La MCIT note des tentatives de faire disparaître des éléments pouvant servir de pièces à conviction
Jean Cael Permes (29 ans) a bien été agressé à mort alors qu’il était sous la responsabilité du service pénitencier. Ce récidiviste de Cité Ste-Claire, Goodlands, en détention provisoire dans le cadre d’une affaire de “damaging property” contre un véhicule de police en mars dernier, a succombé à une hémorragie causée par de multiples blessures. Le rapport d’autopsie du Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police, assisté du Dr Prem Chamane, a révélé des blessures au niveau du dos, des coudes et des mollets, laissant ainsi présager qu’il a été battu, indique une source proche de l’enquête.
Par ailleurs, le jeune homme avait le poignet disloqué, ce qui a poussé les médecins à soupçonner qu’il aurait essayé d’éviter des coups ou de se défendre. L’objet utilisé pour l’agresser est contondant, disent les experts, qui se réfèrent aux contusions remarquées au niveau interne de son corps. « L’arme est probablement un marteau, une massue ou un objet de ce genre », nous a indiqué un enquêteur. Déjà, la Major Crime Investigation Team (MCIT), le Central CID et la Criminal Investigation Division (CID) de Phoenix ont noté des tentatives « de faire disparaître » certains éléments pouvant constituer des preuves à mesure que progresse l’investigation.
Les enquêteurs se sont immédiatement tournés en direction du pénitencier afin de connaître la raison de « l’urgence » de faire transférer la victime de la prison de Beau-Bassin à celle de haute sécurité de La Bastille en cette période de confinement sanitaire. Cet exercice s’est déroulé en fin d’après-midi à bord du van 130 RM 10. La deuxième zone d’ombre concerne le véhicule dans lequel des éléments du Scene of Crime Office (Soco) ont prélevé des traces de sang, poussant les policiers à affirmer que Jean Cael Permes était soit blessé, soit mort avant son arrivée à Phoenix. Le van en question a été réquisitionné pour les besoins de l’enquête et se trouve actuellement au quartier général de la Western Division.
Cette étape est considérée comme « essentielle » par la police, car au moins deux officiers du Correctional Emergency Response Team (CERT) faisant partie de l’équipe ayant effectué ce transfert ont été entendus par les enquêteurs. Selon nos renseignements, ils ont nié avoir agressé le jeune homme. La MCIT est plus que convaincue que Jean Cael Permes s’est blessé à la prison de Beau-Bassin, et non à celle de La Bastille. Raison pour laquelle une sentinelle a été placée devant cette cellule mardi soir avant l’arrivée du Soco et de la MCIT. Entre-temps, une source pénitentiaire a déclaré à la police que Jean Cael Permes serait impliqué dans une bagarre entre détenus, et qu’il se serait blessé. Et d’ajouter que pour l’isoler des autres détenus, il a été emmené à La Bastille. D’autant plus qu’il est soupçonné par la CID de la Western Division d’être un des « ring leaders » de la mutinerie survenue à la prison de Beau-Bassin le 19 mars dernier. Sauf que les Casernes centrales s’interrogent sur cette version, car Jean Cael Permes portait des blessures et « au vu de sa situation, il aurait été plus sage de le placer en observation à l’hôpital de la prison de Beau-Bassin ou de l’emmener dans un hôpital public, au lieu de La Bastille », nous confie un enquêteur du CCID.
L’autre élément intrigant concerne le fait que son matelas et sa cellule (No 1 au Punishment Block de La Bastille) étaient trempés. La MCIT soupçonne que des gardiens auraient, intentionnellement ou pas, voulu effacer les traces de sang de la victime, faisant du coup disparaître certains éléments pouvant faire avancer l’enquête. De plus, Jean Cael Permes ne portait que le pantalon orange de la tenue de prisonnier, et non le haut. Le gardien qui l’a découvert a affirmé n’avoir pas remarqué son état de santé, malgré la présence de caméras devant les cellules. Selon lui, il y aurait eu une panne d’électricité à la prison de La Bastille, qui a duré environ une heure. D’ailleurs, les appareils n’ont rien enregistré durant cette période. Le Principal Prison Officer qui était en charge de La Bastille mardi soir sera entendu par les enquêteurs sous peu. Ces derniers ont également sollicité l’assistance du Central Command d’Ebène pour obtenir des images des caméras de la Safe City afin de confirmer aucune anormalité dans l’itinéraire du véhicule 130 RM 10 entre Beau-Bassin et Phoenix.
Soulignons que c’est vers 20h30 mardi que la police de Phoenix a été alertée du décès de Jean Cael Permes. C’est le Principal Prison Officer qui a conduit les policiers dans la cellule de la victime, qui était allongée sur le ventre sur un matelas trempé. Il portait des ecchymoses au niveau du dos et aux coudes. Soupçonnant un cas de « foul play », la police a immédiatement alerté la CID et l’équipe de l’ASP Seebaruth, de la MCIT. Des instructions ont alors été données afin de saisir le van ayant transporté la victime et monter la garde dans son ancienne cellule, à la prison de Beau-Bassin. Des développements au niveau de l’enquête devraient intervenir très bientôt.
Avant son arrestation, Jean Cael Permes avait déjà fait de la prison. Il avait alors eu un problème avec un Assistant Commissioner of Prison, qu’il l’accuse de l’avoir brutalisé durant son séjour. Ce haut gradé de la prison a même fait l’objet d’insultes de la part d’un suspect masqué alors qu’il se trouvait chez lui. Il avait porté plainte à la police de Terre-Rouge.
Jean Cael Permes est par ailleurs un personnage très connu de Cité Ste-Claire. Il est d’ailleurs considéré comme l’ancien bras droit du présumé trafiquant de drogue John Brant Vivian, alias Al Capone, arrêté la semaine dernière. Tous deux s’étaient cependant embrouillés, le tout finissant en échanges de coups de feu et d’attaques au sabre dans la localité en décembre 2015, chacun avec l’aide de sa bande. Selon la police, les deux hommes revendiquaient un territoire pour écouler de la drogue synthétique. Le jeune homme était fiché par la police. Sa première condamnation remonte à novembre 2008, où il a écopé de 120 heures de travaux communautaires pour complicité de vol. Par la suite, il avait été condamné à sept autres reprises, son dernier séjour en prison remontant à 2018.