- Elle a offert à l’haltérophilie mauricienne sa toute première médaille (argent) des Jeux du Commonwealth
Ces quatre dernières années, sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Avec son élimination lors des Jeux du Commonwealth à Glasgow en 2014 et la difficulté pour obtenir sa place pour les Jeux Olympiques de Rio, Roilya Ranaivosoa a connu toutes les peines, y compris sur le plan personnel. Non seulement a-t-elle eu à prendre des décisions importantes pour relancer sa carrière, mais pour réussir, elle a aussi eu à se bagarrer contre ceux qui, logiquement, devraient être là pour l’aider à avancer. En fait, Roilya Ranaivosoa est ce qu’on appelle une insoumise.
Celle qui a donné à l’haltérophilie mauricienne sa toute première médaille des Jeux du Commonwealth n’aime pas qu’on lui marche sur les pieds. « Je déteste cela », confie-telle. Alors qu’elle méritait d’avoir l’esprit à la fête hier, elle est restée sur le site de compétition pour soutenir Jonathan Corret, qui était en compétition tard dans la soirée. En fait, elle est venue à Gold Coast non pas pour faire de la figuration, mais pour gagner. Dans ses premières déclarations au Mauricien, elle n’a laissé apparaître aucun doute sur cette question. « J’ai fait des sacrifices pour descendre de catégorie. Je suis venue en Australie pour gagner », avait-il soutenu lors de notre première rencontre dans la salle d’entraînement du Gold Coast Turf Club la semaine dernière. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’elle descend en 48 kg, mais cette fois, dit-elle, elle « se sent plus à l’aise. J’ai pu manger comme il le fallait. »
Hier, elle avait décidé de mettre la barre très haut. Elle savait aussi qu’elle n’aurait pas été en mesure de rivaliser avec l’Indienne Chanu Mirabai, la championne du monde en titre de la catégorie et qui avait remporté l’argent à Glasgow. « Je devais placer ma confiance dans mon entraîneur pour trouver la bonne formule et tuer la compétition derrière moi », dira-t-elle.
Une barre de départ à l’arraché à 73 kg réussie après le premier essai, la Mauricienne n’avait plus que deux adversaires, I’intouchable Chanu Mirabai et la Canadienne Amanda Braddock. Cette dernière avait aussi pu soulever la barre de 73 kg. Lorsque Braddock échoue au 2e essai avec une barre de 76 kg, Roilya Ranaivosoa et son entraîneur savaient que le top départ était donné. Sans forcer, la médaillée d’argent réussit son essai à 76 kg, sous les applaudissements d’un public connaisseur. Sa tentative à 78 kg échouera. « À ce moment de la compétition, la confiance était bel et bien présente, et je savais que mes capacités physiques me permettraient d’aller plus loin », avoue Roilya Ranaivosoa. À l’épreuve de l’épaulé-jeté, il fallait être non seulement concentré, mais aussi vigilant et trouver le bon moment de faire le break.
Sans problème de 90 à 94 kg
Alors que les autres participantes annonçaient une barre entre 80 et 85 kg, Gino Sooprayen choisit, lui, une barre à 90 kg. Tandis qu’Amanda Braddock et Chanu Mirabai, elles, ont indiqué 93 et 103 kg respectivement. La Canadienne s’est lancée avant Roilya Ranaivosoa sur la plateforme et tour à tour, elleéchouait à ses trois essais. Pour la Mauricienne, ce sera sans problème pour un essai à 90 kg. Sa première tentative à 94 kg ne sera pas la bonne, mais à la 3e, elle ne commet aucune faute. Sur l’image qui était transmise sur écran géant dans la salle de compétition, on pouvait admirer toute la force et toute la détermination de Roilya Ranaivosoa dans sa prise de la barre. Le pari gagnant qu’elle avait évoqué avec Le Mauricien il y a quelques jours a réussi.
Cette victoire, elle la dédie surtout à sa mère qui n’a pas toute sa santé, dit-elle. « Mais aussi à toute ma famille qui me soutient et à l’île Maurice. » Cette médaille d’argent lui rappelle en même temps ses échecs du passé. « Je dis toujours que si notre cœur, notre esprit et notre âme partent pour quelque chose, la réussite doit être au rendez-vous. » Roilya Ranaivosoa, comme indiqué plus haut, est une insoumise et profite de cette victoire pour dire le fond de sa pensée. « Je suis certes une femme heureuse avec ma médaille d’argent. Mais cela aurait pu être mieux si on avait eu la préparation qu’il fallait. Cette médaille est un exploit et une victoire. Malgré que nous vivions sur une petite île, nous sommes capables d’exploits. Je pense aussi qu’il est grand temps que les dirigeants du sport mauricien commencent à croire dans le potentiel et dans la capacité de leurs athlètes », soutient-elle.
Le message est lancé…