La pole dance, ou la danse verticale autour d’une barre, est aujourd’hui une discipline gymnique et sportive reconnue partout dans le monde. Pour Yulia Lo Bosco, professeur de pole fitness, qui en tient une école à Coignet, Beau-Bassin, ce sport attire de plus en plus de Mauriciennes, encouragées par ses nombreux bienfaits pour le corps et par l’estime de soi qu’elle procure, loin de la réputation sulfureuse qu’on lui a faite à Maurice.
La pole dance a une longue histoire. D’abord pratiquée dans des cirques, ensuite par des strip-teaseuses, c’est au début des années 1990 que des femmes non issues du milieu de la nuit commencent à s’adonner à la pole dancing, en délivrant, en quelque sorte, à cette danse, un certificat de respectabilité. Depuis les années 2000, une série d’associations et de compétitions ont vu le jour dans le monde, avec un double objectif : faire reconnaître la pole dancing comme un sport et, à terme, permettre son intégration aux Jeux olympiques.
Dissipons d’abord tout malentendu. A Maurice, c’est d’abord l’aspect sensuel, voire érotique pour certains, de cette discipline qui prime. Mais la pole dancing est d’abord un sport, et comme tout sport il y a la pratique et la façon de s’habiller. Loin d’être un déshabillage ou effeuillage, la pole dance est pratiquée pour les multiples bienfaits qu’elle procure au corps, et, parmi ces bienfaits figurent, bien entendu, une certaine révélation de sa féminité, de sa sensualité, à la femme qui s’y adonne.
Il est 16 h 30. Les jambes enroulées autour d’une barre, Yulia Lo Bosco exécute des figures en attendant ses élèves pour la classe de 18 heures. Petite, au corps sculpté, si l’on ose dire, dans la barre, elle porte une petite culotte assortie d’une brassière de pole dance qui maintient sa poitrine généreuse. Sensuelle avec son teint doré, ses immenses faux cils, son gloss qui illumine sa bouche pulpeuse et ses ongles sophistiqués, elle ferait tourner la tête de milliers d’hommes. Mais ce n’est pas là l’essentiel, dit-elle. Cette Russe, qui a pratiqué et enseigné le pole dance fitness à Cologne, en Allemagne, pendant plusieurs années, aime cette forme de danse pour entretenir d’abord sa forme, pour jouir d’une bonne santé morale et physique.
Au Pole Fitness Studio, à Beau-Bassin, sur des étagères trônent des chaussures plateformes, certaines mesurant jusqu’à 20 cm, accessoires indispensables pour les danseuses. C’est là que Yulia accueille ses élèves, toutes des femmes, loin du regard des hommes… Ici, on s’efforce d’effacer l’image érotique liée à la pole dance en offrant une formation complète, de l’initiation à des cours plus avancés. Et, de fait, il s’agit surtout d’une maîtrise parfaite, de trouver l’équilibre, il s’agit de tension musculaire et de souplesse, car à la moindre défaillance, on se retrouve au sol… Mais, qu’on se rassure, les exercices se font étape par étape, comme dans tout sport. « Toutes les femmes peuvent pratiquer cette danse acrobatique. Chez moi, on en trouve de 18 à 48 ans », dit-elle.
La prof, venue s’installer à Maurice en novembre 2017, a déjà rendu populaire la pole dance auprès des dizaines de femmes. Elle peut accueillir 12 élèves (en raison de 6 barres) par session qui est d’une durée d’une heure. Comme toutes les disciplines sportives, la session commence par des exercices d’échauffement : « Classes start with warm up to prepare the body. Then they will learn differents moves like spins, flexibility, strength moves, combined moves. » Après l’apprentissage technique en appui sur la barre, l’étirement est important pour terminer la session. « C’est comme un cours de gym. C’est un vrai sport et, ailleurs dans le monde, se déroulent de vraies compétitions de pole dance avec un engouement toujours plus grand pour cette discipline », dit-elle.
Sensuelle verticalité
Contrairement à la gym ou autre activité sportive, la pole dance fitness ne peut se pratiquer en tenue de sport, en legging ou crop top. Afin de réaliser les différentes figures, l’instructrice explique qu’il est nécessaire d’avoir la peau nue à certaines parties du corps, comme les bras, le ventre, les hanches et les jambes, car ce sont ces membres qui permettent de s’accrocher à la barre, les mains seules exigeraient trop d’efforts pour se maintenir en équilibre et la chute est plus probable. « Porter le minimum sur la peau a des avantages: le contact entre la peau et la barre permet une bonne adhérence », explique-t-elle.
Concentration, force, souplesse, élégance, cette discipline gymnique offre autant de bienfaits au corps que n’importe quel sport. Selon Yulia, le plus important est d’être disposé à faire travailler son corps, et les bénéfices en sont nombreux, ajoute-t-elle : « We get stronger, more flexible, we lose weight and feel better ». Et tout est une question d’équilibre. Toutes les parties du corps sont sollicitées, dont les abdos et les fessiers. Ajoutez à cela, la touche de sensualité, la prouesse physique de se tenir à la verticale tout en restant belle, non crispée. Ce qui fait à la fois le bonheur de la danseuse — puisque la barre met en valeur sa féminité — et celui des hommes… Des pole danseurs, il y en a ailleurs, mais à Maurice, il semble que la gent masculine ne s’y intéresse pas, car Yulia Lo Bosco ne compte aucun élève masculin.
Mais en dehors de la sensualité et des bénéfices physiques de la pole dance, il y a aussi l’assurance qu’elle procure, l’estime de soi, sur lequel la Russe met beaucoup d’accent : « Son côté acrobatique permet d’affronter les peurs, dont celle de la hauteur de la barre et de la chute. On y ressort avec une plus grande confiance en soi », assure Yulia Lo Bosco. « When I started pole fitness, I started to love myself. Like me, many women just get more confident », dit-elle.