Violences contre les femmes — Marie-Noëlle Elissac : « Grand temps que les hommes soient des alliés dans ce combat ! »

Arianne Navarre-Marie (Égalité des genres) : « La GBV est une pandémie silencieuse : le gouvernement prépare plusieurs lois à ce sujet »

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« Cela fait plus de 15 ans que je suis activement engagée dans le combat contre les violences envers les femmes. À chaque fois qu’une Mauricienne tombe, les médias me sollicitent pour des réactions, des commentaires, des propositions. Cependant, des années durant, je me suis rendue compte qu’au grand jamais, les hommes n’intervenaient sur ce sujet douloureux et épineux ! Mais pourquoi ? Les hommes sont autant partie prenante du développement de la société. Surtout à Maurice ! Avec les différentes organisations et associations engagées dans ce domaine, nous avons réalisé que le Missing Link était justement l’engagement des hommes – nos conjoints, nos pères, nos frères… – dans ce combat. Green Flag vient, justement, pour encourager l’empowerment des hommes et des jeunes. Parce que la Gender-based violence (GBV) n’est pas que l’affaire des femmes ! »
Marie-Noëlle Elissac Foy, ancienne journaliste et femme entrepreneure, directrice notamment de l’agence The Talent Factory, a livré une intervention poignante dans le cadre du lancement du projet Green Flag. C’était à Voilà, à Bagatelle, Moka, en présence de la ministre de l’Égalité des genres, Arianne Navarre-Marie, de la chargée d’affaires de la haute commission australienne, Katie Lalor, de la présidente de l’Ong Centre des Femmes Passerelle, et Mélanie Valère-Ciceron, entre autres personnalités. L’assistance était composée en majeure partie de jeunes, notamment des élèves du MEDCO Bhujoharry College.
Green Flag, a déclaré Marie-Noëlle Elissac Foy dans son cri du coeur, veut intervenir sur plusieurs aspects qui, permettront d’avoir une riposte adéquate et complète au problème de violences. « D’où deux axes primordiaux : former, éduquer et familiariser nos hommes, jeunes et adultes, à développer une approche différente, une manière de penser relative au refus de tomber dans les pièges de violences envers les femmes – que ce soit la violence verbale, physique, mais tout aussi bien psychologique, économique et autres. Et également, notre projet s’adresse à nos jeunes. D’où la présence en grand nombre ici, pour ce lancement, des élèves du collège Bhujoharry. L’idée, c’est que quand vous sortez d’ici, chers jeunes, l’idée restera dans votre tête que vous avez appris une chose nouvelle qui concerne votre démarche et votre attitude envers vous-mêmes, filles et garçons », dit-elle.
Marie-Noëlle Elissac Foy a exhorté les jeunes filles à prendre conscience des comportements, agissements et mots des hommes, quels qu’ils soient à leur égard. « Soyez conscientes de vos droits et ne devenez pas soumises ou repliées. » Aux jeunes hommes, elle a conseillé de « réfléchir à votre regard sur les femmes qui vous entourent, dès la maison, et partout autour de vous. Il est important que vous appreniez tous, filles comme garçons, l’importance des valeurs comme le respect et la compréhension. Et tout ça commence par l’éducation. »
Pour Arianne Navarre-Marie, les violences contre les femmes est une pandémie silencieuse. « À cet effet, il est crucial d’impliquer les hommes comme partenaires dans la lutte contre la violence basée sur le genre. La responsabilité de créer un environnement sûr et équitable ne dépend pas seulement des femmes mais de la société dans son ensemble, puisque les hommes jouent un rôle central dans la perpétuation et le changement des normes sociales et culturelles », affirme-t-elle.
Mme Navarre-Marie a fait ressortir que « quand j’étais ministre de la Femme, de 2000 à 2005, j’avais lancé le projet Men as Partners. » C’est dans cette même veine qu’intervient le projet Green Flag d’inclure les hommes, « mais pas sans un changement de mentalité et d’attitude, ce qui passe, nécessairement par une éducation et l’émergence d’une nouvelle culture », ont soutenu les intervenantes principales.
La ministre a déploré que la violence basée sur le genre soit souvent le résultat de la toxicomanie : « Cela fait plusieurs années que mon cheminement m’amène à côtoyer, au quotidien, des Mauriciennes victimes de violences. Hélas, ces dernières années, la situation s’est dégradée sérieusement. »
Elle a pointé du doigt de nombreux cas de femmes, mères et grands-mères, qui sont physiquement violentées par leurs conjoints, maris, fils, entre autres. À cet égard, A. Navarre-Marie a annoncé que « le gouvernement mettra en place une commission spéciale à l’Assemblée nationale pour lutter contre le fléau de la drogue et ses liens avec la violence domestique, et pour fournir des services de réadaptation et de soutien aux familles des victimes de la toxicomanie ».
Marie-Noëlle Elissac Foy a salué le soutien, indéfectible, et l’aide apportée dans l’élaboration du Green Flag Project par Kate Chamley, l’ambassadrice d’Australie à Maurice. « Elle a été vraiment d’une aide précieuse et inégalable. Elle s’est investie personnellement ! Je la remercie du fond du cœur pour tant le soutien personnel qu’officiel pour que Green Flag voie le jour. »
Katie Lalor, remplaçant Kate Chamley, a souligné qu’une femme sur trois dans le monde subit au moins une fois dans sa vie des violences ou du harcèlement fondés sur le genre. « Et à Maurice, je crois que c’est une femme sur trois… Je constate tristement que les violences faites aux femmes sont en hausse de par le monde. D’où l’importance pour les hommes et les femmes d’avoir les mêmes chances, les mêmes opportunités et le même traitement dans la société. »
Mélanie Valère-Cicéron, présidente de Passerelle, a déclaré que le projet Green Flag se veut un vent de changement et il a été rendu possible grâce au soutien du haut-commissariat australien.
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Photo 1
(De g à dr) Katie Lalor, Marie-Noëlle Elissac Foy, Arianne Navarre-Marie, Mélanie Valère-Ciceron et d’autres participants au lancement de Green Flag

Photo 2
L’assistance était composée de nombreux jeunes, nommément des élèves du collège Bhujoharry

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Campagne sur les réseaux sociaux
Le projet Green Flag se concentre sur la lutte contre la violence sexiste et sur la promotion des droits des femmes, tout en encourageant les hommes à s’engager davantage dans la lutte contre ces problèmes. Il comprend une campagne sur les réseaux sociaux visant à promouvoir une masculinité positive et à lutter contre les attitudes misogynes ; une proposition de budget 2025 consacrée à la prévention de la violence sexiste ; et six podcasts sur la masculinité saine et les relations constructives entre les sexes.
Ainsi, une série de podcasts et de clips sur des supports classiques de réseaux sociaux, tels que TikTok, Instagram et Facebook sont en partie déjà présents pour sensibiliser davantage les Mauriciens sur l’urgent besoin de « changer la donne : ce n’est qu’ensemble que nous allons pouvoir y arriver ». Les responsables de Green Flag et les autorités locales et internationales soutenant cette initiative n’ont pas manqué de solliciter « l’appui de toute la nation mauricienne dans cet objectif ».

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