- Avec des pertes de Rs 590,6 M pour le dernier trimestre, le cours de la banque s’ouvre ce matin en repli de 6,7%, soit à Rs 6.50
- Des bénéfices nets de seulement Rs 156 millions après provision, entre autres, du “full outstanding amount” (Rs 932 M) de la fraude pour le premier semestre avec des prévisions pour des profits descendant sous la barre de Rs 2 milliards au 31 décembre prochain
- Andrew Bainbridge, CEO : « We expect to rebound from this situation »
Comme il fallait s’y attendre, les opérations de la State Bank of Mauritius ont pris du plomb dans l’aile avec la seconde Risky Exposure de Rs 932 millions sur Dubayy. Ainsi, pour le dernier trimestre en date se terminant au 30 juin dernier, la Banque Commerciale d’Etat a essuyé des pertes de Rs 590,6 millions, avec pour conséquence que pour le premier semestre, les profits affichés ne sont que de Rs 156 millions contre Rs 1,3 milliard à la même époque l’année dernière. Les prévisions pour l’exercice financier se terminant au 30 décembre prochain sont que les profits descendront sous la barre de Rs 2 milliards, soit quelque Rs 600 millions de moins que l’année dernière. Ces résultats se traduisaient, ce matin, à l’ouverture de la Bourse de Maurice par une régression de 6,7% du cours de la SBMHoldings Ltd, soit à Rs 6.50.
Dans les commentaires accompagnant les résultats intérimaires du groupe, le président du conseil d’administration de la SBM Holdings Ltd, Kee Chong Li Kwong Wing, et Subhas Thecka, président de l’Audit Committee, attribuent directement la baisse des profits du groupe pour le premier semestre 2018 à une “one-off credit loss expense” dont provision a dû être faite suite à la découverte d’une fraude suspecte au niveau des opérations de la SBM Bank (Mauritius) Ltd. Ils expliquent que le « Group has prudently taken a credit loss charge of MUR 932 million on the full outstanding amount » (de la fraude suspectée).
Plus loin dans leurs commentaires sur les résultats semestriels, Kee Chong Li Kwong et Subhas Thecka, évoquant les perspectives pour le groupe bancaire, font ressortir que « the increase in credit loss expense recorded during the period under review is a major factor impacting in this year’s profitability », avant d’ajouter que « the Group will continue to pursue recovery efforts while driving a stronger and more cohesive risk management across every part of the Group. »
Il faut, cependant, souligner qu’avant provision pour des pertes sur créances, le groupe SBM affichait des résultats en amélioration, les bénéfices avant impôt se situant à environ Rs 2,1 milliards contre près de Rs 2 milliards pour la période janvier-juin 2017. Les revenus opérationnels ont effectivement augmenté de 14% atteignant Rs 4 milliards pour le premier semestre 2018 contre Rs 3,5 milliards pour le même semestre de 2017. Cette progression découle, entre autres, de la croissance (de Rs 2,3 milliards à Rs 2,8 milliards) des revenus nets d’intérêts et de la progression des frais et commissions (de Rs 524,2 millions à Rs 629,4 millions). Le groupe rapporte également qu’il a eu à faire face à des frais de personnel plus élevés.
Les résultats intérimaires de la SBM Holdings Ltd indiquent également que les provisions sous forme de pertes sur créances ont été de l’ordre de Rs 1,7 milliard contre Rs 428,4 millions pour les six premiers mois de 2017, ce qui laisse comprendre qu’en sus des dispositions prises pour la fraude suspectée, le groupe a eu à faire face à d’autres charges liées à des prêts non performants.
La SBM Holdings Ltd affichait, à fin juin 2018, des actifs de Rs 205,9 milliards contre Rs 194 milliards en décembre 2017 et Rs 177,2 milliards en juin 2017. Le portefeuille de crédits aux clients non-bancaires s’élevait à Rs 105,8 milliards en juin 2018 contre Rs 103,1 milliards à fin décembre 2017. Les placements dans les produits d’investissements (investment securities) sont passés de Rs 40 milliards à Rs 49,6 milliards sur la même période. S’agissant des dépôts des clients non bancaires, ils ont augmenté d’environ Rs 7,4 milliards pendant le premier semestre 2018 pour se chiffrer à Rs 152,3 milliards.
Dans un communiqué de presse émis hier soir, Kee Chong Li Kwong Wing fait ressortir que le groupe SBM demeure une institution financière robuste avec des assises et une marque solides au niveau du marché domestique. Il fait également état de l’expansion des activités du groupe au Kenya où l’acquisition de la Chase Bank sera complétée le 18 août prochain avec la reprise de quelque 60 succursales et une majorité des employés (environ 700) de la banque kenyane. Le président du conseil d’administration rappelle également que la SBM est la première banque étrangère à obtenir une “Wholly Owned Subsidiary Licence” pour opérer en Inde. Dans la région, l’ouverture de nouvelles agences est annoncée à Madagascar alors qu’aux Seychelles, le début des opérations est annoncé pour début 2019.
Andrew Bainbridge, “Chief Executive Officer” du groupe SBM, souligne pour sa part, que durant ces 45 dernières années, « the SBM Group has contributed significantly to the Mauritian economy and banking sector, becoming today one of the most robust local franchises ». Et d’ajouter que : « We are well capitalised and have sufficient liquidity to finance our expansion plans. » Evoquant les pertes sur créances de Rs 932 millions et la baisse des profits du groupe bancaire, le CEO affirme : « We expect to rebound from this situation. In line with our expansion strategy, we are constantly evaluating our risk framework to make sure it remains robust end to end. We remain committed to serving our clients and safeguarding the interests of our shareholders and other stakeholders by continuing to build our business in a disciplined manner and positioning SBM as a Group with a strong regional footprint. We are on track to execute our strategy at the local and regional levels. »
La menace « Gross Negligence » à la tête de la SBM
Les conclusions de l’Anti-Fraud de la banque sur la Pabari Saga sont accablantes contre deux membres du Top Management
Un cadre de la banque en difficulté à la suite d’une deuxième Risky Exposure de Rs 932 M
À l’Hôtel du gouvernement, l’embarras lié aux “Risky Exposures” dans lequel le “Top Management” de la State Bank of Mauritius ne cesse de s’amplifier. Il y a les répercussions sur le bilan financier de la banque sans compter les conclusions des enquêtes internes sur les facilités bancaires au groupe Pabari au Kenya, avec Rs 3,5 milliards, sans compter les intérêts accumulés, et la fraude de Rs 932 millions lors d’une transaction avec un ressortissant indien, basé à Dubayy.
Dans la première enquête de Pabari, même si la State Bank of Mauritius ne devrait souffrir de préjudices, l’équipe de Anti-Fraud de la banque a ciblé deux membres du Top Management pour des explications sur des éventuels cas de “Gross Negligence” découlant des procédures bancaires liées à l’affaire de Rs 3,5 milliards. « Seki finn fote pou bizin asime », laissait-on entendre ce matin à la SBM Tower.
En parallèle, la situation s’est encore envenimée après la découverte d’une deuxième Risky Exposure d’ordre de Rs 1 milliard (27 millions de dollars américains), la SBM confirmant qu’une autre enquête aurait été initiée. À ce stade, l’Hôtel du gouvernement suit cette affaire de près en attendant les recommandations des enquêtes conduites. Le Premier ministre serait très remonté contre la direction de la SBM et aurait convoqué cette dernière pour « un savon ek brosaz latet ».
Déjà, un scénario de substitution a déjà été échafaudé en cas de sanctions à la tête de la banque avec un éventuelle Stepping In de Kris Lutchmeenaraidoo pour prêter main-forte en vue de redresser la barre avec un important lobby déclenché pour « sauver des membres de Lakwizinn en difficultés » dans la conjoncture.
Affaire à suivre…