Zelensky et Rubio en Arabie saoudite, l'Ukraine va proposer un cessez-le-feu partiel

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio sont arrivés en Arabie saoudite pour des discussions mardi qui pourraient s'avérer cruciales sur la guerre avec la Russie, M. Rubio jugeant prometteuse une proposition ukrainienne de cessez-le-feu partiel.
Des responsables ukrainiens et américains doivent se retrouver à Jeddah pour discuter des moyens de mettre fin au conflit entre l'Ukraine et la Russie, qui a envahi sa voisine il y a plus de trois ans.
Kiev va proposer une "trêve dans les airs" et "en mer" avec Moscou, a indiqué lundi à l'AFP un haut responsable ukrainien sous couvert de l'anonymat, "car ce sont les options de cessez-le-feu qui sont faciles à mettre en place et à surveiller et il est possible de commencer par elles".
Peu avant d'arriver en Arabie saoudite, Marco Rubio a dit juger cette idée prometteuse: "Je ne dis pas que cela seul sera suffisant, mais c'est le genre de concession nécessaire afin de mettre fin au conflit".
Il a aussi dit espérer que la suspension de l'aide militaire américaine à Kiev puisse être résolue lors des discussions en Arabie saoudite.
La réunion de mardi devrait être la première entre responsables ukrainiens et américains depuis la visite désastreuse de Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février, qui avait donné lieu à une spectaculaire joute verbale.

Washington a depuis suspendu son aide militaire et son partage de renseignements, et Kiev tente de recoller les morceaux avec le président Donald Trump.
Après avoir été reçu par le prince héritier Mohammed ben Salmane, Volodymyr Zelensky a assuré aborder les discussions de mardi de manière "absolument constructive", estimant que l'Arabie saoudite apportait "une plateforme très importante pour la diplomatie".
Selon la présidence ukrainienne, leur entretien a porté sur "une possible médiation de l'Arabie saoudite pour la libération de prisonniers militaires et civils et le retour d'enfants déportés", ainsi que sur les garanties de sécurité réclamées par Kiev.
- "Avantage" à la Russie -
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est entretenu au téléphone avec Donald Trump, disant espérer que les négociations de Ryad aient "un résultat positif" permettant la reprise de l'aide militaire américaine, selon Downing Street.
Le Royaume-Uni organisera samedi une réunion virtuelle avec les dirigeants des pays prêts à aider au maintien de la paix en Ukraine en cas de trêve.
Selon Londres, une vingtaine de pays sont prêts à contribuer à une "coalition de volontaires", même si les modalités n'ont pas été précisées.
Lundi, un haut responsable ukrainien a prévenu qu'un gel prolongé du partage américain de renseignements donnerait "un avantage significatif" à la Russie sur le champ de bataille.
Les relations entre Washington et Kiev se sont profondément transformées en l'espace de quelques semaines, avec le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier.
Cette tension, sur fond de rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine, se produit à l'heure où Kiev est à la peine sur le front. Durant le week-end, la Russie a revendiqué d'importantes avancées dans sa région de Koursk et même une poussée dans la région ukrainienne de Soumy, une première depuis 2022.
Dans la région de Koursk, une frappe ukrainienne sur un magasin dans un village a fait au moins trois morts lundi, selon le gouverneur régional.
- Exploitation minière -

Donald Trump a multiplié les piques contre Volodymyr Zelensky, accusé d'être un "dictateur", de n'être pas assez reconnaissant ou de n'être pas prêt à la "paix".
Le ton s'est depuis quelque peu apaisé après la vive altercation de février, Volodymyr Zelensky jugeant l'incident "regrettable" et Donald Trump estimant que son homologue ukrainien était prêt à négocier, menaçant même Moscou de nouvelles sanctions.
Mais les désaccords demeurent.
L'accord sur l'exploitation minière, dont Donald Trump compte tirer des revenus pour rembourser l'aide américaine fournie à Kiev, n'a toujours pas été conclu.
Interrogé sur la possibilité qu'il soit signé en Arabie saoudite, l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff avait assuré que M. Zelensky avait "proposé de le signer, et nous verrons s'il le fait".
Lors des discussions mardi, l'Ukraine devrait être représentée par le chef de l'administration présidentielle Andriï Iermak, le ministre des Affaires étrangères Andriï Sybiga, le ministre de la Défense Roustem Oumerov et le chef-adjoint de cabinet du président Pavlo Palissa.
L'équipe américaine sera composée de hauts responsables qui avaient déjà rencontré les représentants russes en février, notamment Marco Rubio et le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz.
L'Arabie saoudite, allié historique des Etats-Unis, consolide son influence internationale en accueillant ces rencontres.
Ryad avait pourtant été mis au ban de la scène internationale après l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en Turquie en 2018, qui avait provoqué un tollé.