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Air Mauritius – Le CEO : « Le modèle économique de MK ne tient plus la route »

Le Chairman Arjoon Sudhoo: La firme CAPA, par le biais de PriceWaterhouse, présentera un rapport sur le nouveau modèle dans les prochaines semaines,

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La publication des résultats pour les neuf derniers mois de l’exercice financier d’Air Mauritius, qui affichent une perte de 25 millions d’euros, soit Rs 1 milliard, a créé une ambiance de branle-bas de combat au niveau de la direction de la compagnie, dont le modèle économique est remis en cause. « Le modèle économique de la compagnie ne tient plus la route », a affirmé Somas Appavoo, CEO d’Air Mauritius. De son côté, le président du conseil d’administration, Arjoon Sudhoo, considère que « la compagnie est à la croisée des chemins ». Il annonce qu’une étude a été confiée à la firme de consultants internationale CAPA, représentée à Maurice par PriceWaterhouse, qui soumettra un rapport dans les prochaines semaines.

Arjoon Sudhoo, lequel intervenait hier lors d’une conférence de presse de la compagnie, a d’entrée fait comprendre que le conseil d’administration, qui s’est rencontré hier matin, « a pris des décisions très importantes » pour la compagnie aérienne nationale, sans toutefois donner plus de précisions. Il a observé que les revenus d’Air Mauritius pour les neuf derniers mois sont comparables à ceux de l’année dernière mais que le coût enregistre une hausse conséquente en raison de la hausse des prix du carburant, de l’investissement dans l’achat de nouveaux avions et le coût de la masse salariale, entre autres. « D’où la nécessité de remettre en question le modèle économique de la compagnie. L’avenir de celle-ci dépend de la capacité des partenaires d’Air Mauritius de joindre leurs forces pour aller dans la bonne direction », dit-il.

Somas Appavoo a enchaîné en expliquant qu’Air Mauritius a continué « de répondre à la demande touristique » alors que le nombre de chambres d’hôtel a connu une croissance de 2% et que le nombre de passagers acheminés a enregistré une hausse de 4%. La compagnie a, selon lui, « accompli sa mission avec brio » concernant le transport de produits manufacturiers. À ce propos, il a observé que l’année dernière, 50 000 tonnes de frets ont été transportées et que 1,4 million de passagers ont été acheminés à Maurice. « Pendant longtemps, Air Mauritius a adopté le même “business model”, qui est aujourd’hui dépassé. Or, l’environnement dans lequel nous évoluons nécessite un changement en profondeur des opérations », a-t-il expliqué. S’appesantissant sur les problèmes auxquels Air Mauritius est confrontée, il a observé que Maurice est une petite population et constitue un « marché limité ». Les opérations d’Air Mauritius sont, dit-il, ainsi fortement dépendantes du tourisme. De plus, la compagnie aérienne effectue ses transactions en devises étrangères, et particulièrement en euro.

D’autre part, les marchés porteurs se situent à 12 heures de vol du pays. Par ailleurs, avec la libéralisation de trafic aérien, Air Mauritius doit faire face à une compétition « féroce » au niveau international, surtout en période de pointe, durant laquelle « elle obtenait normalement le plus gros de ses revenus ». Il faut, selon Somas Appavoo, ajouter des facteurs « incontrôlables », tels que le prix du carburant et la fluctuation du taux de change.

Interrogé au sujet de sources de revenus, Somas Appavoo s’est contenté de dire que « ses recettes proviennent uniquement de la vente des billets et de transport du fret » et que la compagnie a eu jusqu’ici « une mission nationale ». Dans les couloirs d’Air Mauritius toutefois, il se chuchote que cette mission nationale commence à « peser lourd » pour Air Maurice, qui devrait plutôt avoir une mission commerciale. On souligne également que, contrairement aux autres compagnies aériennes comme Emirates Airlines, Ethiopian Airline ou Kenya Airways, Air Mauritius n’a ni le contrôle de l’aéroport, ni celui du “handling” sur le commerce hors taxe à l’aéroport. La nécessité pour les autres actionnaires d’investir davantage dans le capital d’Air Maurice est évoquée avec force.

Les chiffres diffusés hier indiquent que les résultats du troisième trimestre de l’exercice financier 2018/2019 se sont soldés par un résultat net négatif de 7,7 millions d’euros, qui sont venus s’ajouter aux résultats négatifs du premier semestre pour s’afficher à 25 millions d’euros, soit Rs 1 milliard. Sur le plan opérationnel, le nombre de siège a connu une hausse de 3,4% pour atteindre 1 752 049 et une augmentation de 4% du nombre de passagers, qui est passé à 1 333 009. « Le “yield” passe de 242 euros à 233 euros, mais le taux de remplissage reste presque stable, soit 79,3%.

Le service de fret a connu une augmentation de 18,5% pour atteindre 36 602 tonnes. Les recettes ont augmenté de 7,7% pour atteindre 446 millions d’euros. La compagnie a toutefois subi une augmentation de coûts de 16,7% (soit 67,3 millions d’euros), principalement due au coût du carburant, qui a augmenté de 28,3 millions d’euros, tenant en compte qu’il a enregistré une hausse de 38%.

Air Mauritius reconnaît que le quatrième trimestre sera « difficile ». Et d’ajouter : « Nous nous attendons à une concurrence accrue et féroce pendant les derniers mois de l’exercice avec ses conséquences sur les recettes. Air Mauritius adoptera une approche prudente concernant le déploiement de la capacité. Elle compte revoir tous ses coûts et insuffler un nouveau dynamisme au niveau des ventes. »

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