Les autorités russes ont levé l’interdiction de Coupe du monde de football décrétée contre un journaliste de la télévision publique allemande ayant révélé un scandale de dopage en Russie, a annoncé mardi le gouvernement allemand.
« La partie russe vient de nous informer que Hajo Seppelt (le journaliste concerné de la chaîne ARD, ndlr) va pouvoir au moins se rendre dans le pays pour la Coupe du monde », a indiqué le ministre allemand de la Justice Heiko Maas sur son compte twitter.
Il a ajouté que son gouvernement « continuerait à s’engager en faveur de la liberté de la presse ».
Berlin avait la veille officiellement protesté contre le refus de visa pour la Coupe du monde par les autorités russes.
« Nous sommes convaincus que la Russie, en tant que pays hôte, se met en mauvaise posture en s’en prenant de manière évidente aux libertés de la presse et d’opinion », avait dénoncé le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert.
L’Allemagne avait aussi demandé à la Fifa, qui a approuvé la demande d’accréditation du journaliste, d’intervenir.
Journaliste à la chaîne de télévision publique allemande ARD et spécialiste du dopage, M. Seppelt avait fait savoir que sa demande de visa pour couvrir le Mondial de football (14 juin – 15 juillet) avait été refusée au motif qu’il figure sur une liste de « personnes indésirables ».
La résolution de cette affaire est intervenue quelques jours avant un déplacement prévu de la chancelière allemande Angela Merkel vendredi en Russie, à Sotchi, pour y rencontrer le président russe Vladimir Poutine.
Le journaliste d’ARD s’est distingué en révélant dans des documentaires en 2014 des pratiques de dopage dans le sport russe, évoquant, témoignages à l’appui, un système généralisé dans l’athlétisme.
Le reportage avait fait grand bruit et conduit à la mise en place d’une première commission d’enquête par l’Agence mondiale antidopage (AMA). Il avait été suivi de plusieurs autres, entre août 2015 et juin 2016, qui accusaient les Russes de continuer à enfreindre les règles. La Russie avait été bannie des compétitions d’athlétisme des JO de Rio 2016.
Une série d’enquêtes et de révélations de presse ont aussi mis en évidence un système de dopage orchestré par l’Etat russe au Jeux d’hiver de 2014 à Sotchi, un évènement dont M. Poutine avait voulu faire la vitrine de la puissance sportive de son pays.
En conséquence, après une série de sanctions adoptées malgré les dénégations russes, le pays en tant que tel avait été suspendu par le Comité international olympique (CIO). Seuls certains sportifs russes avaient pu concourir aux derniers Jeux de Pyeongchang cet hiver, sous bannière neutre.
© AFP