Allemagne: la voie est libre pour Scholz dans son parti avant les élections

Le feu couvait, il est désormais éteint: Olaf Scholz se retrouve seul en lice pour mener le parti social-démocrate aux élections législatives allemandes de février, après que son seul rival en interne a jeté l'éponge jeudi soir.

Le chancelier sortant aura toutefois fort à faire pour se succéder à lui-même et éviter la déroute électorale que lui promettent les sondages: l'opposition conservatrice est donnée largement en tête avec 33%, devant l'extrême droite à 19%, et le SPD à seulement 14%, au même niveau que les écologistes, selon un sondage publié jeudi pour la chaîne ARD.

Au vu de l'état de l'opinion, des voix s'étaient élevées depuis plus d'une semaine au sein du parti social-démocrate pour inviter Olaf Scholz à s'effacer au profit de son ministre de la Défense Boris Pistorius, personnalité politique la plus populaire du pays.

Mais jeudi soir, ce rival potentiel a mis fin au débat.

"Je ne suis pas disponible pour la candidature au poste de chancelier", a-t-il déclaré dans une vidéo mise en ligne par le parti sur YouTube, où il apporte son soutien à son chef de gouvernement.

"Nous avons avec Olaf Scholz un chancelier excellent", a assuré Boris Pistorius, 64 ans, "c'est le bon candidat à la chancellerie."

- Remous internes -

Il a indiqué vouloir participer à la campagne électorale pour "une social-démocratie forte, pour notre chancelier Olaf Scholz" et "mettre fin" au débat sur le meilleur candidat.

Ces discussions ont été à l'origine de remous croissants au sein du SPD, le menaçant de déchirements à l'approche de législatives de fin février, provoquées par l'implosion de la coalition gouvernementale début novembre suite au départ du parti libéral FDP en raison de différends sur la politique à suivre face à la crise économique.

Certains élus du parti étaient sortis du rang ces derniers jours pour réclamer qu'Olaf Scholz ne conduise plus le SPD aux élections.

Ces discussions ont "provoqué une incertitude croissante dans le SPD ainsi que des irritations parmi les électeurs", a jugé Boris Pistorius.

"Et ce n'est pas moi qui ai initié ce débat, je ne le voulais pas", a-t-il affirmé.

Selon le sondage ARD réalisé par l'institut Infratest Dimap juste avant l'annonce du ministre de la Défense, 60% des Allemands voyaient pourtant en lui un bon candidat pour le SPD, contre seulement 21% pour Scholz.

Boris Pistorius, qui se décrit comme "un homme profondément loyal", avait lui-même nourri les spéculations en se refusant ces derniers jours à exclure une candidature.

"La seule chose que je peux exclure de façon définitive est de devenir pape un jour", plaisantait-il lundi soir.

De quoi fragiliser Olaf Scholz, persuadé en dépit de son impopularité de mener de nouveau son parti à la victoire le 23 février prochain.

- L'Ukraine victime de la campagne? -

Le chancelier cherche désormais son salut politique en se présentant comme l'homme de la retenue dans le soutien militaire à l'Ukraine, dans l'espoir de capitaliser sur le pacifisme fortement ancré dans l'opinion allemande depuis les horreurs nazies et un courant d'opinion pro-russe non négligeable.

61% des Allemands soutiennent ainsi sa décision de ne pas fournir à l'Ukraine des missiles Taurus d'une portée de plusieurs centaines de kilomètres, selon le sondage ARD, en contradiction pourtant avec celle prise par ses principaux alliés, les Etats-Unis désormais, la France et la Grande-Bretagne, et soutenue par l'opposition conservatrice allemande.

"C'est une chose à laquelle les citoyens doivent réfléchir lors des prochaines élections, savoir si le cap du soutien déterminé (à l'Ukraine) mais aussi de la prudence, qui est le mien et celui du SPD, peut-être maintenu ou pas", a-t-il dit cette semaine à la chaîne de télévision Welt TV.

Pour l'hebdomadaire Der Spiegel jeudi la conclusion est limpide: "Le chancelier laisse tomber l'Ukraine" qui "risque d'être la victime de la campagne électorale allemande".