Suède: l'homme ayant brûlé des exemplaires du Coran en 2023 tué par balles

Salwan Momika, qui avait déclenché des manifestations de colère dans des pays musulmans en 2023 en brûlant en public des exemplaires du Coran en Suède, a été tué par balles au sud-ouest de Stockholm dans la nuit de mercredi à jeudi.

Cinq personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête ouverte pour le meurtre de cet homme de 38 ans, réfugié irakien de confession chrétienne, a indiqué le procureur Rasmus Öman à l'AFP.

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a souligné que les services de renseignement et de sécurité suédois (Säpo) "sont profondément impliqués, car il existe évidemment un risque de lien avec une puissance étrangère".

"Il est trop tôt pour dire ce que cela signifie en matière de sécurité, cela dépend beaucoup de ce que la police et les services de sécurité découvriront", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Un tribunal de Stockholm devait rendre son jugement jeudi sur les accusations d'incitation à la haine portées contre Momika. Il a indiqué avoir reporté sa décision au 3 février.

La police a été appelée pour des tirs mercredi soir dans un immeuble d'habitation à Sodertälje, à 40 km au sud-ouest de Stockholm, où vivait Momika.

A son arrivée dans l'immeuble, elle a trouvé "un homme touché par balles qui a été emmené à l'hôpital", avant d'indiquer plus tard qu'il était mort.

- "Pourquoi s'entretuent-ils?" -

Samira Mete, retraitée de 72 ans vivant à deux rues du lieu de la fusillade a dit à l'AFP qu'elle se sentait "très en colère".

"Pourquoi s'entretuent-ils? Il devraient se parler entre eux, trouver un accord (...) Nous ne voulons pas que des choses pareilles se passent près de chez nous", a-t-elle lâché, s'essuyant quelques larmes avec son foulard.

"C'est pas bien ce qu'il (Momika) a fait avec le Coran (...) Il l'a brûlé partout, ici, à Malmö... ça me rend triste", a estimé de son côté un homme de 50 ans, qui n'a pas voulu donner son nom.

"Si tu n'aimes pas les musulmans, ok, mais pourquoi vas-tu dire ces choses (insultantes, ndlr) sur TikTok?", a lancé ce propriétaire d'un kiosque à Hovsjö, quartier de Södertälje.

Selon plusieurs médias, Momika était en direct sur les réseaux sociaux et son meurtre a peut-être été filmé.

En août, Momika, ainsi qu'un autre homme, Salwan Najem, ont été renvoyés en justice pour "agitation contre un groupe ethnique" à quatre reprises au cours de l'été 2023.

Selon l'acte d'accusation, le duo a profané le Coran, y compris en le brûlant tout en faisant des remarques désobligeantes sur les musulmans.

"Je suis le prochain sur la liste", a dit Salwan Najem sur X après la mort de son acolyte.

- Permis de séjour révoqué -

En mars 2024, Momika s'était rendu en Norvège après la révocation de son permis de séjour suédois mais il avait été expulsé du pays et était revenu en Suède.

L'agence suédoise des Migrations avait révoqué son permis de séjour, jugeant qu'il leur avait fourni de fausses informations lors de sa demande d'asile.

Un permis temporaire lui avait cependant été octroyé, faute de pouvoir le renvoyer en Irak où il risquait la mort, selon les autorités suédoises.

Les relations entre la Suède et plusieurs pays du Moyen-Orient se sont détériorées à l'été 2023 en raison des actes de profanation du Coran perpétrés par les deux hommes.

- Ambassade suédoise prise d'assaut -

Fin juin 2023, Momika avait piétiné un exemplaire du Coran avant d'en brûler quelques pages, devant la plus grande mosquée de Stockholm.

En juillet 2023, des manifestants irakiens avaient pris d'assaut l'ambassade de Suède à Bagdad à deux reprises, déclenchant la seconde fois des incendies dans l'enceinte de la représentation diplomatique.

En août de la même année, le service de renseignement suédois avait relevé son niveau de menace à quatre sur une échelle de cinq, les profanations du Coran ayant fait du pays une "cible prioritaire".

Le gouvernement suédois a condamné ces profanations tout en rappelant que la liberté d'expression et de réunion était protégée par la Constitution.

Le meurtre de Momika "est une menace contre notre démocratie libre. La société doit y répondre avec force", a souligné sur X la vice Première ministre Ebba Busch.

Avant son exil en Suède, les comptes sur les réseaux sociaux de Salwan Momika témoignaient d'une tentative de carrière politique en Irak. Il avait notamment des liens avec un groupe armé chrétien pendant la lutte contre le groupe Etat islamique et avait créé un obscur parti politique syriaque.