Des “lalos”, elle n’est pas prête d’en manger. Non pas que ce légume la répugne. C’est plutôt que l’évocation des “lalos” fait remonter chez elle un horrible souvenir. Et son gros orteil emmailloté ainsi que la douleur ressentie le lui rappellent. Suzette Carpen est dégoûtée. Et elle n’en revient toujours pas sur ce qui lui est arrivé. Vendredi, elle a été mordue par un rat au bazar de Port-Louis.
C’est aux alentours de midi que l’incident s’est produit. Suzette Carpen avait pratiquement fini son bazar qu’elle effectue toutes les semaines au marché central depuis 23 ans. Avant de rentrer, cette habitante de La Tour Kœnig s’arrête chez un marchand de légumes pour acheter des lalos. “Les légumes étaient frais. Le marchand était installé un peu en hauteur et ses légumes dans des plateaux en rotin, un peu plus bas. J’attendais mon tour car il y avait deux ou trois personnes avant moi”, raconte-t-elle. Alors qu’elle admire les légumes du marchand, elle ressent un picotement à son gros orteil gauche. Elle chaussait des sandales. Au départ, elle pense que c’est un chien et s’apprête à en faire la remarque autour d’elle, étonnée que des chiens circulent en plein marché. Mais lorsqu’elle baisse les yeux, c’est pour voir un énorme rat en train de lui mordre l’orteil. “Monn cryer fort: Aïe, enn lerat pe mord mo ledoit!”, dit-elle encore sous le choc. Les gens autour d’elle se sont attroupés, mais le rat semblait impassible. Il a fallu que Suzette donne un coup de pied dans le vide pour qu’elle en soit débarrassé. “Lerat là ti gro, monn extra per”, dit-elle, la frayeur encore palpable dans sa voix.
Alors qu’elle essaye de reprendre ses esprits, la bête, voltigée dans le canal d’à côté, restait en place. Suzette ressent de fortes douleurs et un engourdissement dans son gros orteil. Les clients et les marchands lui conseillent alors de se rendre à l’hôpital. Paniquée, elle se rend à la pharmacie la plus proche du marché central. Et le pharmacien lui conseille également d’aller vite à l’hôpital car une morsure de rat peut s’avérer très dangereuse. Ce qu’elle fait. À l’hôpital, le personnel soignant lui confirme le danger, mais la rassure en lui administrant un piqûre antitétanique et des antibiotiques. Trop paniquée, elle rentre directement chez elle avec son panier de légumes, préférant laisser à plus tard sa plainte à la municipalité de Port-Louis.
Pour Suzette Carpen, “cet incident est déplorable; j’aurais pu attraper une infection.” Pourtant, les lieux semblaient plus ou moins propres auprès de ce marchand de légumes. “Même le canal était propre. Il n’y avait pas de déchets, ni même de l’eau”, se remémore-t-elle. Aujourd’hui, elle n’ose même plus penser au marché central. Certes, elle y retournera pour acheter ses légumes. Mais pas de sitôt. Contacté, le Lord-maire Daniel Laurent se dit “surpris” de cet incident. Compatissant au malheur de Suzette Carpen, il explique néanmoins que la municipalité a pris des mesures pour débarrasser le marché central des nuisances.
Le département sanitaire de la municipalité s’assure chaque mois que le contracteur effectue son Road and Control, soit une dératisation des lieux afin de garantir l’hygiène du bazar. Navré de cet incident, Daniel Laurent indique qu’aussitôt qu’une plainte sera déposée à la mairie, il initiera une enquête. Il ajoute que des transformations sont à venir au marché central qui fera l’objet d’une rénovation totale. Les spécifications pour ces changements sont en cours de finalisation et dans deux semaines, l’appel d’offre sera lancé pour le recrutement d’un consultant. En attendant, il indique que les mesures d’hygiène seront renforcées au marché central.