Plus de 90 représentants de diverses organisations étaient présents au forum, jeudi à Ebène, organisé par Gender Links en collaboration avec le Mauritius Council for Social Services (Macoss) pour marquer les 50 ans d’indépendance du pays. L’occasion pour Tania Diolle du Mouvement Patriotique (MP), Arvin Boolell du Parti Travailliste (Ptr), Lindsey Collen de Lalit et Malini Sewocksingh (PMSD) d’examiner les différents obstacles à une plus grande représentativité des femmes en politique.
Au cours du débat, Tania Diolle a fait ressortir que, de par la manière dont la société mauricienne a évolué, « il y a encore bon nombre de femmes qui se sentent plus à l’aise avec leurs semblables et qu’elles ont besoin de femmes comme modèles » pour les encourager à franchir le pas et s’engager dans la politique.
Pour sa part, Arvin Boolell trouve que les principaux obstacles à une plus grande représentation des femmes en politique sont les préjugés, voire la « discrimination » qui perdure dans la Constitution, notamment à la section 6 qui autorise le mariage à 16 ans avec le consentement parental, le manque de solidarité entre les femmes elles-mêmes et la discrimination ancrée dans les structures de la classe politique, qu’il faut revoir; « Au sein de la classe politique, il y a beaucoup à faire, c’est chronique. Il faut briser tout cela, depuis le fi nancement jusqu’à la réforme électorale. » La parité est présente chez Lalit, a affirmé de son côté Lindsey Collen, car de tout temps, ce parti a lutté contre les inégalités.
Et de se référer par là même au combat mené par les ouvrières de la Zone franche et les femmes chagossiennes. Elle souligne: « La classe sociale qui fait que 90 % de la population soit employée et n’a pas de pouvoir et que des structures hiérarchiques féodales soient basées sur le patriarcat font que les hommes dominent les femmes et d’autres hommes comme eux. » Malini Sewocksingh, elle, blâme, la société « non seulement patriarcale, mais égoïste et hypocrite ». Elle a rappelé que le PMSD, qui a plus de 60 ans d’existence, a toujours fait de la place aux femmes et les a mises en exergue. Pour que la classe politique s’enrichisse d’un plus grand nombre de femmes, elle estime qu’il incombe à celles-ci de lutter pour obtenir la place qui leur revient.
Les intervenants ont également pu exprimer la position de leur parti et la leur sur la nécessité ou pas d’introduire des quotas pour qu’il y ait un plus grand nombre de femmes en politique. Tania Diolle a estimé qu’il est important d’avoir un quota inscrit dans la Constitution d’un parti politique car « l’introduction d’une loi permet de changer les comportements et les attitudes ». Elle a précisé que le MP, qui n’a que trois ans d’existence, élabore actuellement sa Constitution et envisage d’y introduire un quota de 30 % de femmes. En revanche, le quota pour les femmes en politique, selon Arvin Boolell, ne fi gure pas dans la Constitution du PTr mais, devait-il indiquer, Navin Ramgoolam a publiquement déclaré qu’il y aura un tiers de femmes alignées aux élections. Par ailleurs, Arvin Boolell et Malini Sewocksingh estiment qu’une plus grande représentativité des femmes en politique « doit se faire naturellement » alors que Lindsey Collen pense « qu’imposer un quota de femmes en politique aura l’effet contraire et fera croire que cette représentativité est grande alors qu’elle ne l’est pas forcément dans la réalité. »
Engagements des intervenants
Ce dialogue politique à Ébène a pris fin sur un engagement de la part des intervenants: (a) militer pour que leurs partis visent à représenter et aligner les femmes de façon égale lors des élections locales et nationales (b) s’assurer que les femmes et les jeunes qui rejoignent leurs partis respectifs reçoivent une formation et un encadrement adéquats en politique (c) prendre des mesures pour briser les préjugés et éliminer les discriminations à l’égard des femmes comme les hommes en politique et ne pas mettre plus d’attentes sur les épaules des femmes qui s’engagent en politique (d) ne pas cautionner d’éventuels prédateurs sexuels et la violence au sein de leurs partis et (e) faire inscrire les mesures susmentionnées dans leurs manifestes électoraux.