Pour marquer les 50 ans de l’indépendance, Ledikasyon Pu Travayer (LPT) a traduit les “Standing Orders” de l’Assemblée en kreol. Cette initiative fait suite à la récente déclaration du Premier ministre au Parlement à l’effet qu’il y aurait des problèmes techniques concernant l’utilisation de la langue maternelle à l’Assemblée.
Alors qu’on célèbre les 50 ans de l’indépendance, LPT dit noter que le kreol est toujours interdit à l’Assemblée. « Cela veut dire que, dans l’instance suprême de la démocratie, la politique de langue n’a pas encore été décolo- nisée », souligne Lindsey Collen dans un communiqué émis pour
l’occasion. Elle fait référence à la section 49 de la Constitution, où il est stipulé : « The official language of the Assembly shall be English but any member may address the chair in French. »
Toutefois, suivant la motion d’Alan Ganoo à l’Assemblée l’année dernière, le Premier ministre avait laissé entendre qu’il n’était pas contre l’utilisation du kreol mais qu’il y avait « quelques points techniques » à régler. Un comité technique devait être mis sur pied pour travailler sur ce sujet. LPT a saisi la balle au bond en prenant les devants pour une traduction des “Standing Orders” en kreol. Outre ses membres, plusieurs professionnels, dont Me Jean- Claude Bibi, y ont apporté leur contribution. Étant donné que ce dernier est un ancien député et ministre de la Justice, son expérience apportera un plus pour peaufiner les termes techniques.
Lindsey Collen rappelle par ailleurs que du point de vue linguistique, il y a déjà eu d’énormes progrès, notamment le développement d’une orthographe « utilisée par le conseil des ministres », l’élaboration d’un programme scolaire ainsi que la formation des officiers chargés de la transcription en cour. « Aujourd’hui, à la veille des 50 ans de l’indépendance, un amendement à la Constitution est devenu urgent pour décoloniser la langue au parlement. »
LPT souligne que le ministre Mahen Jhugroo a déjà « pris une bonne position » sur la question. De même que le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, ainsi que les députés du MMM. « Même sir Anerood Jugnauth, en 1977, avait déjà présenté un Private Member’s Bill pour l’introduction du kreol comme langue officielle à l’Assemblée. Cela veut dire qu’il y avait déjà la volonté politique à l’époque. Aujourd’hui, Pravind Jugnauth doit développer sa propre volonté politique pour marquer l’histoire. »