Danse héritée des esclaves africains, le moutya a été inscrit mercredi au patrimoine immatériel de l’Unesco, consacrant aux yeux du monde cet emblème national de l’archipel des Seychelles.
« Cette reconnaissance de la danse culturelle des Seychelles est un accomplissement. Cela nous permettra en tant que peuple de conserver notre culture pour les prochaines générations qui continueront de la valoriser », s’est félicité auprès de l’AFP David André, Secrétaire général seychellois de la Culture.
L’Unesco, organe des Nations unies dédié à la promotion de la culture et de l’éducation, a annoncé l’inscription dans un tweet.
Le moutya a été introduit aux Seychelles par les esclaves africains arrivés avec les colons français au début du XVIIIe siècle. Cette danse a de nombreuses cousines dans l’Océan indien, avec le « sega » de l’île Maurice ou le « maloya » de l’île de La Réunion.
Cette danse se pratiquait originellement autour d’un feu, au son de tambours en peau de chèvre, en secret, de nuit, dans la forêt loin des plantations.
Clandestin, le moutya était une danse de résistance, accompagnée de chants dans lesquels les esclaves exprimaient leurs souffrances, les difficultés de leur vie quotidienne, les privations et l’injustice.
Ils utilisaient des instruments sommaires: tambours en peau de chèvre, noix de coco, triangles métalliques, marmites de cuisine et ustensiles… Les tambours, généralement au nombre de deux ou trois, sont le principal instrument du moutya.
Le rituel débute en faisant chauffer ces tambours au-dessus du feu.
Une fois les tambours chauds, les musiciens donnent le rythme. Hommes et femmes se répondent en chants, puis entament une danse, généralement en couple, tout en jeux de hanches et de bassin.
Les danseurs s’approchent, mais ne se touchent pas. Le haut du corps reste droit, tandis que les pieds battent le rythme.
L’homme tient ses bras en position ouverte, écartés de chaque côté, pour « barrer » sa partenaire. La femme fait, elle, des mouvements avec sa jupe.
Après l’indépendance des Seychelles en 1976, le moutya est promu par les autorités qui veulent forger une identité nationale créole aux Seychelles.
Sa pratique devient plus officielle, l’improvisation du « moutya otentik » (moutya authentique en créole) laissant souvent la place au spectacle et à la mise en scène, y compris à destination des touristes de plus en plus nombreux dans l’archipel.
Les Seychelles avaient présenté un premier dossier pour le faire inscrire au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2019, qui avait été recalé pour manque d’informations.