Maintenant le ministre d’éducation devrait ‘walk the talk’
Une collégienne de 14 ans de Grade 9 du collège d’Ebène s’est suicidée le 17 février 2025. La raison : le bullying, soit la violence à l’école qu’elle fréquentait. C’est un cas de trop qui illustre parfaitement la situation dans les écoles où la violence est presque devenue le maître mot de certains élèves ou certains groupes d’étudiants.
Lors d’un forum tenu le 8 décembre 2024, en lien avec les Assises de l’éducation qui aura lieu en avril prochain, j’avais soulevé cette question en présence du ministre de l’éducation national, Mahend Gungapersad, en sollicitant les autorités de prendre les mesures nécessaires et appropriées pour ramener de l’ordre dans les institutions scolaires, qu’elles soient primaires ou secondaires.
Aujourd’hui, le décès de cette fille prometteuse démontre à quel point la violence est en train de gangréner tout le système éducatif dans le pays. Les discours rassurants sont bons uniquement pour la galerie, mais quand on perd un jeune prometteur, c’est l’effondrement de toute une famille. Et cela s’étend à tout le système éducatif du pays.
La violence demeure une des principales causes d’instabilité dans l’enseignement. Les enseignants primaire / secondaire sont souvent des victimes de menaces de la part des parents ou des gros bras. Et cela crée une atmosphère de frayeur car les enseignants ne sont plus à même d’assurer un enseignement correct et appliqué aux élèves.
À Maurice, il existe une législation : la Children’s Act 2020, qui vise à protéger les enfants de la violence, des abus et autres cas de bullying. Mais, il n’y a pas de règlements (Regulations) qui définissent l’application de cette loi pour les écoles et surtout dans le cycle primaire. Les enseignants dans des cas de violence entre élèves n’y peuvent rien car il n’y a pas de législation qui définissent leurs rôles et interventions dans de tels cas.
En Grande-Bretagne, par exemple, le personnel de l’école peut intervenir physiquement, selon la section 93 de l’Education and Inspection Act 2026, pour éviter que l’élève n’endommage les biens scolaires ou provoque une « disruption. »
À Maurice, en dépit de la Children’s Act 2020, les responsables des écoles ne sont que des témoins passifs et n’ont aucun pouvoir d’agir pour mettre un frein à tout acte de violence ou de harcèlement ou encore des dommages aux biens publics.
Dans des pays comme les États-Unis, les parents sont sommés de rembourser tout dégât causé par leur progéniture. À Maurice, c’est la passivité tout simplement.
La situation est urgente et il appartient au plus haut échelon de l’État d’apporter le remède nécessaire avec des législations appropriées pour assainir la situation à tous les niveaux scolaires. Plus ça tarde à venir, plus la situation va empirer. Avec le risque d’une dégringolade de tout le système éducatif.
Il est encore temps pour intervenir afin d’extirper ce mal qui ronge la société mauricienne.
Suttyhudeo Tengur
Secrétaire PSTCCU