- Une telle attestation serait un argument marketing de poids pour ce produit pays réputé pesticide free
Le thé mauricien pourrait bientôt être le premier produit local commercialisé sous appellation contrôlée. Dans son discours du budget, le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth a, en effet, indiqué que les autorités ont approché le fonds des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) afin que le thé, qui est cultivé localement sans l’usage de pesticides et dont les propriétés médicinales, ont été établies soit commercialisé sous une appellation contrôlée.
Selon le Chief Executive Officer (CEO) du Food and Agriculture Research and Extension Institute (FAREI), il est connu qu’à Maurice, le thé a toujours été cultivé sans l’apport d’intrants chimiques et, plus particulièrement, sans le recours à des pesticides. “Ce que l’on recherche pour le thé mauricien auprès de la FAO, c’est une attestation d’origine géographique comme garantie d’originalité du produit tout comme, par exemple, en France, le vin de Bordeaux a une appellation d’origine contrôlée”, indique à Week-End le responsable du FAREI.
Eric Mangar, agronome et responsable du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire (MAA) confirme qu’il y a, à Maurice, une longue tradition de culture de thé sans recourir à des produits chimiques, en particulier, à des pesticides. Il explique cela par le fait que le thé est cultivé dans les régions à basse température des Hauts Plateaux où la prévalence de pestes végétales ou animales susceptibles d’affecter la culture est quasi-inexistante. “Il y a aussi la nature même du théier qui est une plante très résistante”, ajoute l’agronome. Eric Mangar précise que le recours à des pesticides n’est presque plus nécessaire dans le cas de la culture du thé dans la mesure où la cueillette se fait dès l’apparition des feuilles tendres. “Il se peut que l’on ait recours, ici et là, à de faibles quantités de fertilisants, mais sûrement pas à des pesticides”, explique le spécialiste. En marge de l’obtention de cette attestation de produit d’appellation d’origine contrôlée, la nouvelle stratégie marketing du thé mauricien particulièrement à l’étranger devrait aussi être axée sur ses propriétés médicinales éprouvées.
Eric Mangar rappelle, à ce propos, que des études conduites à l’Université de Maurice (UoM) sous la direction du professeur Bahorun ont déjà établi les mille et une vertus du thé mauricien dans la prévention, notamment des cardiopathies. “Le thé a la faculté d’aider à la diminution du taux de cholestérol, à prévenir le diabète. Compte tenu de ses propriétés antioxydantes, ce breuvage protège aussi contre les risques d’apparition de cancers”, indique l’agronome. Sous ce rapport, l’animateur rappelle que dans la tradition chinoise, l’on fait le lien entre ce que l’on mange et son état de santé.
Nouveau craze
Et, rappelle-t-il, dans cette culture millénaire, la consommation du thé à chaque repas est presque un impératif. Par ailleurs, alors que chez d’autres peuples asiatiques, comme les Japonais, la consommation du thé est tout un art, ces dernières décennies, la popularité de ce breuvage gagne, de plus en plus, du terrain en Occident où l’on préférait jusqu’ici le café au thé. En effet, hormis en Grande-Bretagne où, depuis l’Empire des Indes, il est de tradition de consommer du thé, le roi des breuvages est de plus en plus consommé ailleurs en Europe et dans le monde occidental, en général. Ainsi, pour le CEO du FAREI, à la faveur du nouveau craze autour du Ice Tea, du Bubble Tea et de tous les autres thés parfumés à la menthe, à la camomille, à la citronnelle et ainsi de suite, une attestation d’appellation d’origine contrôlée pour le thé mauricien pesticide free et aux propriétés médicinales éprouvées devrait, logiquement, être un argument marketing de poids en vue de la conquête de nouvelles parts de marché dans le monde.