Le Hamas accuse Israël de bombarder un hôpital du nord de la bande de Gaza

Le ministère de la Santé du Hamas a accusé lundi l'armée israélienne de "bombarder et détruire" l'hôpital Kamal Adwan, le seul encore en fonction dans le nord de la bande de Gaza, faisant état "de nombreux blessés parmi le personnel médical et les patients".

L'armée israélienne a dit vérifier ces informations. Elle avait auparavant indiqué "opérer contre l'infrastructure et les agents terroristes dans le nord et le centre" du territoire palestinien, un secteur où elle a lancé une offensive le 6 octobre, affirmant vouloir venir à bout d'unités du mouvement islamiste palestinien.

Défiant les critiques internationales, Israël a aussi informé officiellement l'ONU lundi de l'interdiction de l'Unrwa, une agence considérée comme la "colonne vertébrale" de l'aide aux réfugiés dans les Territoires palestiniens occupés.

Selon le ministère de la Santé de Gaza, l'armée "continue à violemment bombarder et détruire l'hôpital" Kamal Adwan, dont elle vise "toutes les parties".

Le directeur de l'établissement, situé à Beit Lahia, Houssam Abou Safia, a décrit une situation "catastrophique" après des frappes sans avertissement préalable.

"Le troisième étage de l'établissement aurait été à nouveau touché, blessant six enfants", a déclaré sur X le chef de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas sur le sol israélien. Le lendemain, en soutien à son allié palestinien, le Hezbollah libanais, ouvrait un front contre Israël, enclenchant près d'un an d'échanges de tirs qui ont tourné à la guerre ouverte en septembre.

A la veille de la présidentielle aux Etats-Unis, principal allié d'Israël, les efforts diplomatiques pour mettre fin à ces hostilités sont restés infructueux.

- "Pas d'alternative" -

Une semaine après le vote par le Parlement d'une loi interdisant les activités en Israël de l'office de secours de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), les Affaires étrangères "ont notifié l'ONU de l'annulation de l'accord entre Israël et l'Unrwa", selon un communiqué.

L'accord remonte à 1967, année du début de l'occupation par Israël des territoires palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, ainsi que Jérusalem-Est, où l'Unrwa a fourni pendant des décennies une aide essentielle - éducation, santé, services sociaux, aide alimentaire et en espèces.

Israël, dont l'Unrwa est une bête noire de longue date, a de nouveau accusé "des employés de l'organisation d'avoir participé au massacre du 7 octobre" 2023.

"Si la loi est mise en oeuvre, elle risque de provoquer l'effondrement de l'opération humanitaire internationale à Gaza, dont l'Unrwa est la colonne vertébrale", a averti Jonathan Fowler, un porte-parole de l'agence.

"Il n'y a simplement pas d'alternative à l'Unrwa", a réagi sur X Tedros Adhanom Ghebreyesus, pour qui l'interdiction "ne rendra pas Israël plus sûr" mais va "seulement augmenter les souffrances" des Palestiniens.

Israël a précisé à l'ONU que l'interdiction de l'Unrwa entrera en vigueur à l'issue "d'une période de trois mois".

L'Assemblée générale de l'ONU doit tenir mercredi une session consacrée à l'Unrwa.

- "Tuer tout le peuple palestinien" -

"Actuellement, le peuple palestinien dépend presque entièrement de l'aide venant de l'étranger, surtout de l'Unrwa, et l'interrompre revient à tuer tout le peuple palestinien", réagit Abdel Karim Kallab, à Khan Younès, dans le sud de Gaza.

Pour le Hamas, la décision d'Israël "est une tentative de dénier aux réfugiés le droit de retourner dans leurs foyers".

Ce mouvement a par ailleurs affirmé lundi s'être entretenu avec son rival du Fatah au Caire, de la guerre à Gaza et des efforts en vue de parvenir à un consensus national palestinien.

Lors d'un appel téléphonique avec le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken "a noté que le Hamas avait une fois de plus refusé de libérer ne serait-ce qu'un nombre limité d'otages afin d'obtenir un cessez-le-feu et des secours pour la population de Gaza", selon un communiqué du département d'Etat.

Le Hamas avait affirmé vendredi qu'il avait refusé d'étudier une proposition sur une courte trêve dans la bande de Gaza émanant des pays médiateurs, car elle ne comprenait pas un cessez-le-feu permanent.

Israël a juré de détruire le Hamas après son attaque, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité. Sur 251 personnes enlevées, 97 restent otages à Gaza dont 34 déclarées mortes par l'armée.

L'offensive israélienne lancée en représailles à Gaza a fait 43.374 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. La grande majorité des habitants du petit territoire assiégé ont été déplacés.

- "Cela ne suffit pas" -

Selon le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, la moyenne quotidienne des camions autorisés par Israël à entrer dans Gaza est tombée à 30 en octobre, ce qui "ne suffit pas pour répondre aux besoins de plus de 2 millions de personnes, dont beaucoup sont affamées et malades et vivent dans des conditions désespérées".

Sur son front nord, Israël a mené lundi de nouveaux raids aériens sur le sud du Liban, où ses troupes sont également engagées au sol depuis le 30 septembre.

L'armée israélienne a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements massifs contre le Hezbollah pro-iranien, disant vouloir repousser ses combattants à une trentaine de km de la frontière, pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par ses tirs.

Le mouvement poursuit toutefois ces attaques, et a dit lundi avoir lancé une salve de roquettes sur Safed.

Au moins 1.940 personnes ont été tuées depuis le 23 septembre au Liban, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

L'armée israélienne a aussi affirmé lundi avoir frappé à Damas des cibles du renseignement du Hezbollah pour la Syrie. Le raid a tué deux combattants du Hezbollah selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).