Un National Drug and HIV Council, annoncé récemment par le gouvernement, devrait bientôt déposer ses recommandations. Une campagne nationale contre la drogue et les méfaits des drogues synthétiques est aussi à l’agenda du gouvernement. Entre-temps, en l’absence d’un plan national de prévention et de prise en charge médicale et sociale, la drogue synthétique est en train de faire de gros ravages dans le pays. Cinq ans après son entrée dans l’île, elle s’attaque à toutes les couches sociales.
En quelques années seulement, la drogue synthétique a pris une telle ampleur à Maurice que le combat qui attend les autorités sera loin d’être une mince affaire. Qui dit combat ne dit pas uniquement répression, car les saisies et les arrestations par la police se font. Mais il s’agit de la prévention et des structures ou autres moyens pour la prise en charge des consommateurs de drogue synthétique. La saisie de quelque 200 doses de drogue synthétique à Roche-Bois cette semaine rappelle à quel point celle-ci a gagné du terrain. Le combat national qu’envisage le gouvernement est donc attendu avec impatience par les organisations non-gouvernementales les plus actives en matière de prévention et de sensibilisation.
Au début de ce mois, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, qui animait la conférence hebdomadaire du gouvernement, avait annoncé une nouvelle qui devrait réjouir tous ceux qui mènent un combat inlassable contre la drogue. Le nouveau National Drug and HIV Council, déclarait le ministre, soumettra ses recommandations au gouvernement en vue d’endiguer la problématique de la drogue. Soodesh Callichurn devait aussi, au nom du gouvernement, annoncer une campagne nationale de sensibilisation sur les méfaits de la drogue, principalement les produits synthétiques. Cette initiative serait la première depuis 2014. Une année auparavant, la Dangerous Drugs Act avait été amendée afin d’introduire les drogues synthétiques. Et depuis, il n’y a jamais eu de campagne nationale préventive autour de la consommation des produits synthétiques fabriqués en laboratoire.
L’arrivée du National Drug and HIV Council est d’emblée saluée par des ONG et acteurs de la société civile. À ce jour, l’on ne connaît pas encore la composition de ce conseil, ni son rôle et ses prérogatives. Toutefois, Dany Philippe, du Collectif Urgence Toxida, souhaite que les recommandations du NDHIVC prennent en compte, entre autres choses, la nécessité de revoir la loi et la mise sur pied d’une structure destinée aux jeunes toxicomanes, dont les accrocs à la drogue synthétique. Malgré les ravages – notamment les décès qui y sont associés – des drogues dites chimiques, aucune enquête épidémiologique n’a été faite à Maurice.
« L’âge du consommateur de drogue synthétique se situe entre l’adolescence et la trentaine », affirme Imran Dhannoo, du Centre Idrice Goomanee. Quant au profil du consommateur, il a assurément changé. « Il est absolument faux de dire que la drogue synthétique est la drogue des pauvres », insiste-t-il. Les cibles de cette drogue ne sont plus uniquement des jeunes issus de milieux en précarité économique. Celle-ci touche des victimes de toutes les classes sociales confondues. En provenance d’Inde essentiellement et de Chine, la drogue synthétique circule auprès des jeunes scolarisés, au chômage, employés, etc.