« Des jeunes ne savent même pas que 44% de la population ont voté contre », dit-il
« Mme Poonoosamy, seule femme candidate aux législatives de 1967, fut platement battue »
Paul Bérenger, leader du MMM, qui intervenait hier à la commémoration de la Journée internationale de la Femme par la Commission Femmes de son parti, a regretté l’absence de rappel historique des événements en toile de fond de l’accession de Maurice à l’Indépendance il y a 50 ans. « Des jeunes ne savent même pas que 44% de la population ont voté contre et que la proclamation de l’Indépendance s’est faite sous l’état d’urgence en présence de militaires britanniques, baïonnettes aux mains », a-t-il souligné.
Paul Bérenger devait, d’abord, trouver que le pays a raté une grande occasion de célébrer comme il se doit ses 50 ans d’Indépendance : « Il était important de faire connaître aux jeunes, outre notre demi-siècle d’Indépendance, mais aussi les dernières années pré-Indépendance. » Il a aussi souligné que des jeunes ne savent même pas pourquoi l’Indépendance a été proclamée le 12 mars 1968 sous l’état d’urgence « en présence de militaires britanniques baïonnettes aux mains ». Même ignorance, devait-il ajouter, des tristes bagarres communales de 1965 et de 1968.
Pour Paul Bérenger, les jeunes d’aujourd’hui ne savent même pas, pour beaucoup, que 44% de la population avaient voté contre l’accession du pays à l’indépendance aux élections générales d’août 1967. Or, selon lui, si tel a été le cas, la raison se trouve dans les événements ayant eu lieu durant la décennie menant à l’Indépendance. « Il faut partir de 1958 avec la mort de Renganaden Seeneevassen jusqu’à l’accession officielle du pays à l’indépendance le 12 mars 1968 ». Mais, dit-il, l’Histoire contemporaine de Maurice, c’est aussi la période s’étendant de 1968 à 1976, d’une part, et celle de 1976 à aujourd’hui.
« En ce jour où nous commémorons la Journée internationale de la Femme, il nous faut prendre la mesure du parcours réalisé » dit Paul Bérenger qui rappelle qu’aux élections pour l’Indépendance de 1967, la seule femme candidate, Radha Poonoosamy, fut battue à Quatre-Bornes en n’arrivant qu’à la sixième place, et qu’il
aura fallu attendre les premières législatives après l’Indépendance, en 1976, pour voir des femmes être élues à l’Assemblée législative d’alors.
Ainsi, a-t-il rappelé, sur les trois candidates MMM alignées, deux, Vidula Nababsing et Shirin Aumeeruddy-Cziffra, furent élues et une troisième, Sheila Bappoo, quoique battue, arriva quand même à la quatrième place.
« Depuis sa création en 1969, le MMM peut dire sa fierté d’avoir été un parti à l’avant-garde de la lutte féministe », a argué le leader des mauves. Et d’évoquer, de manière plus actuelle, la nouvelle constitution du MMM adoptée l’an dernier dans laquelle ce parti s’engage à atteindre la parité 50/50 dans toutes ses instances d’ici à l’horizon 2030.
« Nous avons aussi pris l’engagement d’œuvrer pour qu’aux prochaines élections générales, la loi soit amendée pour qu’un tiers des candidats soient des femmes », a-t-il dit. Paul Bérenger devait poursuivre en déclarant que si d’ici là, la loi n’est pas encore modifiée à cette fin, son parti au moins s’engage à tout entreprendre pour qu’au moins 30% de ses candidats soient des candidates. Mais il reconnaît que tout cela était « easier said than done ». « Ce ne sera pas facile. Encore plus avec la manière dont les choses évoluent ».
Paul Bérenger n’a pas manqué, à ce propos, de juger « tellement triste » que l’affaire Gurib-Fakim ait surgi au moment même où l’on commémore la Journée internationale de la Femme et où l’on va célébrer le cinquantenaire d’Indépendance du pays. Il devait adjoindre aux reproches faites à la présidente celles s’appliquant à la Speaker, Maya Hanoomanjee. « Dans son cas, nous espérons qu’elle se ressaisisse et nous fasse oublier ses gabegies d’ici à la rentrée parlementaire le 27 mars prochain ». Nénanmoins, Paul Bérenger a soutenu que tout ce qui est reproché à ces deux femmes nommées aux plus hautes fonctions sous l’actuelle mandature ne devrait pas, pour autant, ralentir les efforts visant à confier les plus hautes responsabilités à des femmes. « Prenons, au contraire, l’engagement de mettre encore des femmes à la tête de l’Etat et de l’Assemblée nationale », a-t-il conclu.
C’est autour du thème « 50 ans de contribution de la femme au développement de l’île Maurice » que s’est articulée cette Journée de Réflexion et de Propositions à laquelle ont participé des déléguées venant des 20 Comités régionaux du MMM.
Placée sous la présidence de Ouma Bahadoor, le rassemblement a vu des interventions d’Ariane Navarre-Marie, Gaytree Dayal et Jenny Adebiro avant une interaction avec l’assistance. La réflexion allait culminer en la formulation d’un certain nombre de propositions à être ultérieurement considérées par le parti.
Outre le leader du MMM, Paul Bérenger, le secrétaire général de ce parti, Ajay Gunness, est aussi intervenu à l’ouverture des travaux.