Des échanges de communications entre Newoor et Dowluth au moment du drame dans la soirée du 31 août évoqués
L’interrogatoire “under warning” lundi du Deputy Port Master Kavidev Newoor était axé sur sa conversation avec Imran Dowluth, qui était en charge des opérations de la Mauritius Port Authority (MPA) le 31 août. Il a aussi été confronté aux versions des rescapés, qui avaient laissé entendre que le premier nommé leur avait demandé de « atas barz pou amenn Porlwi » alors que le câble reliant le Sir Gaëtan et L’Ami Constant avait cédé sur une mer démontée. Il a aussi confirmé une conversation avec Moswadeck Bheenick, étant donné que c’est lui qui avait fait le planning pour cette sortie depuis une semaine.
Pendant cinq heures d’interrogatoire hier, Kavidev Neewoor a expliqué les instructions qu’il a données pendant la nuit du drame. Il avance avoir reçu un coup de fil du Harbour Radio, l’informant que le remorqueur a eu un problème dans la région de Poudre-d’Or. Comme il était en “local leave”, il dit avoir appelé son remplaçant Imran Dowluth, lui demandant des détails sur l’état du Sir Gaëtan et son équipage. Le Deputy Port Master a indiqué qu’il a aussi ordonné à son subordonné d’alerter le National Coast Guard (NCG) pour toute assistance en mer.
Étant donné que la Beacon Radio du “tug” n’a pas une longue fréquence, il a alors contacté le capitaine Moswadeck Bheenick sur son cellulaire pour faire un état de la situation à bord. Assisté de l’avocat Neelkanth Dulloo, le Deputy Port Master a déclaré au CCID que le skippeur du sir Gaëtan lui a dit que l’eau s’était infiltrée dans la salle des machines et que l’équipage était en train de la pomper. Moswadeck Bheenick lui a aussi dit que la mer était houleuse. Kavidev Newoor dit avoir appelé son subordonné de son propre gré, car c’est lui qui avait fait le planning depuis une semaine pour la sortie du remorqueur afin de ramener la barge L’Ami Constant.
Le Deputy Port Master a également déclaré avoir suggéré à Imran Dowluth de monter une équipe pour prendre le remorqueur Sir Edward afin de le diriger vers Poudre-d’Or. Sauf que des rescapés ont affirmé dans leur version qu’ils devaient « tout faire pour rattacher la barge dont la corde avait cédé ». Ils avaient qualifié cet exercice de « périlleux », avec des vagues de plus de cinq mètres. C’est lors de cette opération « pou atas barz » que L’Ami Constant a heurté le remorqueur, créant une brèche où l’eau s’est infiltrée. De plus, l’un des rescapés a fait état de « harcèlement » de Kavidev Newoor pour ramener la barge à Port-Louis. Or, c’est une autre équipe qui devait prendre la relève sur le Sir Gaëtan lundi soir et attendre la nuit passée pour ensuite mettre le cap vers le port tôt mardi matin.
Entre-temps, Moswadeck Bheenick et son équipe devaient, eux, être ramenés à terre par le National Coast Guard (NCG) à Pointe-d’Esny au coucher du soleil lundi pour rentrer chez eux. C’était d’ailleurs le planning initial. Mais ils ont demeuré sur le Sir Gaëtan suivant les instructions de Kavidev Newoor.
L’interrogatoire de Kavidev Newoor devra reprendre jeudi et les enquêteurs voudront des détails précis sur certains aspects spécifiques, de même que par rapport à la déposition donnée par le syndicaliste Jean-Yves Chavrimootoo, qui a fait état de « certains manquements » sur le Sir Gaëtan.
Selon nos renseignements, Imran Dowluth a déjà été entendu par le CCID, où il avait donné des détails sur la teneur de sa conversation avec Kavidev Newoor. Il a fait comprendre à la police qu’il n’est « aucunement derrière la décision de remorquer la barge jusqu’à Port-Louis durant la nuit » et devait inviter le CCID à chercher des précisions auprès de son supérieur. Entre-temps, la police a sollicité la station météo de Vacoas afin qu’un météorologue puisse certifier les bulletins du lundi 31 août. En ce qui concerne l’interrogatoire du capitaine Gervais Barbeau, celui-ci se déroulera également “under warning” au courant de cette semaine. La police a appris qu’il ne travaillait pas le jour du drame, mais qu’il a bien été informé du naufrage. Les enquêteurs veulent savoir les instructions qu’il a données aussitôt qu’il a été mis au courant de la nouvelle.