Ils étaient trois, Bain Ulyate, Patrick Hofman et Frédéric Gébert, à avoir été licenciés avec effet immédiat le 6 octobre dernier par Air Mauritius, à la suite des vols annulés le 4 octobre dans le sillage de l’absence pour cause de maladie d’une douzaine de pilotes, provoquant une véritable pagaille à l’aéroport SSR. Deux mois après, Frédéric Gébert, qui a réintégré son poste une semaine plus tard, vole déjà.
Et cette semaine, après plusieurs sessions devant le comité ad hoc institué à cet effet, ce fut au tour du commandant Bain Ulyate, qui a finalement présenté ses excuses à la direction de MK, d’être réintégré à son poste. Reste Patrick Hofman. Le président de l’Airline employées Association est désormais isolé. Le comité ad hoc poursuit ses travaux et devrait siéger à nouveau cette semaine mais il reviendra au board d’Air Mauritius de trancher.
C’est sans condition que le commandant sud-africain Bain Ulyate a réintégré la semaine dernière son poste au sein de la compagnie d’aviation nationale. La veille, le comité ah doc sous la présidence de Me Patrice Doger de Speville avait siégé. Et la décision est tombée en fin d’après-midi, mercredi dernier, un communiqué d’Air Mauritius précisant que “suite à la lettre d’excuses sans réserves envoyée par le Commandant Bain Ulyate, Air Mauritius a enclenché les procédures pour sa réintégration.” Aucune date toutefois ne transpire quant à la date qu’il reprendra ses fonctions, comme le commandant Patrick Hofman, depuis le 6 octobre, car suspendus. On apprend que des exercices de simulation de vol sont prévus et obligatoires pour le commandant sud-africain avant qu’il ne reprenne du service. Ce qui pourrait être fait dans une semaine.
Stratégie de division
Si cette deuxième réintégration — Frédéric Gébert ayant lui été réintégré une semaine après, suite à une lettre d’excuses envoyée à la direction d’Air Mauritius, satisfait la Mauritius Air Line Pilots Association (MALPA) qui se dit “ravie de voir que des instructions ont été données pour que les avocats des deux parties puissent discuter en vue de trouver un accord et d’apprendre la réintégration inconditionnelle du commandant Ulyate”, le syndicat est impatient de voir la même chose se faire pour le commandant Hofman dans le plus bref délai.
Cela afin de pouvoir finalement, comme réclamé, entamer les discussions avec la direction de MK pour rétablir la sérénité et assurer la bonne marche de l’entreprise.
Par contre, le cas du commandant Hofman, évoqué, parmi la direction d’Air Mauritius, paraît “plus compliqué”. D’autant qu’outre son licenciement par Air Mauritius, son permis de résident avait aussi été résilié par le Prime minister’s Office. Mais selon les informations de Week-end, dès la suspension des trois pilotes, la direction d’Air Mauritius avait établi une stratégie de division entre les mis en marge. Si le commandant Gébert a préféré rapidement rentrer dans les rangs, Ulyate a défendu ses positions plus longtemps mais ses obligations familiales ont fragilisé sa solidarité. Finalement, ce que désirait Air Mauritus est arrivé : le président de l’AEA est maintenant isolé. Au MK Tower, on rend le commandant belge Hofman comme principal, sinon seul, responsable des maladies soudaines et concomitantes des pilotes — ce que réfute bien évidemment l’association des pilotes. qui rappelle sa solidarité à toute épreuve avec son président limogé. Mais les partisans de la ligne dure à l’encontre du pilote belge affirment qu’il a mis en cause des responsables du GM et de la direction de MK et qu’il a incité à un mouvement collectif. Ils s’appuient pour cela sur des éléments physiques inavouables et illégales.
Dans tous les cas, le commandant Hofman devra encore s’expliquer devant le comité ad hoc qui poursuit ses travaux. “Le dossier Hofman fait l’objet de tractations à travers les avocats respectifs des deux parties, soit d’Air Mauritius et moi-même. Mais jusuqu’ici il n’y a pas eu de développements majeurs”, explique Me Gavin Glover. Il nous revient que la direction d’Air Mauritius s’attend à ce que le commandant belge présente ses plus plates excuses mais que c’est le board qui décidera de son sort. Son avocat, Gavin Glover, se dit pour l’instant “confiant qu’on arrivera à une solution qui ira dans le sens d’une réintégration du commandant Hofman.”
Pour l’association des pilotes, la réintégration de Patrick Hofman est une étape indispensable pour un retour à une certaine normalité. En tout cas c’est un préalable pour le rétablissement du moral au sein de la compagnie d’aviation national. Une condition sine qua none pour le rétablissement des négociations syndicales et de la paix industrielle avec la direction d’Air Mauritius. Tout maintien de sanctions envers Patrick Hofman pourrait être suivi d’un mouvement de solidarité susceptible de perturber davantage les vols en cette fin d’année. Les pilotes ne souhaitent pas en arriver là et espèrent le bon sens de la direction pour rétablir la sérénité.
Par ailleurs, le manque de pilotes se fait cruellement sentir et l’embauche se fait plus difficilement que dans le passé selon sources au sein d’Air Mauritus. La situation des relations industrielles, les salaires proposés et les baisse des prestations rendent l’attractivité de la compagnie nationale d’aviation moins performante que dans le passé.