La demande de permis EIA de la compagnie West Coast Leisure, qui projette de construire un hôtel sur 14 arpents à Bel-Ombre, est sujette à contestation. Le Forum Citoyens libres (FCL) de Georges Ah Yan a soulevé plusieurs aspects qui ne seraient pas en ligne avec le développement durable. Un document en ce sens a été envoyé à la directrice de l’environnement la semaine dernière. Outre la fourniture en eau et en électricité, le FCL questionne également l’autorité sur le prix du bail accordé pour ce projet.
Ce projet de 5-Star Boutique Hotel, à Bel-Ombre, comprendra 33 suites indépendantes avec piscines individuelles ainsi qu’un restaurant, un spa et un Wellness Centre, entre autres. Le promoteur du projet est West Coast Leisure, une compagnie sub- sidiaire de Hyvec Partners Ltd. Dans ses commentaires envoyés au ministère de l’Environnement, Georges Ah-Yan, le porte-parole du FCL, note que ce projet n’est pas autonome en matière
d’approvisionnement en eau et en électricité. « Nous notons que le CEB et la CWA arrivent tout juste à alimenter la population locale, les hôtels existants, IRS, RES et autres Smart Cities qui approvisionneront cet hôtel en devenir », fait-il remarquer. Le promoteur ayant expliqué des « contraintes imposées » au niveau du CEB pour justifier l’impossibilité d’installer des panneaux photovoltaïques, le FCL se dit sceptique à ce sujet et pense qu’il ne s’agit là que d’une « excuse visant à écono- miser sur le coût des travaux et à se faire servir par le service public au détriment de la population ». Le contestataire estime également que la consommation électrique prévue de 265 KVA doit être détaillée pour une meilleure compréhension du public.
En ce qu’il s’agit de la fourniture en eau, le FCL est d’avis que « les autorités ont le devoir, vis-à-vis de la population, qui souffre déjà de manque d’eau, d’exiger une station de dessalement à chaque nouveau projet de développement important ». Se référant à la page 29, section (g) de l’application, Georges Ah-Yan relève qu’il y est mentionné : « Green roofs are being envisaged on most buildings and hence rainwater harvesting systems are not being implemented. » Pour lui, « les eaux pluviales termineront leur course dans la mer ». Il se demande aussi quel sera l’impact sur la faune et la flore marines et dit regretter que le document EIA « ne contienne pas d’analyse scientifique sur l’impact de l’ensemble des activités humaines » induites par ce projet, sur la faune et la flore, ainsi que sur la qualité de l’eau de mer.
De même, le FCL rappelle qu’il y a déjà plusieurs hôtels dans la région, à savoir l’Heritage Le Telfair, l’Heritage Awali, l’Outrigger, le Tamassa et le So Sofitel. Il considère « étonnant » que le document EIA du promoteur mentionne : « So Sofitel ne se remplit pas à cause de son éloignement des autres hôtels, et que le présent projet l’aidera à se remplir… »
En ce qu’il s’agit du bail accordé à la compagnie pour ce projet, Georges Ah- Yan se demande : « Pourquoi céder ce terrain, avec 583 m de front de plage, à Rs 1,5 M l’arpent ? C’est largement en dessous de la valeur marchande. C’est le prix moyen d’un terrain d’un cinquième d’arpent pour la construction d’une maison à Maurice et pas pied dans l’eau. » Il demande ainsi des éclaircissements aux autorités concernées sur la durée du bail, qui n’est pas mentionné dans le rapport.
Le FCL relève également des contradictions concer- nant la création d’emplois. Il souligne que, dans la partie « Effects on Human Environment », on mentionne la création de 150 emplois directs et 300 emplois indirects, y compris les “hawkers”. « Toutefois, dans les pages précédentes, on mentionne 400 emplois directs et 200 emplois indirects. Which is which ? » se demande-t-il.
En dernier lieu, le FCL s’interroge sur les compé- tences de Dev Sewpal, principal consultant EIA pour ce projet. « Nous sommes humbles devant sa longue expérience, dont 10 ans au ministère des Terres et du Logement, 20 ans dans le secteur immobilier, ainsi que son rôle de consultant pour le projet de Business Parks of Mauritius. Cependant, pour l’engagement environnemental qu’il prend, nous apprécierons des précisions concernant ses qualifications en termes de sciences de l’environnement. »