La traditionnelle messe du 1er janvier marquant la Journée mondiale de la Paix a été célébrée ce matin à Camp Mana, à Tranquebar, par l’évêque de Port-Louis, le cardinal Maurice Piat, et Jean-Maurice Labour, le vicaire général. Celle-ci gravitait autour du thème: « Pas de Paix sans Justice ». Bon nombre d’habitants de la région se sont rassemblés ce lundi matin pour accueillir cette nouvelle année.
À Camp-Mana, plus connu sous le nom de « Bangladesh », plusieurs habitants de la localité, en dépit de la chaleur, avaient fait le déplacement pour assister à cette messe spéciale. Durant son homélie, le cardinal Maurice Piat s’est exprimé sur le sort des squatters et des migrants à Maurice. L’évêque de Port-Louis a mis en exergue qu’il nous faut songer davantage aux personnes dans le besoin.
« Beaucoup de squatters viennent de l’île Rodrigues mais également de diverses régions de Maurice. Ils ont cherché des endroits pour vivre mais ne les ont jamais trouvés. C’est pourquoi ils doivent se contenter des terrains qui ne sont pas les leurs », explique le cardinal Maurice Piat. Selon lui, malgré tous les efforts pour améliorer leur sort, les squatters se voient souvent confrontés à des obstacles dans leurs démarches. En effet, le cardinal de Maurice explique que c’est généralement à cause des différents règlements des autorités que certains se retrouvent sans toit. « Certains sont à Maurice depuis 30 ans ou font des démarches depuis plus de 12 ans, sans rien obtenir. Ils se retrouvent face à des règlements qui ne font que changer ou qui ne leur permettent pas de rester au pays. Je fais donc un appel. Lorsqu’un règlement n’est pas adapté à la situation d’une personne, il est du devoir du gouvernement de changer ses règlements. Nous ne sommes pas là pour uniquement suivre les règlements. Si le règlement ne fait pas son travail, il faut donc le changer », soutient l’évêque de Port-Louis.
Par ailleurs, le cardinal Maurice Piat a mentionné que les élus du pays doivent veiller à ce que les lois soient bien adaptées aux besoins de la population : « Nous devons lutter pour que les règlements établis respectent les vrais besoins des personnes à la recherche d’un toit. »
Ainsi, le cardinal Maurice Piat souhaite que la population secoue sa conscience afin d’apporter un soutien aux plus démunis. Il a de plus proposé que la paroisse de la région trouve un projet comme, par exemple, fournir un repas plus consistant aux enfants avant que ces derniers se rendent à l’école, ou encore bâtir un endroit où les enfants peuvent disposer d’un accompagnement ou d’un suivi.
« Dès que le gouvernement change de programme, nous devons recommencer à zéro… »
S’exprimant sur la manière dont opère notre gouvernement, l’évêque de Port-Louis constate que la lutte de ceux dans le besoin sera longue. « Lorsqu’un gouvernement vient au pouvoir avec un programme, le prochain gouvernement change ce programme et nous devons donc toujours recommencer à zéro. Il nous faut avoir un suivi ; on ne peut changer un programme à chaque fois parce que c’est le peuple qui souffre le premier », dénonce le cardinal Maurice Piat. Il a d’ailleurs cité l’exemple du PSUP – Participatory Slum Upgrading Programme – qui avait le soutien des Nations unies et de l’Union européenne mais qui fut abandonné à la 3e phrase.
Fêtant cette année les 70 ans de la promulgation des Droits de l’Homme ainsi que les 50 ans de l’indépendance à Maurice, le cardinal Maurice Piat, d’une voix déterminée, estime que « nous devons toujours faire respecter nos droits ».
La cérémonie s’est finalement terminée par une distribution de roses par une ONG musulmane dans le respect de la paix dans notre Ile Maurice arc-en-ciel.
« Un coup de pouce… »
Pour Alain Jery, habitant de Tranquebar, cette messe est une très bonne initiative étant donné que beaucoup de personnes vivent dans la misère à Maurice. « Tout le monde veut réussir sa vie. Cette messe organisée par la paroisse donnera définitivement un coup de pouce afin que le gouvernement voit davantage ce qui se passe dans les quartiers pauvres. Il pourra ainsi mieux aider la communauté des différentes régions du pays », souhaite-t-il.