Cuba tente de relancer son système électrique après une nouvelle panne générale
Cuba s'efforçait de relancer son système électrique national mercredi, touché par une nouvelle panne générale, après la réparation de l'avarie qui a affecté dans la nuit la principale centrale du pays.
"Le contrôle automatique de la valve qui a provoqué la panne (a été) réparé", a indiqué Roman Pérez Castañeda, le directeur technique adjoint de la centrale électrique de la Guiteras, la plus importante du pays située dans la province de Matanzas (centre).
Cette panne, qui s'est produite dans la nuit de mardi à mercredi, a entraîné un nouveau black-out, le troisième en moins de deux mois dans le pays, privant une nouvelle fois de courant les 10 millions d'habitants de l'île.
L'ingénieur, cité par la presse officielle, a par ailleurs indiqué que la centrale pourrait "reprendre sa production aux alentours de 20H00" (01H00 GMT jeudi).
Selon les autorités, des circuits indépendants ont été rétablis dans les 15 provinces du pays, notamment pour faire fonctionner les hôpitaux. En fin d'après-midi, ces circuits permettaient à quelque 22% des 10 millions de Cubains d'avoir du courant, ont-elles précisé.
Plus tôt, le président cubain Miguel Diaz-Canel a dit sur X qu'il "devrait y avoir de bons progrès" dans la journée pour le rétablissement du courant. "Les camarades du ministère de l'Energie et de la compagnie nationale d'électricité (UNE) travaillent sans relâche et avec précision à sa reconnexion".
Le 18 octobre, une première coupure à l'échelle du pays avait eu lieu en raison d'une panne sur la même centrale et de pénuries de combustibles, privant les habitants de courant pendant quatre jours.
Une autre déconnexion du système électrique national s'était produite le 6 novembre lorsque l'ouragan Rafael, de catégorie 3 (sur 5), avait balayé l'ouest de l'île. Le rétablissement du système avait pris plusieurs jours dans la capitale et plusieurs semaines dans les zones les plus touchées.
Mercredi, les établissements scolaires ont été fermés une nouvelle fois et les activités économiques non essentielles suspendues.
Cette nouvelle panne survient alors qu'une réunion entre les autorités américaines et cubaines s'est tenue mercredi à La Havane pour passer en revue les accords bilatéraux en matière de migration, la dernière réunion de ce type de l'administration de Joe Biden.
Interrogé lors d'une conférence de presse à l'issue de la rencontre, le vice-ministre cubain des Affaires étrangères, Carlos Fernandez de Cossio, a indiqué que "bien sûr, nous avons discuté" de la crise énergétique que traverse Cuba, sous embargo américain depuis 1962.
"Il ne fait aucun doute que le gouvernement des Etats-Unis est pleinement conscient de l'effet du blocus économique sur notre pays et des dommages qu'il cause au peuple cubain" a poursuivi le vice-ministre, qui a par ailleurs qualifié de peu "réalistes" les menaces du président élu Donald Trump de procéder à des renvois massifs de migrants clandestins, dont des Cubains, du territoire américain.
- "Déprimer" -
La vétusté des huit centrales thermoélectriques et la réduction ces deux dernières années des importations de pétrole du Venezuela, son principal allié, ont placé Cuba dans une situation extrêmement vulnérable.
Orlando Matos, 56 ans, gardien de nuit dans le quartier central du Vedado à La Havane, était de service lorsque la panne s'est produite. "Les coupures d'électricité ne nous laissent pas de répit", déplore-t-il. "On vit dans l'angoisse quand il s'agit d'un délestage programmé ou d'une panne générale", ajoute-t-il.
"Vous essayez de surmonter la situation en permanence, mais lorsque l'environnement ne vous aide pas, vous finissez par ne plus vouloir faire quoi que ce soit. On commence à déprimer", se lamente Osnel Delgado, un danseur de 39 ans.
Outre les coupures générales de courant, deux ouragans, Rafael dans l'ouest de l'île, et Oscar qui a fait huit morts dans l'est du pays, ont frappé l'île depuis début octobre. Un tremblement de terre a également eu lieu dans le sud du pays le 10 novembre.
Ces catastrophes naturelles ont provoqué d'importants dégâts matériels alors que l'île communiste connaît sa pire crise économique depuis 30 ans avec des pénuries de nourriture, de médicaments, de carburants, une inflation galopante et des déficits électriques chroniques.
En septembre 2022, l'île avait déjà connu une panne électrique généralisée lorsque l'ouragan Ian avait également frappé les provinces de l'ouest du pays.