-t-il déclaré dans un communiqué. Avec sa puissance, seulement surpassée dans l’histoire par la fusée Saturn V de la Nasa qui a emporté des astronautes des missions Apollo vers la Lune, la Falcon Heavy pourra mettre jusqu’à 63,8 tonnes en orbite terrestre basse.

Elon Musk a expliqué lundi que ce ne sera en réalité pas la Falcon Heavy mais un autre de ses projets, la fusée « Big fucking rocket » (littéralement « putain de grosse fusée ») qui permettra de transporter des humains vers la Lune ou Mars.

Le Falcon Heavy doit donc lui ouvrir la voie.

AFP

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