Les tractations auront été pénibles, provoquant un « shutdown » de plusieurs jours. Mais un compromis a finalement été trouvé, signant la fin de la crise budgétaire. De son côté, Donald Trump crie victoire.
Le président américain Donald Trump a salué comme une grande victoire de son camp le compromis budgétaire temporaire conclu lundi au Congrès mettant fin à la fermeture partielle du gouvernement fédéral, qui menaçait de faire tourner le pays au ralenti. A l’issue d’intenses tractations, les leaders démocrates du Sénat ont accepté un texte assurant le financement de l’État jusqu’au 8 février, avec l’objectif affiché de trouver un accord sur le sort de centaines de milliers de clandestins arrivés jeunes aux États-Unis, connus sous le noms de « Dreamers » (Rêveurs).
« Je suis content que les démocrates aient décidé de se montrer raisonnables », s’est félicité Donald Trump dans un bref communiqué lu par sa porte-parole Sarah Sanders. Conséquence directe de cette sortie de crise : l’occupant de la Maison Blanche participera bien en fin de semaine au Forum économique de Davos, en Suisse. Un an presque jour pour jour après son arrivé au pouvoir, il aura l’occasion d’y livrer vendredi sa vision de « L’Amérique d’abord » devant un parterre de chefs d’Etat, dirigeants d’entreprises et stars d’horizons divers.
La pilule a un goût amer pour l’aile gauche du parti démocrate qui voulait poursuivre le bras de fer: le vote sur ce budget temporaire est finalement passé sans contreparties fermes sur l’immigration de la part des républicains. Ce compromis, adopté par le Congrès, a été promulgué lundi soir par Donald Trump, a annoncé la Maison Blanche dans un communiqué.
Le premier « shutdown » de l’ère Donald Trump aura donc duré trois jours. Le dernier, qui remonte à 2013, sous l’administration du président démocrate Barack Obama, avait duré 16 jours. « Les démocrates ont réalisé que leur position était indéfendable », a lancé tout sourire Sarah Sanders lors de son point de presse quotidien en milieu de journée.
Trump « spectateur » Le chef de file des démocrates au Sénat Chuck Schumer a justifié sa décision d’aller au compromis par la nécessité d’avancer de manière constructive sur l’immigration. Et a longuement ironisé sur la confusion régnant, selon lui, à la Maison Blanche où le président américain est resté très discret tout le week-end. « Les républicains n’ont jamais pu avoir une idée claire de ce que leur président voulait », a-t-il lancé. « Le président qui se vante d’être un grand négociateur a joué un rôle de spectateur », a-t-il ajouté. Mais la partie s’annonce compliquée pour les démocrates qui souhaitent aboutir rapidement à la régularisation des « Dreamers », dont le statut temporaire accordé sous Barack Obama a été supprimé en septembre. Certes, l’accord budgétaire obtenu lundi n’est que temporaire et la nouvelle échéance du 8 février leur donnera de nouveau l’occasion de faire valoir leur point de vue.
« Les démocrates ont potentiellement la possibilité de provoquer un nouveau “shutdown” si aucune avancée n’est enregistrée sur l’immigration dans les semaines à venir », a souligné Molly Reynolds, chercheuse à la Brookings Institution. Mais ils ressortent malgré tout affaiblis de ces trois journées de tractations budgétaires acrimonieuses. Dès l’entrée en vigueur du « shutdown », la Maison Blanche avait affirmé qu’il ne serait pas question de négocier sur l’immigration tant qu’un budget temporaire n’aurait pas été voté. Elle a, de fait, eu gain de cause sur ce point.
Au milieu de la confusion des derniers jours, la Statue de la Liberté a réussi à faire entendre une voix distincte. Fermée aux touristes samedi matin, elle a rouvert lundi. L’État de New York avait en effet décidé de payer de sa poche les employés fédéraux nécessaires à la réouverture de ce monument emblématique d’une Amérique ouverte aux migrants. La statue est importante pour l’économie mais « elle est plus que ça », avait souligné dimanche Andrew Cuomo, gouverneur démocrate de New York. « C’est un symbole de New York et de nos valeurs (…). Son message n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui. »