Ukraine: nouveau contact américano-russe, les alliés de Kiev veulent faire pression sur Moscou

Les chefs de la diplomatie américaine et russe ont "discuté des prochaines étapes" pour mettre fin à la guerre en Ukraine, quelques heures après que les alliés de Kiev sont convenus samedi d'exercer une "pression collective" sur la Russie, qu'ils soupçonnent de duplicité.
Lors d'une conversation téléphonique, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov ont "discuté des prochaines étapes du suivi des récentes réunions en Arabie saoudite et sont convenus de continuer à travailler au rétablissement de la communication entre les Etats-Unis et la Russie", a déclaré la porte-parole du département d'Etat Tammy Bruce.
Elle n'a donné aucune précision sur la date du prochain cycle de pourparlers américano-russes, hébergés par l'Arabie saoudite.
Faisant également état de l'appel téléphonique des deux chefs de la diplomatie, le ministère russe des Affaires étangères a indiqué dimanche qu'ils avaient abordé "les aspects concrets" du suivi des discussions de Jeddah et que "Sergueï Lavrov et Marco Rubio étaient convenus de rester en contact", sans mentionner la proposition américaine de cessez-le-feu.
Kiev a accepté le principe d'une trêve inconditionnelle de 30 jours si Moscou met fin à ses attaques dans l'est de l'Ukraine.
Le président russe Vladimir Poutine n'a toutefois accepté aucune trêve, posant au contraire des conditions maximalistes comme la cession par l'Ukraine de cinq régions annexées par la Russie, l'abandon des ambitions de Kiev de rejoindre l'Otan et le démantèlement du pouvoir ukrainien en place.
Samedi, une trentaine de dirigeants de pays ou d'organisations soutenant l'Ukraine ont, lors d'un sommet virtuel organisé par Londres, décidé d'exercer une "pression collective" sur la Russie, qu'ils soupçonnent de vouloir poursuivre la guerre, pour la pousser à accepter un cessez-le-feu.
"La balle est dans le camp de la Russie" qui "devra tôt ou tard (...) s'engager dans des discussions sérieuses", a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer, selon lequel M. Poutine "est celui qui essaie de retarder" les choses.
- "Tout obtenir, puis négocier" -
"Le +Oui, mais+ de la Russie ne suffit pas et tous les participants à la réunion (de samedi) sont convenus d'exercer une pression collective" sur Moscou pour l'inciter à entériner ce plan, a poursuivi Keir Starmer, faute de quoi, il faudra "accroître la pression économique".
Moscou "ne répond pas à la proposition des Etats-Unis et de l'Ukraine" en faveur d'une trêve d'un mois, a déploré pour sa part le président français Emmanuel Macron à l'issue du sommet virtuel.

Au contraire, le président russe Vladimir Poutine "intensifie les combats", et "veut tout obtenir, puis négocier", a-t-il accusé dans un message transmis à l'AFP par l'Elysée.
"C'est un moment de vérité parce que si la Russie ne s'engage pas sincèrement dans la paix", "le président Trump va durcir les sanctions et les représailles et donc on changera totalement de dynamique", a ajouté le président français.
La Russie cherche à avoir une "position plus solide" sur le champ de bataille avant d'accepter un arrêt provisoire des hostilités, a jugé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui participait à la réunion en visioconférence depuis Kiev.
"Poutine ment aussi sur le fait qu'un cessez-le-feu est supposément trop compliqué. En réalité, tout peut être contrôlé et nous en avons discuté avec les Américains", a encore dit le président ukrainien, qui vient de désigner une équipe de négociateurs en vue de possibles pourparlers de paix.
- Garanties de sécurité -
Parallèlement, l'émissaire américain pour l'Ukraine et la Russie, Keith Kellogg, a été nommé "émissaire pour l'Ukraine" et aura la charge de "traiter directement" avec M. Zelensky, a fait savoir samedi Donald Trump.

Depuis deux semaines, Keir Starmer et Emmanuel Macron s'efforcent de constituer une "coalition de pays volontaires" qui déploieraient leurs forces sur le sol ukrainien en cas d'arrêt des combats, afin de dissuader Moscou de violer cette éventuelle trêve. Une possibilité dont la Russie ne veut pas entendre parler.
Revenant sur cette épineuse question, M. Macron a estimé que "si l'Ukraine demande à des forces alliées d’être sur son territoire, ce n'est pas à la Russie d'accepter ou pas".
Sur le terrain, la Russie a évacué 371 civils, majoritairement âgés, des territoires qu'elle a reconquis dans sa région de Koursk, a annoncé dimanche le gouverneur Alexander Khinshtein sur les réseaux sociaux. Le sort de ces Russes pris au piège dans des zones conquises par l'Ukraine depuis l'été dernier avait suscité des critiques dans le pays.
Du côté ukrainien, une personne a été tuée par une attaque de drone dans la ville d'Izioum, dans la région de Kharkiv, et un immeuble résidentiel a pris feu et une maison a été endommagée samedi soir à Tcherniguiv (nord) à la suite d'une "attaque" russe qui n'a pas fait de victime, selon les autorités.