Le quotidien Hindustan Times annonce l’affectation en décembre d’un contingent de 50 militaires indiens dans l’archipel pour la gestion de l’aéroport et des facilités portuaires
La crainte d’une présence militaire chinoise accrue dans le bassin de l’océan Indien accentue le déploiement de la marine indienne
En dépit des réserves, pour ne pas dire du mutisme complet, que ce soit de Port-Louis ou de New Delhi, Agalega s’apprête à faire partie de l’arsenal militaire de défense renforcée de l’Inde dans cette partie de l’océan Indien. Dans le sillage des dernières consultations entre le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et son homologue indien, Narendra Modi, en marge du dernier sommet du G20, la presse indienne s’empresse en effet de faire état de l’importance stratégique et tactique de cette partie du territoire de la République de Maurice pour le compte de la Grande Péninsule. Ainsi, dans sa livraison d’hier, le quotidien indien Hindustan Times annonce le déploiement d’un premier contingent de militaires indiens d’ici décembre prochain dans l’île du Nord, à Agalega. En parallèle, la presse indienne, dans son ensemble, pavoise : « From Mauritius to Oman: India expands sphere of influence to counter China’s presence in Indian Ocean Region. »
La présence d’un navire espion chinois, le Shi Yan 6, dans le cadre des opérations militaires dans le périmètre de la Zone économique exclusive du Sri Lanka, est mise en avant pour justifier cette visibilité militaire indienne dans l’océan Indien. « New Delhi officials have repeatedly raised concerns over the evolving maritime threat emanating from China’s presence in the Indian neighbourhood, as PLA increases its foray into the region. In a bid to counter China’s presence in the Indian Ocean Region, India is making efforts to expand its influence by providing maritime and air support to its neighbours in the region », souligne, de son côté WION dans son édition en ligne d’hier.
Le fait irréfutable demeure que les travaux de la nouvelle piste d’atterissage, de même que des facilités portuaires, à Agalega sont sur le point d’être bouclés, alors que la livraison du chantier et la mise en opération des infrastructures sont annoncées pour la fin de l’année. Mais à ce jour, aucune indication n’a transpiré quant au calendrier pour la cérémonie inaugurale avec le déplacement d’une VVIP de New Delhi aux côtés de Pravind Jugnauth.
Dans l’immédiat, la préoccupation majeure à New Delhi est d’ordre militaire, le quotidien Hindustan Times affirmant que « with its allies Oman and Mauritius, India got Port Duqm and Agalega Islands to get better maritime domain awareness and coastal security for Port Louis ». Ainsi, des facilités militaires sont désormais accessibles pour des unités de la marine indienne dans le port de Duqm, à Oman, notamment « to maintain, repair and overhaul Indian ships as well as provide berthing, fuel and rest facilities to Indian Navy ships in the vicinity and travelling beyond ».
L’entrée en opération de la piste d’atterrissage et de la jetée à Agalega vers la fin de l’année viendra compléter ces nouvelles facilités militaires au bénéfice de l’Inde qui, de par un accord avec les États-Unis, peut également se prévaloir de l’option de la base militaire de Diego Garcia. Dans cette nouvelle perspective, l’Inde compte stationner en permanence sur Agalega une cinquantaine de membres de son personnel militaire.
Des sources confirmées indiquent que l’hébergement de ce contingent ne devrait pas présenter de problème au vu des infrastructures déjà en place pour accueillir les ouvriers des contracteurs indiens au cours de ces dernières années. D’ailleurs, des Agaléens se posent des questions sur une dernière construction à côté de la nouvelle infrastructure portuaire, présentée comme une nouvelle Fish Landing Station, et construite par AFCON Infrastructure.
Or, qui dit Fish Landing Station dit également facilités réfrigérées pour le stockage de produits alimentaires à long terme. Des Agaléens, qui vivent de la pêche, ne cachent pas leur étonnement devant cette Fishing Landing Station, une première dans l’archipel. D’autant plus que leurs questions à ce sujet sont restées sans réponse à ce jour.
Pour revenir à la nouvelle vocation militaire d’Agalega, l’Hindustan Times avance : « While it is learnt that the facility under the Mauritius government will be thrown open to public in December by Prime Minister Pravind Jugnath, the Indian Navy is already preparing plans to send at least 50 officers and personnel to man the airstrip, which will have the capability of handling Boeing P-8I surveillance and anti-submarine warfare aircraft of the Indian Armed Forces. »
Justifiant cette démarche, qui remet en question le slogan “Océan Indien, zone de paix”, des sources citées par la presse indienne s’appuient sur le fait que : « The decision to have support facilities in the two countries is partly due to the increased forays of PLA Navy ships into Indian Ocean Region. National security planners estimate that the Chinese Navy Carrier Strike Forces are expected to patrol IOR by 2025-26 with PLA rapidly expanding its already formidable surface and subsurface naval assets. » En tout cas, il s’agit d’une annonce militaire qui fera beaucoup de bruits, et non pas seulement qu’à Maurice…