Le ministre mentor, sir Anerood Jugnauth, qui avait dirigé la délégation à la Cour internationale de justice du 3 au 6 septembre pour les auditions orales concernant les Chagos, a exprimé hier « le sentiment d’un devoir accompli » au sujet des Chagos. Il a fait état d’une confiance prudente quant à l’issue d’un avis consultatif qui sera donné par les juges. « Je suis confiant mais tout le dossier est maintenant entre les mains des juges », a-t-il lancé.
« Maurice a présenté son cas avec force et conviction, et des arguments solides et bien élaborés », affirme-t-il en rendant hommage aux avocats étrangers et mauriciens qui ont travaillé « avec conviction et avec leur cœur ». ll a également évoqué la présence d’Olivier Bancoult et des Chagossiens qui faisaient partie de la délégation, en particulier Liseby Elysé, dont le témoignage a touché tout le monde. Il a constaté que les Anglais avaient repris les mêmes arguments qu’à l’Assemblée générale des Nations unies en soutenant qu’il y avait eu consentement de la part de Maurice concernant l’excision des Chagos et de ce fait, c’est une affaire sur laquelle la CIJ n’a pas de juridiction car c’est une question d’ordre bilatéral.
SAJ est revenu sur la conférence constitutionnelle de Lancaster House en 1965 et a soutenu que la question de l’excision des Chagos n’avait jamais été évoquée dans la salle de négociation. Sir Seewoosagur et d’autres membres du PTr avaient rencontré les représentants britanniques en privé. « Ce n’est qu’après que nous avons appris que la souveraineté a été achetée », a-t-il dit.
Il s’est dit choqué par l’affirmation de Jean-Claude de l’Estrac selon laquelle « les Chagos ont été vendus ». « J’étais choqué en lisant cela. Ceux qui ont vendu ont eu de l’argent et savent ce qu’ils ont fait de cet argent », a-t-il ajouté. Il a insisté sur le fait que lors des négociations, la Grande Bretagne était encore le colonisateur et Maurice, une colonie. « Les forces étaient inégales », a-t-il précisé.
Pour lui, le recours à la Cour internationale de justice a fait l’objet d’une longue réflexion et à l’annonce de sa décision, il avait fait l’objet de très fortes pressions de la part de la Grande-Bretagne et des États-Unis mais il n’a pas cédé.
« Je suis fier du travail commencé en 2015 durant laquelle on a rencontré beaucoup de chefs d’État. Avec le coup de main du Premier ministre, Maurice a réussi à rallier autant de soutiens d’un grand nombre de pays », a-t-il dit. À ce propos, il a adressé un remerciement spécial à l’ambassadeur Koonjul qui représente Maurice à New York.
« J’espère que la démarche entreprise connaîtra le succès espéré et que le pays puisse sa vraie indépendance. J’espère que la mission entreprise pourra mettre fin au dernier vestige de décolonisation en Afrique », a-t-il conclu.
Olivier Bancoult a souligné que la présence des Chagossiens à La Haye était primordiale. « On a montré la souffrance qu’ont connue les Chagossiens », a-t-il dit. « Le témoignage de Liseby Elysé était celui de tous les Chagossiens. On a montré ce que le champion des droits de l’homme a fait subir aux Chagossiens », a-t-il observé. Il a remercié l’État mauricien d’avoir permis aux Chagossiens d’exprimer leurs souffrances.