Le Hamas et Israël s'accusent mutuellement de bloquer les négociations sur Gaza

Le Hamas palestinien et Israël se sont accusés mutuellement mercredi d'enrayer les négociations pour un accord sur un cessez-le-feu et la libération d'otages détenus dans la bande de Gaza, où les deux camps sont en guerre depuis plus d'un an.

Le président israélien Isaac Herzog, dont le rôle est surtout protocolaire, a appelé le gouvernement de Benjamin Netanyahu à conclure "par tous les moyens à sa disposition" un accord pour la libération des otages.

Des dizaines d'otages sont toujours retenus à Gaza depuis l'attaque du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien.

Le Hamas a d'abord reproché à Israël d'avoir mis sur la table de "nouvelles conditions" dans les discussions indirectes en cours à Doha depuis plusieurs jours, sous l'égide des médiateurs --Qatar, Egypte, Etats-Unis.

Elles concerneraient selon lui le retrait des troupes israéliennes de Gaza, le cessez-le-feu, le retour chez eux des déplacés et un échange entre prisonniers palestiniens détenus par Israël et otages retenus à Gaza.

Israël n'a mis que quelques minutes à répondre, accusant à son tour le Hamas de "poser de nouveaux obstacles dans les négociations".

"L'organisation terroriste Hamas ment une fois de plus, revenant en arrière sur des points qui avaient fait l'objet d'un accord", a dénoncé le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Le Hamas a précisé que les négociations se poursuivaient à Doha, mais les nouvelles déclarations tranchent avec l'optimisme affiché ces derniers jours pour un accord à Gaza, où 20 personnes ont péri mercredi dans de nouveaux raids israéliens selon la Défense civile.

- "Temps de les ramener" -

Benjamin Netanyahu avait évoqué lundi, avec "prudence", des "avancées" pour un accord sur les otages, confirmées le lendemain après le retour en Israël des négociateurs de Doha.

Le Hamas et deux autres groupes palestiniens, le Jihad islamique et le Front populaire de libération de la Palestine, avaient affirmé la semaine passée qu'un accord de cessez-le-feu était "plus proche que jamais" si Israël n'imposait pas de nouvelles conditions.

En dépit d'efforts diplomatiques intenses, aucune trêve n'a pu être conclue depuis celle d'une semaine intervenue fin novembre 2023.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.208 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens. Ce jour-là, 251 personnes avaient été enlevées. Parmi elles, 96 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

Israël a juré de détruire le Hamas au pouvoir à Gaza et lancé une campagne militaire dévastatrice qui a tué plus de 45.361 Palestiniens, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement Hamas, jugées fiables par l'ONU. Elle a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire palestinien assiégé.

Alors que la fête juive de Hanouka a débuté mercredi, des proches d'otages rassemblés à Tel-Aviv ont pressé Benjamin Netanyahu de conclure un accord.

"Il est temps de les ramener, Netanyahu, ça dépend de toi. Tout le monde veut leur retour et est prêt à payer un prix fort, mais il est temps, n'attends pas", a exhorté Sharon Sharabi, frère de deux otages à Gaza, Eli et Yossi Sharabi, lequel est mort en captivité.

- "Nouvelle réalité" -

Parmi les principaux points de blocage entre Israël et le Hamas figurent le caractère permanent ou non d'un cessez-le-feu et la gouvernance de Gaza après la guerre.

Israël s'oppose à ce que le mouvement palestinien puisse à nouveau diriger le territoire.

"Il n'y aura pas ici de pouvoir du Hamas ni d'organisation militaire du Hamas, mais une nouvelle réalité grâce aux combats qui se poursuivent quotidiennement", a dit le ministre de la Défense Israël Katz.

Il s'exprimait depuis le couloir de Philadelphie, une bande de terre contrôlée par l'armée israélienne le long de la frontière entre Gaza et l'Egypte, qui fait également figure de point d'achoppement dans les négociations.

Dans la bande de Gaza, de nouvelles frappes israéliennes ont tué au moins 20 Palestiniens, "dont des femmes et des enfants", a indiqué la Défense civile. L'une d'elles a touché des tentes de déplacés à Gaza-ville, d'après la même source.