Mario Hollandais : “Mo pas encore fini sagrin mo bann zanfan ki finn mort… Ala enn lot maler… koumadir enn kosmar”
Le sort s’acharne sur la famille Hollandais: après la perte tragique, il y a moins d’un an, de trois de ses membres, deux sœurs et un enfant, elle fait face à un nouveau drame. Elle a appris, vendredi, que deux des leurs faisaient partie des dix victimes de l’incendie meurtrier survenu à Paris dans la nuit de lundi à mardi dernier. Revena Hollandais, 48 ans, et son fils, Adel Allas, 16 ans, ont péri dans ce feu d’immeuble qui a fait également 96 blessés. Pour Mario Hollandais, le frère de Revena Hollandais, ce coup du sort est insurmontable. “Tou dans la main Bon Dieu. La justice pou faire so travay.”
Les images de cet immeuble ravagé par les flammes dans le 16e arrondissement de Paris, à 17 bis rue Erlanger, tournent en boucle dans sa tête. Et par moments, ce sont d’autres images, cette fois à Maurice, illustrant un 4×4 renversé et broyé à La Prairie, il y a de cela moins d’un an, qui lui reviennent. Mario Hollandais n’arrive pas à comprendre ce qui se passe. Et les mots lui manquent pour exprimer ce qu’il ressent.
En moins d’un an, il a perdu ses deux filles et son petit-fils lors de ce tragique accident du 14 mars à La Prairie. Et cette semaine, sa petite sœur et son neveu s’en sont allés tout aussi tragiquement lors de cet incendie survenu aux petites heures du matin à Paris. Il n’a pas encore fait le deuil de ses enfants que voilà sa famille est à nouveau touchée par un terrible coup du sort.
Un drame que cet habitant de Rivière-des Galets a du mal à comprendre et à accepter. Il a appris la nouvelle mercredi. Ce sont des proches installés à Paris qui l’ont appelé pour s’enquérir de sa sœur, Revena Allas Hollandais et de son neveu, Adel Allas, immigrés à Paris il y a cinq ans. “Pourtant, presque tous les jours mo ti pe coz are mo ser. Ici, mo même occupe tout so zafer. Zamé mo pa ti pou croire mo ti pou tann enn nouvel coum sa. Mo pas encore fini sagrin mo bann zanfan ki finn mort, enn an pas encore gagné, ala enn lot maler”, dit-il.
Lorsque ses proches l’appellent mardi, il essaie également de joindre sa sœur. En vain. Ses proches et d’autres amis tentent aussi. Toujours en vain. Mais chez les Hollandais, ils gardent espoir. Certes, ils savent que Revena et son fils Adel vivent dans cet immeuble, mais ils espèrent qu’ils n’étaient pas à la maison lorsque l’incendie a éclaté. “Nou ti ena l’espoir. Nou ti pe prier. Nou ti pe croire…”, dit Mario Hollandais.
La nouvelle a été confirmée vendredi par l’ambassade de Maurice : Revena et son fils Adel, portés manquants depuis mardi, figurent parmi les dix victimes de cet incendie meurtrier.
Un nouveau coup de massue chez les Hollandais. Après la perte de Clarisse Hollandais, et de son fils Ismael Luximon, 3 ans, qui sont morts sur le coup à la Paririe le 14 mars 2018, et Theresa Genave, 19 ans, qui a succombé deux mois après son hospitalisation, le scénario se répète. Il n’a pas les mots pour exprimer sa douleur. “Li extra difficile. Bizin accepter, mais li extra difficile… koumandir enn kosmar”, dit Mario Hollandais. “Mo levé gramatin, mo ale dormi asoir, sa hante moi. Monn perdi mo deux tifi dan accident l’année dernière. Ça semaine-là, mo perdi mo ser ek mo neveu; li pa facil…”, dit-il à bout.
Sa sœur a immigré en France où elle travaillait comme aide-soignante. Elle rêvait d’un meilleur avenir pour son fils. Battante, cette jeune mère de famille avait des projets pleins la tête. Elle pensait bientôt visiter son île natale pour voir ses proches. Mais le sort en a décidé autrement. Pour l’heure, les Hollandais attendent de pouvoir récupérer les corps de leurs proches pour décider de la marche à suivre. Leur autopsie devrait être pratiquée demain aux Pays-Bas, selon les informations recueillies par la famille qui dit avoir obtenu le soutien de l’ambassade de Maurice à Paris pour ses démarches. Pour Mario Hollandais, “pa conner si lecorps ki nou pou amène Maurice, ou soit les cendres. Nou trop sous le choc pou prend décision.” Si son cœur est déchiré par la perte de ses proches, il dit tout remettre entre les mains de Dieu. “Pas conner kinn pass par la tête sa madame-là. Bon Dieu tou sel conner. Aster la justice ki bisin fer so travay”, dit-il.
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L’incendiaire présumée souffre de problèmes psychiatriques
Cet incendie qui a fait 10 morts et 96 blessés est qualifié d’un des plus meurtriers dans la capitale française, Paris, en près de 14 ans. Une quadragénaire, Essia B., soupçonnée d’en être l’instigatrice et interpellée en état d’ébriété dans la nuit de lundi à mardi, a été mise en examen et placée en détention provisoire. Selon la presse française, l’incendiaire a un lourd passé psychiatrique et aurait volontairement déclenché le feu après une dispute. Elle était encore récemment internée en hôpital psychiatrique.