"Le jour de la libération": Trump prêt à lancer une bataille commerciale mondiale

Donald Trump doit lancer mercredi la mère de toutes les batailles commerciales avec de nouveaux droits de douane censés inaugurer un "âge d'or" de l'Amérique mais qui pourraient faire chavirer l'économie mondiale.

"C'est le jour de la libération en Amérique", a lancé le président américain mercredi sur son réseau Truth Social, en faisant référence à son projet promis pendant sa campagne électorale, dont la teneur autant que l'ampleur restent mystérieuses.

Les nouvelles taxes doivent être détaillées mercredi à 16H00 heure locale (20H00 GMT) à la Maison Blanche. Juste après la fermeture de la Bourse de New York, qui a déjà commencé à tanguer comme d'autres places à travers le monde.

Mercredi, les marchés boursiers mondiaux retenaient d'ailleurs leur souffle avant les annonces du président américain. A la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a clôturé en petite hausse de 0,28%. La Bourse de Séoul a, elle, lâché 0,62%.

L'exécutif américain n'a pas commenté les diverses options circulant dans la presse ces derniers jours. Les Etats-Unis imposeront-ils une taxe unique de 20% sur toutes les importations? Des droits de douane taillés sur mesure selon les pays d'où proviennent les marchandises?

Ou opteront-ils pour un prélèvement plus modéré concentré sur un groupe restreint d'Etats, hypothèse révélée par le Wall Street Journal?

L'impact sur l'économie mondiale pourrait dans tous les cas être phénoménal. En 2024, les importations des Etats-Unis ont atteint quelque 3.300 milliards de dollars, un montant supérieur au Produit intérieur brut annuel de la France.

"Ca ne sera pas bon pour l'économie mondiale, ça ne sera pas bon pour ceux qui imposent des droits de douane ni pour ceux qui ripostent. Cela va perturber le monde du commerce tel que nous le connaissons", a souligné la dirigeante de la Banque centrale européenne Christine Lagarde, sur la radio irlandaise Newstalk, mercredi.

- "Très gentil" -

Le président républicain de 78 ans a semé le doute en assurant lundi qu'il serait "très gentil" avec les partenaires commerciaux des Etats-Unis. Lesquels tentent de se préparer en mêlant discours de fermeté, ouverture au dialogue et gestes d'apaisement.

Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a ainsi dit que son pays serait "très réfléchi" quand il s'agira de répliquer aux "mesures injustifiées du gouvernement américain".

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a, lui, affirmé mercredi que Londres se tenait préparé "à adopter une approche sereine et pragmatique".

"Nos décisions seront toujours guidées par notre intérêt national, et c'est pourquoi nous nous sommes préparés à toutes les éventualités et n'exclurons aucune éventualité", a-t-il fait valoir devant les députés.

De son côté, l'Union européenne ripostera aux nouveaux droits de douane "avant la fin du mois d'avril", a indiqué au même moment la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas, évoquant deux vagues de réponses de la part de l'UE dans les prochaines semaines.

Certains espèrent un traitement indulgent, comme le Vietnam qui a annoncé réduire ses droits de douane sur une série de biens.

D'autres grands exportateurs tentent de forger des alliances afin de peser face à Washington. Pékin, Tokyo et Séoul veulent par exemple "accélérer" leurs négociations en vue d'un accord de libre-échange.

- Baguette magique -

Politiquement, le président américain ne peut se permettre une reculade complète. Le milliardaire a en effet vendu les droits de douane - en anglais "tariffs", "le plus beau mot du dictionnaire" selon lui - comme une baguette magique capable de réindustrialiser l'Amérique, de rééquilibrer la balance commerciale et d'éponger le déficit budgétaire.

Fasciné par le protectionnisme en vigueur aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, Donald Trump, élu sur une promesse de faire baisser le coût de la vie, a jusqu'ici balayé les risques d'inflation et de déroute boursière pointés du doigt par des économistes.

Depuis son retour à la Maison Blanche, le républicain a déjà augmenté les droits de douane sur les produits venant de Chine, sur une partie des marchandises en provenance des voisins mexicain et canadien, de même que sur tout l'acier et l'aluminium entrant aux Etats-Unis.

Dès mardi, le gouvernement mexicain a abaissé sa prévision de croissance pour 2025, invoquant les incertitudes liées aux "tensions commerciales" avec son principal partenaire économique. Le PIB mexicain est attendu dans une fourchette de 1,5% à 2,3%, contre 2% à 3% précédemment.

Jeudi, à 04H01 GMT, Washington prévoit également d'imposer 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l'étranger, ainsi que les pièces détachées.