- Le syndicaliste Shanto : « Les pêcheurs appelés à signer une lettre de quittance alors que le Fact-Finding Committee continue de siéger »
Les pêcheurs victimes de la marée noire causée par le naufrage du MV Wakashio ne savent plus à quel saint se vouer. Et pour cause, puisqu’ils ne percevront pas la totalité de la compensation de Rs 194 600 promise, somme de laquelle seront en effet déduites Rs 81 600, remises à chacun d’eux sous forme de Solidarity Grant. C’est du moins ce qu’ils ont été appelés à accepter en apposant leur signature à une lettre de quittance, imposée par Okiyo Mauritius Corp, compagnie propriétaire du MV Wakashio.
La lettre en question stipule : « it is hereby agreed between the company and the recipient that: (a) the company shall pay a sum of Rs 194 600 as compensation for the loss of earnings by the recipient following the grounding of MV Wakhasio (hereinafter referred to as “the Vessel”) at Pointe d’Esny; (b) a sum of Rs 81 600 has already been paid under the appellation of Solidarity Levy and received by the recipient; (c) a sum of Rs 113 000 representing the balance of the total compensation amounting to Rs 194,600 for loss of earnings is herewith being paid to the Recipient by the company. »
Aussi, en signant cette dernière, les pêcheurs concernés disent renoncer à toute réclamation ou poursuite auprès du propriétaire du navire, de la compagnie d’assurances, de ses managers et du gouvernement.
Les pêcheurs victimes du naufrage du MV Wakashio, regroupés au sein de l’Asosiasyon Peser Lakot Unis, crient au scandale au sujet de la compensation, qui leur a été versée directement sur leurs comptes bancaires. Ainsi, lors d’une rencontre avec la presse hier au siège de la Fédération des travailleurs unis (FTU), ils disent « ne pas apprécier cette façon de faire », car ce remboursement, disent-ils, « s’apparente à un remboursement du Wage Assistance Scheme ». D’autant qu’ils éprouvent déjà des difficultés à rembourser leurs emprunts et qu’une fois la compensation créditée sur leurs comptes, « les institutions bancaires n’hésitent à y débiter les arrérages ».
Le président de la FTU, Atma Shanto, qui représente les intérêts de cette catégorie de pêcheurs, souligne pour sa part que « les autorités ont profité de la faiblesse des pêcheurs pour les inciter à signer cette lettre de quittance ». Il rappelle ainsi que, pendant toute la durée des négociations avec le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, il avait demandé de « ne pas attacher les mains des pêcheurs ».
Il qualifie ainsi de malheureux le fait que le ministre Maudhoo « préfère négocier avec les Yellow Unions plutôt que l’Asosiasyon Peser Lakot Unis ». Dans le cadre des négociations portant sur la compensation des pêcheurs, dit-il, « le ministre est allé négocier directement avec les pêcheurs de Mahébourg, avec la complicité de journalistes de la MBC ».
Il rappelle également que le ministre de la Pêche avait engagé la responsabilité du Premier ministre , Pravind Jugnauth, dans les négociations portant sur une compensation pour les pêcheurs du Sud. « L’argent qui a été décaissé, on appelait d’abord cela Wage Assistance Scheme, avant de le rebaptiser Solidarity Fund. À aucun moment les pêcheurs n’étaient au courant qu’ils étaient en train de signer une lettre de quittance pour percevoir cette compensation. Cette lettre engage la responsabilité du Premier ministre. Les pêcheurs ont signé cette lettre de quittance alors que le Fact-Finding Committee continue de siéger », dit-il.
La FTU réclame déjà de “write off” leurs emprunts, car leurs prises ont diminué en raison du changement climatique. Face à l’absence de négociations, le syndicat envisage de loger une plainte à l’Organisation internationale du travail pour non-respect du droit d’associations et de négociations.