Contrecoup en ce début d’année pour l’ambitieux projet de Les Salines Golf & Resort Ltd du groupe New Mauritius Hotels Ltd au coût de Rs 3 milliards. Les premiers gros travaux, notamment l’aménagement d’un nouveau wetland sur les terres de ce groupe hôtelier à Rivière-Noire, devant commencer en février, risquent d’être retardés. En effet, Rezistans & Alternativ, par la voix de David Sauvage, Stephan Gua et Kugan Parapen, ont saisi l’Environment and Land Use Appeal Tribunal (ELUAT) d’une contestation, réclamant la révocation de l’EIA Licence allouée pour ce projet hôtelier en date du 6 décembre dernier et de la venue d’une Ramsar Advisory Mission pour une réévaluation du dossier. Les documents légaux de cet appel ont été servis en fin de semaine aux parties concernées, l’ELUAT devant fixer une première convocation.
De son côté, le groupe Beachcomber a pris l’engagement au terme de la clause 35 de l’EIA Licence de remplacer « un wetland bond, administré aux Salines par un grand managed wetland sur une zone appartenant à NMH avec les atouts et caractéristiques du wetland existant préservé, voire amélioré ». Le groupe NMH affirme que « son ambition est d’en faire une référence dans le domaine de la création et de la gestion de zones de biodiversité ». La condition préalable est que « l’aménagement de ce nouveau wetland devra être complété avant le début des travaux de construction de Les Salines Golf & Resort de 310 chambres et 56 suites ».
De son côté, commentant la décision de Rezistans & Alternativ de faire appel au tribunal de l’Environnement, Dany Sauvage, au nom de ses deux autres camarades, déclare que « kan lapolis emet enn driving license, li fini asire gras a so bann prosedir ki enn sofer an mezir kondire. NMH fek guegn so EIA Licence me an mem tan pa gayn drwa koumans konstriksion so lotel/vila delix (pwin 35 kondision EIA Licence) ». Poursuivant, il s’en est pris ouvertement au ministre de l’Environnement, Etienne Sinatambou. « Detournman nou bann institision pou satisfer lintere prive ekspoze an plin zur. Ziska ki pwin Minis Sinatambou pou zwe sove dan sa skandal Les Salines Rivière-Noire la ? » se demande-t-il.
Dans l’affidavit soutenant cette demande de révocation de permis, Rezistans & Alternativ remet en cause les procédures adoptées sous la Ramsar Convention : « Contracting Parties of the Ramsar Convention (of which Mauritius is a party) are convinced that wetlands constitute a resource of great economic, cultural, scientific, and recreational values, the loss of which would be irreparable. The EIA report does not provide sufficient elements for the ministry of Environment to assess whether the proposed project should go ahead in the name of national interest », font ressortir les militants de Rezistans & Alternativ. »
Plus loin, Rezistans & Alternativ s’interroge sur la « wetland expertise of the National Ramsar Committee under the aegis of the Ministry of Agro-Industry due to lack of publicly available information on its composition and qualifications of its members ». Toujours à ce même chapitre et en raison de la nature du site et de l’envergure du projet hôtelier, Rezistans & Alternativ maintient que « a Ramsar Advisory Mission should have been called by the ministry of Environment before granting the EIA Licence to New Mauritius Hotels Ltd ».
Sur le fond du litige, les militants de Rezistans & Alternativ ont fait part de leurs craintes que « the environment at Les Salines-Rivière-Noire will be irreversibly damaged by the proposed development. The EIA report has done little to state the issues that will result to the existing wetlands, the sand dunes and the lagoons ». Commentant les détails du masterplan au sujet du déplacement du wetland existant « from the beachfront to a site further inland to make space for the buildings of the hotel », ils font comprendre que cette démarche est en violation à l’article 10 (g) du Lease Agreement à l’effet que « the lessee shall not undertake any such activities which shall cause physical damage directly or indirectly to the environment ».
Les autres lacunes, relevées pour soutenir cette demande de révocation d’EIA Licence, sont entre autres que le bail des pas géométriques alloué aux promoteurs « was not specified to cover the proposed hotel development in the EIA report », que le projet hôtelier est en infraction aux dispositions du Black River Outline Scheme et des guidelines pour le Coastal Development, que les Setback Limit ou Buffer Areas sont inexistants et surtout que « ‘the proposed hotel development will degrade and irreversibly damage ESA Wetland No 76 and the surrounding environment ».