Guerre commerciale: Pékin et Washington poursuivent leur bras de fer

La Chine a prévenu mercredi qu'elle n'avait pas peur "de se battre" avec les Etats-Unis tout en prônant le dialogue, au lendemain de nouvelles restrictions commerciales venues de plusieurs fronts, la Maison-Blanche affirmant de son côté que c'est à Pékin de venir à la table des négociations.
"Si les États-Unis veulent véritablement résoudre le problème par le dialogue et la négociation, ils doivent (...) cesser de menacer et de faire du chantage, et discuter avec la Chine sur la base de l'égalité, du respect et du bénéfice mutuel", a dit mercredi lors d'un point presse Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
La déclaration fait suite à des propos de la Maison-Blanche, qui a affirmé mardi que la balle était "dans le camp de la Chine".
Donald Trump "a de nouveau clairement affirmé qu'il était ouvert à un accord avec la Chine. Mais c'est la Chine qui a besoin d'un accord avec les Etats-Unis", et non l'inverse, a ainsi affirmé la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, devant la presse.
Pour Mme Leavitt, "la balle est dans le camp de la Chine" si elle veut mettre fin à la guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales.
- "Pression" -
La Chine, qui a publié mercredi une croissance économique de 5,4% au premier trimestre 2025, plus forte qu'anticipé, a suspendu toute réception d'avions fabriqués par l'américain Boeing.
Un geste dénoncé par le président américain, qui a affirmé sur son réseau Truth Social que la Chine s'était rétractée pour des avions pourtant "couverts par des engagements fermes".
Selon l'agence de presse Bloomberg, Pékin a également demandé aux compagnies aériennes du pays "de stopper tout achat d'équipements et de pièces détachées pour avions auprès d'entreprises américaines".
Pékin semble aussi résolue à s'en prendre à l'agriculture américaine: la fédération des exportateurs de viande américaine a confirmé à l'AFP le non renouvellement des licences de la majorité des exportateurs de boeuf depuis mi-mars.

La Poste de Hong Kong a de son côté annoncé mercredi suspendre les envois de colis vers les Etats-Unis.
Les nouveaux fronts ouverts par Donald Trump dans son offensive douanière, ciblant certains minerais et objets électroniques, pesaient sur les Bourses mondiales mercredi, les valeurs de la tech souffrant en particulier des restrictions sur les puces imposées au géant américain du secteur Nvidia.
En Europe, dans les premiers échanges, la Bourse de Paris perdait 0,6%, Francfort 0,6%, Londres 0,2% et Milan 0,7%.
En Asie, la Bourse de Tokyo a terminé en baisse de 1,01%. Les places chinoises piquaient aussi du nez: l'indice hongkongais Hang Seng perdait près de 2%, Shenzhen 0,8%, Shanghai restant proche de l'équilibre.
- "Position de force" -
Le président chinois Xi Jinping poursuit mercredi en Malaisie sa tournée en Asie du sud-est pour essayer d'organiser une riposte coordonnée aux droits de douane américains.
Chine et Etats-Unis sont entrés dans une surenchère: Washington a imposé au total 145% de taxe sur les produits chinois entrant sur son territoire, qui s'ajoutent à ceux existants avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Pékin a répliqué avec un taux qui atteint désormais 125%.
Mais le président américain a atténué ses annonces en exemptant les ordinateurs, smartphones et autres produits électroniques, ainsi que les semi-conducteurs, dont la majorité provient de Chine.

Pour tous les autres pays, les droits de douane réciproques supérieurs à un plancher de 10% ont été mis en pause pour 90 jours, la Maison Blanche ouvrant la porte à la négociation.
La Corée du Sud, exportateur majeur d'automobiles et de semi-conducteurs vers les Etats-Unis, a annoncé mercredi que son ministre des Finances Choi Sang-mok se rendrait la semaine prochaine à Washington pour rencontrer son homologue Scott Bessent.
Dans les négociations qui s'annoncent, l'Union européenne (UE) est "en position de force", a assuré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans une interview accordée au magazine allemand Die Zeit, car "nous, Européens, savons exactement ce que nous voulons et quels sont nos objectifs".
Autre pays dans le collimateur de Trump, le Canada a fait mardi un geste envers les constructeurs automobiles: il s'agirait de les laisser importer un certain nombre de véhicules fabriqués aux Etats-Unis en échange de leur engagement à maintenir leur production au Canada, sans droits de douane.
Ottawa a imposé 25% de droits de douane sur ces produits en représailles aux 25% imposés par Washington sur les automobiles livrées aux Etats-Unis.
En plus de l'automobile, Donald Trump a aussi imposé des droits de douane sectoriels de 25% sur l'acier et l'aluminium, et pourrait faire de même sur les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques "d'ici un ou deux mois", selon le ministre du Commerce Howard Lutnick.