Le Concorde n’avait pas le droit de survoler le territoire américain. Trop bruyant. Ses successeurs seront silencieux.
Sa silhouette et sa vitesse lui valurent le surnom de « bel oiseau blanc ». Le Concorde, seul avion supersonique de transport de passagers, n’en demeure pas moins un « Vietnam industriel » selon les mots de Jean-Jacques Servan-Schreiber. Raison première : le fameux « bang » sonore si caractéristique et si bruyant qui lui a notamment interdit le survol du territoire américain. Ironie du sort, quinze après sa mort c’est au pays de l’Oncle Sam que se dessine son potentiel successeur nous rapporte un site d’information français.
L’agence spatiale américaine (Nasa) a signé un contrat de 247,5 millions de dollars (207 millions d’euros) avec Lockheed Martin, le concepteur des avions de chasse F-35, pour la construction d’un prototype non seulement supersonique, mais surtout super-silencieux. Le bang de ce nouvel appareil sera comparable au « bruit d’une portière de voiture qui claque », le tout en volant à 1 728 km/h (Mach 1,4) et à 16 800 mètres d’altitude. Les premiers décollages pourraient commencer en 2021 et plusieurs villes américaines seraient survolées entre 2023 et 2025 afin de recueillir l’avis des populations.
« L’objectif consiste à autoriser les vols à vitesse supersonique au-dessus des zones civiles sans occasionner de dommages ni de gène », explique Thierry Michal, le directeur technique général de l’Onera, le centre français de recherche aérospatiale. Car lorsqu’un avion dépasse la vitesse du son, il produit un bang d’un ou deux dixièmes de seconde comparable à celui d’une explosion… Qui peut d’ailleurs provoquer des dégâts, en faisant voler des vitres en éclats par exemple. Un ciel rempli d’avions supersoniques de la génération Concorde serait un véritable enfer pour les habitants. « Surtout qu’un bang se propage très loin dans toutes les directions », ajoute Gérald Carrier, ingénieur spécialiste à l’Onera. Un seul aéronef de ce type peut donc potentiellement toucher des milliers, voire des millions de personnes.