Les attaques "systématiques" d'Israël contre la santé reproductive à Gaza sont des "actes génocidaires", selon des enquêteurs de l'ONU

Les attaques "systématiques" d'Israël contre la santé sexuelle et reproductive à Gaza sont des "actes génocidaires", selon les conclusions jeudi d'une commission d'enquête des Nations unies, "qualifiées de fausses et absurdes" par le Premier ministre israélien.

"La commission a constaté que les autorités israéliennes ont en partie détruit la capacité des Palestiniens à Gaza - en tant que groupe - à faire des enfants, à travers la destruction systématique des soins de santé sexuelle et reproductive", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Selon une convention de l'ONU de 1948, cinq types d'actes peuvent être considérés comme constitutifs d'un génocide.

Et la Commission estime que deux d'entre eux ont été commis à Gaza: les "mesures visant à entraver les naissances" et la "soumission intentionnelle" d'un groupe à des conditions d'existence "devant entraîner sa destruction physique".

La Commission d'enquête internationale indépendante, composée de trois membres, a été créée par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies en mai 2021 pour enquêter sur les violations du droit international en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.

- "Actes génocidaires" -

Chris Sidoti, avocat australien spécialiste des droits humains et membre de la commission, a expliqué lors d'un point de presse à Genève que le crime de génocide concernait l'action et l'intention et que le rapport n'avait jusqu'à présent examiné que l'action.

"Nous n'avons pas conclu à un génocide. Nous avons identifié un certain nombre d'actes qui constituent les catégories d'actes génocidaires au regard de la loi. Nous n'avons pas encore examiné la question de l'objectif génocidaire", a-t-il expliqué.

"Nous serons bientôt en mesure de traiter de manière exhaustive la question du génocide", a-t-il ajouté.

Le porte-parole du mouvement islamiste palestinien Hamas, Hazem Qassem, a déclaré à l'AFP que le rapport "confirme ce qui s'est passé sur le terrain : un génocide et des violations de toutes les normes humanitaires et juridiques". Il réclame une comparution rapide des dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale (CPI).

Mais pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, "au lieu de se concentrer sur les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre commis par l'organisation terroriste Hamas dans le pire massacre de Juifs depuis la Shoah, l'ONU a une fois de plus choisi d'attaquer l'Etat d'Israël avec des accusations fausses, notamment des affirmations absurdes de violences sexuelles".

Pour sa part, Chris Sidoti accuse les autorités israéliennes de "faire obstruction" au travail de la commission et de "mensonge chronique".

- Clinique FIV -

Dans ce nouveau rapport, la commission pointe du doigt la destruction par les forces de sécurité israéliennes de la plus grande clinique de fécondation in vitro al Basma, qui conservait des milliers d'embryons.

Cette destruction "visait à empêcher les naissances de Palestiniens à Gaza" et constitue à ses yeux "un acte génocidaire", selon la commission, créée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU en 2021.

Elle conclut également que cette destruction "visait à détruire les Palestiniens de Gaza en tant que groupe".

La commission se penche aussi sur les conséquences du blocage de l'aide humanitaire par Israël dans le cadre de la guerre à Gaza, déclenchée après l'attaque sans précédent contre Israël du Hamas le 7 octobre 2023.

Les forces de sécurité israéliennes "ont délibérément imposé des conditions de vie visant à entraîner la destruction physique des Palestiniens de Gaza", selon la commission, pour qui il s'agit également d'un acte génocidaire.

"Des femmes et des jeunes filles sont mortes de complications liées à la grossesse et à l'accouchement en raison des conditions imposées par les autorités israéliennes, qui leur ont refusé l'accès aux soins de santé reproductive - des actes qui relèvent du crime contre l'humanité d'extermination", relève également la commission, qui a déjà accusé Israël de crimes contre l'humanité et le Hamas de crimes de guerre.

Des ONG, dont Amnesty International, et des experts indépendants de l'ONU ont accusé Israël de génocide à Gaza. En novembre, un comité spécial de l'ONU avait également jugé que les méthodes de guerre employées par Israël à Gaza présentaient les "caractéristiques d'un génocide".

De son côté, l'Afrique du Sud est à l'origine d'une plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice.