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Koler, fristrasion, dout, traka sur le tracé du Metro Express

Après la destruction de sa maison, Bhimanah Rujubali vit dans la précarité. Les grands arbres de Vandermeersh et des édifices historiques ont été rasés. Des commerces ont été évacués, d’autres constructions seront affectées. Sur son tracé, le Metro Express provoque colère et frustration.

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“Le métro a déchiré ma famille”, confie Bhimanah Rujubali, qui n’a plus de toit et qui vit dans un bâtiment sans eau ni électricité. “Nous sommes toujours dans le doute”, souligne pour sa part Véronique Chung de Barkly, qui risque de perdre une partie de sa cour. “Nou pe viv dan traka”, affirme Nathalie Hypholite de Richelieu, dont la maison risque de s’écrouler quand commenceront les travaux. “Nous sommes frustrés que le gouvernement ne nous a pas écoutés et a abattu ces arbres”, regrette Selven Govinden du collectif Sov Promenade Roland Armand. Le Metro Express mis en chantier l’année dernière traîne derrière lui son lot de frustrations.

Pour certaines familles qui ont vécu à La Butte pendant de longues années, le déracinement a été difficile. Quatre mois après, certains se retrouvent à vivre dans des conditions précaires. C’est le cas des Rujubali, dont l’histoire avait été très médiatisée il y a quelques mois et qui sont dans la détresse aujourd’hui. Laissée sans toit et sans compensation par les autorités, la famille a trouvé refuge dans une maison sans eau, sans toilettes et sans porte. Ils vivent un vrai cauchemar. “Nous sommes dans une situation terrible. Nous n’avons ni salle de bains, ni toilettes, ni électricité. Nous devons aller nous doucher et faire nos besoins chez les voisins. Si on a envie de faire nos besoins le soir, on ne peut pas. Sans compter qu’il n’y a pas de porte. N’importe qui peut entrer chez nous le soir”, se plaint Nazoomah Rujubali.

Flou autour des travaux.

Une situation alarmante accentuée par le fait qu’Azam, le chef de famille, a dû se rendre à l’étranger pour fuir le stress qui le ronge depuis que sa maison a été détruite pour faire place au Metro Express. “Mon mari est très stressé, son taux de diabète est élevé, il est rongé par le stress. On a dû l’envoyer à l’étranger chez des proches. S’il était resté là, il serait peut-être déjà décédé, confie Nazoomah Rujubali. Leurs deux enfants ont dû aller habiter chez des amis. “Nous avons toujours vécu ensemble; désormais, on doit vivre séparément. Cela me tue.”

À Barkly, c’est la frustration qui berce le quotidien de quatre familles. Une partie de leur cour devra faire place au tracé du métro. Le flou autour des travaux est déploré. “Ils ont déjà détruit la devanture d’un voisin. Nous sommes toujours dans l’attente. Nous ne savons pas exactement ce qu’ils vont faire. Ils nous avaient dit qu’ils allaient devoir casser une partie de mes escaliers jusqu’à la septième marche. Mais comment vais-je faire pour rentrer chez moi ? J’avais prévu d’agrandir la maison pour ouvrir mon salon de coiffure. Tout mon travail est bloqué, c’est frustrant”, dit Véronique Chung.

“Ils ont détruit un espace unique”.

À Richelieu, c’est la peur qui a envahi une dizaine de familles dont les maisons se situent à quelques mètres du tracé du Metro Express. Ce qui les inquiète, ce sont les vibrations. “Nos maisons sont vieilles, nos dalles sont abîmées. Les vibrations causées par les fouilles risquent de briser le toit de nos maisons. Nous vivons dans l’angoisse. Ma mère a 82 ans et ma fille a un bébé de quelques mois. Ce sera très dangereux pour nous quand ils vont commencer les travaux”, confie Nathalie Hypholite, 42 ans.

Non loin de là, à Beau Bassin, les habitants et les militants sont frustrés que leur appel pour épargner la promenade Roland Armand n’ait pas été entendu par les autorités. Le week-end dernier, les arbres ont été coupés sous escorte policière, rasant d’un coup de hache un pan de l’histoire mauricienne. Cet espace était très fréquenté quotidiennement par les habitants des alentours, que ce soit pour des activités sportives ou pour se relaxer à l’ombre. “Ils ont détruit un espace unique qui procurait l’air pur. Ils ont abattu des tecomas, des jacarandas, dont certains sont là depuis plus de 75 ans. C’est un crime contre la nature. Nous sommes frustrés que notre voix n’ait pas été entendue ni par le gouvernement central ni par la mairie de Beau Bassin/Rose-Hill. C’est désolant d’en arriver là alors qu’il y avait moyen de décaler le tracé pour sauver cet espace qui était très fréquenté et qui faisait le bonheur des habitants des alentours”, s’insurge Selven Govinden.

Autant de frustrations que le peuple a du mal à digérer pour un projet censé résoudre des problèmes mais qui a fini par en créer de nombreux autres.

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