Trump contre-attaque après une spectaculaire faille de sécurité

Un simple "pépin" émanant d'un journaliste "tordu": Donald Trump a choisi mardi de contre-attaquer de manière agressive après une spectaculaire affaire de plans militaires divulgués par erreur à un journaliste.

Le président américain, entré en fonction en janvier, a estimé lors d'un appel téléphonique avec la chaîne NBC qu'il s'agissait du "seul pépin en deux mois, et au final sans gravité".

Donald Trump a ensuite déclaré que Jeffrey Goldberg, qui a révélé avoir été ajouté par erreur à un groupe de discussions des plus hauts responsables américains était un "tordu", et a assuré que "tout le monde se fiche" de ce que publie The Atlantic, dont il est le rédacteur en chef.

"Il fait de son mieux" et "c'est un homme très bien", a par ailleurs dit le président américain de son conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz, jugeant, pendant un échange avec la presse à la Maison Blanche, que ce dernier n'avait pas à s'excuser.

Le républicain de 78 ans a seulement concédé que son conseiller allait "probablement" s'abstenir "dans l'immédiat" d'utiliser à nouveau la messagerie privée Signal, au coeur de cette affaire.

Le service de presse de la Maison Blanche a publié un communiqué dénonçant "une tentative coordonnée de détourner l'attention du succès" des récentes frappes américaines contre les Houthis du Yémen.

Plus agressif encore, le directeur de la communication de la Maison Blanche, Steven Cheung, a écrit sur X: "Les forces anti-Trump essaient d'instrumentaliser des actes inoffensifs et de les tourner en faux scandale."

- Messagerie Signal -

"Il n'y avait pas d'informations classifiées partagées" a affirmé pour sa part la directrice du Renseignement, Tulsi Gabbard, assaillie de questions par les élus démocrates pendant une audition, prévue de longue date, au Sénat.

Elle a toutefois refusé de confirmer qu'elle était bien l'une des participantes de très haut niveau du groupe de discussion sur Signal auquel Jeffrey Goldberg, a été ajouté par erreur.

Le patron de la CIA, John Ratcliffe, auditionné en même temps que Mme Gabbard, a lui admis avoir participé à cette boucle de messages consacrée aux préparatifs d'attaques aériennes contre les rebelles houthis, menées finalement le 15 mars.

Il a toutefois défendu un usage "autorisé et légal" selon lui de cette application, pour ces échanges entre le vice-président, JD Vance, le ministre de la Défense, Pete Hegseth et le chef de la diplomatie, Marco Rubio, parmi d'autres.

L'opposition démocrate, qui peinait jusqu'ici à trouver un angle d'attaque contre Donald Trump, pilonne le gouvernement.

- "Négligent, imprudent, incompétent" -

Le sénateur démocrate Mark Warner a ainsi fustigé "l'attitude négligente, imprudente, incompétente" des lieutenants du président républicain.

Le journaliste Jeffrey Goldberg assure avoir vu un projet d'attaque détaillé, avec des informations sur les cibles et le déroulé de l'opération.

Il a aussi reproduit certains échanges hostiles envers les Européens, que JD Vance accuse de vouloir profiter à bon compte des opérations militaires américaines.

Interrogé à ce sujet, Donald Trump a estimé à son tour mardi que les Européens étaient des "profiteurs" qui traitaient les Etats-Unis de manière "horrible".

Selon les messages reproduits dans The Atlantic, JD Vance a estimé que conduire les frappes au Yémen serait une "erreur", car l'opération, en renforçant la sécurité du transport de marchandises en mer Rouge, bénéficierait surtout aux Européens.

"Si tu penses qu'il faut le faire, allons-y. C'est juste que je déteste venir au secours des Européens encore une fois", écrit le vice-président à l'intention du ministre de la Défense, toujours selon le magazine. Lequel répond: "Je suis complètement d'accord, je déteste le comportement de profiteurs des Européens. C'est PATHETIQUE", mais il justifie néanmoins l'attaque pour "rouvrir les liaisons" maritimes.

Le fondateur de Signal, messagerie prisée des journalistes pour la confidentialité qu'elle promet, ne s'est lui pas privé de vanter son produit sur X.

"Il y a beaucoup de bonnes raisons d'être sur Signal. L'une d'elles est désormais la possibilité pour le vice-président des Etats-Unis de vous inclure au hasard dans une discussion de groupe sur la coordination d'opérations militaires sensibles", a blagué Moxie Marlinspike.