L'Iran affirme qu'un couple français détenu depuis 2022 est "en bonne santé"
Cécile Kohler et Jacques Paris, un couple français détenu en Iran depuis 2022 et accusé par les autorités d'"espionnage", sont "en bonne santé", a assuré mardi la justice iranienne, balayant les accusations de mauvais traitement de leurs familles.
Cécile Kohler, professeure de lettres modernes, a été arrêtée en mai 2022 en Iran, lors d'un voyage avec son compagnon Jacques Paris, un ancien professeur de mathématiques.
Ils sont accusés par Téhéran d'être des espions, ce que les proches et le comité de soutien de Cécile Kohler "réfutent fermement".
L'espionnage est passible de la peine de mort en Iran.
Le couple est détenu séparément à la prison de haute sécurité d'Evin à Téhéran et leurs familles n'ont que très peu de nouvelles lors d'appels téléphoniques qui ne durent que quelques minutes, selon leurs proches.
"Les informations qui nous parviennent sont alarmantes pour leur état de santé physique et psychologique", avait déclaré à l'AFP en octobre Noémie Kohler, la soeur de Cécile.
"On sait qu'ils n'ont droit qu'à trois sorties par semaine, qu'ils ne voient quasiment jamais la lumière du jour, et qu'ils dorment à même le sol, sans matelas", avait-elle ajouté.
L'Iran a rejeté mardi ces affirmations.
"Ces deux personnes sont détenues dans de bonnes conditions et en bonne santé", a déclaré le porte-parole du pouvoir judiciaire iranien, Asghar Jahangir, lors d'une conférence de presse à Téhéran.
Mardi, les proches de Cécile Kohler ont indiqué dans un communiqué démentir "catégoriquement" ces affirmations.
"Les mauvais traitements dont Cécile Kohler est victime depuis deux ans et demi présagent des conséquences extrêmement lourdes et irréversibles sur sa santé physique et mentale", insiste son comité de soutien.
- Pleine mobilisation -
Un troisième Français, prénommé Olivier mais dont le nom de famille n'a pas été rendu public, est également détenu en Iran depuis 2022.
Paris qualifie ces prisonniers d'"otages d'Etat".
Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a reçu en octobre les familles des trois Français et leur a assuré de la "mobilisation des autorités françaises pour obtenir leur libération immédiate".
L'Iran, qui détient plusieurs ressortissants occidentaux ou binationaux, est accusé par leurs soutiens et des ONG de s'en servir comme monnaie d'échange dans des négociations d'Etat à Etat.
Le 28 octobre, l'Iran a annoncé l'exécution de Jamshid Sharmahd, un dissident naturalisé allemand, provoquant une crise diplomatique avec Berlin qui a fait fermer les trois consulats iraniens en Allemagne.
Il avait été condamné à mort pour son implication présumée dans un attentat en Iran, qui avait coûté la vie à 14 personnes et fait quelque 300 blessés en avril 2008.
L'Iran ne reconnaît pas la double nationalité pour ses ressortissants.
Mardi, Téhéran a toutefois affirmé que Jamshid Sharmahd était décédé avant d'avoir pu être exécuté.
- "Raisons humanitaires" -
En juin, Téhéran avait libéré le Français Louis Arnaud.
Ce consultant, qui avait entamé un tour du monde, avait lui aussi été arrêté en Iran, avec plusieurs Européens en septembre 2022.
Tous avaient été accusés d'avoir pris part au mouvement de contestation déclenché après la mort en détention de Mahsa Amini.
Cette Iranienne de 22 ans avait été arrêtée en septembre 2022 pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire strict pour les femmes dans la République islamique.
Louis Arnaud avait été condamné à cinq ans de prison pour propagande et atteinte à la sécurité de l'Etat.
Deux autres Français, Benjamin Brière et Bernard Phelan, également de nationalité irlandaise, avaient été libérés en mai 2023 pour "raisons humanitaires".