Le ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, a effectué, hier matin, une visite sur la partie affaissée du tronçon de l’autoroute de Terre-Rouge/Verdun pour faire un constat de l’avancée des travaux de “pilling” en cours. “Nous sommes arrivés à l’étape finale la stabilisation de la pente”, a fait valoir le ministre. initialement prévu pour décembre 2018, le rétablissement de la roue M3 est prévu pour fin mai 2019. Un énième retard. L’entreprise française Cerema est à Maurice pour apporter son appui en terme d’expertise technique.
Quatre ans se sont écoulés depuis l’apparition des fissures qui se sont transformées en crevasses. Eu égard aux glissements de terrain et à la longueur d’affaissement de 300 mètres en diagonale et 190 mètres à la verticale, la tâche du groupe Transinvest, constructeur de la route, s’avérait être un casse-tête. Sujet à des travaux d’installation de 180 pieux dans la perspective de stabiliser la pente, le chantier du tronçon laissera place à une autoroute moderne et sécurisée en 2020. “la reconstrucion de la portion de route fissurée sera entreprise dans 90 jours avec une livraison prévue dans 100 jours.” C’est l’objectif que s’est fixé Nando Bodha qui ajoute que “nous avons enlevé 200,000 tonnes de matériaux et il ne nous reste qu’à combler le site à nouveau.” Partiellement ou totalement enfoui dans le sol, le pieu est la réponse technique à l’éloignement en profondeur du sol porteur et sert à transmettre les efforts appliqués sur les fondations. À ce stade, 168 des 180 pieux ont été mis en terre.
Selon le consultant de Cerema, Dominique Batista, “la route a été affectée par un glissement très profond avec une courbe de rupture qui se situe au-delà de plus de 20 mètres de profondeur dans une couche savon de brèche argilisée et profonde, très complexe à stabiliser.” Les aléas gravitaires et la vulnérabilité aux risques de mouvement de terrain existent également en France. “Nous avons vécu la même situation sur l’autoroute A8, entre Nice et Monaco, mais la bonne nouvelle est que les pieux ont apporté des résultats concluants depuis 2005 en France.” Face à la configuration de glissement hors normes de l’autoroute M3, Dominique Batista souligne qu’”à travers ces 180 pieux, fortement armés de structures ferraillées de 26 mètres de profondeur, Cerema propose l’installation d’une solution de confortement du sol adapté au contexte mauricien.”
Ajouté à cela, le remblai : une substitution artificielle de la configuration du sol qui permettra, selon le consultant français, de “rabattre le niveau de nappe et, par le biais des pieux, de définitivement stabiliser le site.” Une série de contrôle sera, en revanche, entreprise pour s’assurer que les 180 pieux puissent être opérationnels avant la réouverture du tronçon. Bertrand Hanauer, CEO du groupe Transinvest, a expliqué qu’”on se rend compte aujourd’hui de la complexité et de la pathologie du site qui étaient bien plus grandes que l’on ne pensait. Un des facteurs de déstabilisation est l’eau. Donc, il y a tout un système de drain qui a été construit. Actuellement, l’eau est captée en amont.” Bertrand Hanauer a rendu hommage au Professeur Magnan, expert français en géotechnique, qui était à Maurice l’année dernière pour définir le concept mis en application par Cerema. Les réparations de la route ont coûté au total de Rs 485 millions.