Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in ont échangé vendredi une poignée de main sur la Ligne de démarcation militaire qui divise la péninsule, un geste hautement symbolique avant leur sommet historique.
« Je suis heureux de vous rencontrer », a lancé M. Moon Jae-in à son homologue, qui devient le premier dirigeant nord-coréen à fouler le sol sud-coréen depuis la guerre de Corée (1950-53).
Les deux dirigeants ont brièvement marché du côté nord-coréen de la frontière avant de se rendre à pied à la Maison de la paix, une structure de verre et de béton située du côté sud du village de Panmunjom, où fut signé l’armistice.
Une « histoire nouvelle commence maintenant », a écrit Kim Jong Un dans le livre d’or.
Cette réunion est une illustration supplémentaire de la spectaculaire détente qui s’est emparée de la péninsule depuis que Kim Jong Un a annoncé le 1er janvier, à la surprise générale, que son pays participerait aux jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang, au Sud.
Ce sommet doit être le précurseur d’un face à face très attendu entre M. Kim et le président américain Donald Trump.
« Kim Jong Un discutera en toute franchise avec Moon Jae-in de tous les problèmes rencontrés pour améliorer les relations intercoréennes et parvenir à la paix, la prospérité et la réunification de la péninsule coréenne », a dit avant le sommet de vendredi l’agence officielle nord-coréenne KCNA, la référence la plus précise à ce jour de Pyongyang sur le processus en cours.
Elle ne mentionne pas la dénucléarisation, mais le devenir de l’arsenal atomique de Pyongyang devrait être au coeur de discussions.
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2011 au décès de son père, M. Kim a présidé à une accélération fulgurante des programmes nucléaire et balistique nord-coréens.
– « Difficile » –
En 2017, Pyongyang a mené son essai nucléaire le plus puissant à ce jour et testé des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) mettant à sa portée le territoire continental des Etats-Unis.
Les tensions avaient grimpé à des sommets tandis que MM. Kim et Trump échangeaient menaces apocalyptiques et insultes personnelles.
M. Moon a saisi la branche d’olivier olympique pour lancer le dialogue avec Pyongyang, expliquant que le sommet intercoréen servirait de base à la réunion entre le Nord et Washington.
Le président Trump a exigé que le Nord renonce à ses armes nucléaires et Washington réclame que la dénucléarisation soit totale, vérifiable et irréversible.
Séoul a minimisé par avance les attentes jeudi, le directeur du secrétariat de la présidence sud-coréenne Im Jong-seok prévenant que rien n’était gagné: « Parvenir à un accord sur la dénucléarisation au moment où les programmes nucléaire et d’ICBM nord-coréens ont considérablement avancé sera différent par nature des accords de dénucléarisation conclus dans les années 1990 et au début des années 2000 ».
« C’est ce qui rend ce sommet particulièrement difficile », a-t-il poursuivi.
Pyongyang demande des garanties sur sa sécurité — qui n’ont pas été précisées– pour discuter de son arsenal.
Quand M. Kim s’était rendu le mois dernier à Pékin, son premier voyage à l’étranger depuis son arrivée au pouvoir, il avait dit selon l’agence officielle Chine Nouvelle que la question pouvait être réglée si Séoul et Washington prenaient « des mesures progressives et synchronisées en vue de la réalisation de la paix ».
Dans le passé, le concept de « dénucléarisation de la péninsule » a pu signifier pour Pyongyang le départ des 28.500 militaires américains stationnés au Sud et le retrait du parapluie nucléaire américain, toutes choses impensables pour Washington.
– Arbre de la paix –
« Les gros dossiers sont la paix et la dénucléarisation », a résumé à l’AFP John Delury, professeur à la Yonsei University.
Les deux Corées « peuvent faire beaucoup plus sur la paix que sur la dénucléarisation », estime-t-il. Mais le communiqué publié à la fin du sommet offrira « une chance d’analyser chaque mot, de lire entre les lignes, de voir ce qui y est et ce qui n’y est pas ».
Samedi, M. Kim a annoncé un moratoire sur les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques à longue portée, affirmant que les objectifs étaient atteints.
Il a également annoncé la fermeture du seul site nord-coréen connu d’essais nucléaires. Mais certains experts soupçonnent que le dernier test, en septembre, l’aurait rendu inutilisable.
Séoul a également fait savoir que le sommet pourrait être l’occasion de discuter d’un traité de paix pour mettre fin officiellement à la guerre. Celle-ci s’est achevée sur un armistice si bien que les deux voisins sont toujours techniquement en guerre.
La reprise des réunions de familles séparées par la guerre pourrait également être abordée.
Les deux délégations déjeuneront chacune de leur côté, les Nord-Coréens franchissant la frontière dans l’autre sens pour leur collation.
Avant la séance de l’après-midi, MM. Kim et Moon planteront un pin. Cet arbre « représentera la paix et la prospérité sur la Ligne de démarcation militaire, qui est le symbole de la confrontation et de la division depuis 65 ans », selon Séoul.
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