La Jordanie a de nouveau été le théâtre dans la nuit de samedi à dimanche de manifestations, les plus importantes en cinq ans, contre la hausse des prix et les impôts, dans un pays lourdement endetté qui s’est engagé à mener des réformes.
Les manifestations nocturnes ont eu lieu à Amman et dans d’autre villes du royaume, selon des correspondants de l’AFP. Elles ont lieu en plein ramadan, mois de jeûne musulman durant lequel la vie nocturne est traditionnellement plus animée.
Quelque 3.000 personnes ont ainsi manifesté samedi soir près des bureaux du Premier ministre, Hani Mulqi, dans le centre de la capitale, jusqu’à 03H30 (00H30 GMT) dimanche en dépit de strictes mesures de sécurité.
« Celui qui augmente les prix cherche à enflammer le pays », « Nous sommes le peuple, nous sommes la ligne rouge » ou encore « peuple souverain, patrie souveraine », ont scandé les manifestants arborant des drapeaux jordaniens et appelant au départ du Premier ministre.
Des centaines de manifestants sont également descendus dans la rue dans les villes de Zarqa et Balqa (est), Maan, Karak (sud), Mafraq, Irbid et Jerach (nord).
Quelques heures auparavant, des négociations avaient échoué entre représentants des syndicats et M. Mulqi.
Le projet de loi fiscal a été présenté sur les recommandations du Fonds monétaire international (FMI). Il prévoit une augmentation d’au moins 5% des impôts pour les particuliers et impose désormais les personnes ayant un salaire annuel de 8.000 dinars (environ 9.700 euros). Les impôts des entreprises doivent eux augmenter de 20 à 40%.
Au Parlement, ce projet de loi est toutefois loin de faire l’unanimité. Sur les 130 députés, 78 se sont dits opposés au texte qui, selon eux, ne sert pas les intérêts économiques et sociaux des Jordaniens.
Une première grande manifestation organisée par les syndicats s’est tenue mercredi, puis après l’annonce de l’entrée en vigueur jeudi d’augmentations des prix du carburant et de l’électricité. Cette dernière mesure a finalement été gelée.
Le FMI a approuvé en 2016 une ligne de crédit de 723 millions de dollars sur trois ans pour le royaume. En contrepartie, Amman s’est engagé à mettre en place des réformes structurelles et à réduire progressivement sa dette publique à 77% du PIB d’ici 2021, contre 94% en 2015.
L’accueil de centaines de milliers de réfugiés syriens pèse sur l’économie du pays.
Le roi Abdallah II a appelé samedi soir le gouvernement et le Parlement à « mener un dialogue national global et raisonnable à propos du projet de loi sur l’impôt », estimant « injuste que le citoyen paie seul les conséquences des réformes fiscales ».
Le président du Sénat Faysal al-Fayez a appelé à une « réunion de consultation » ce dimanche.
source information : afp